Si vous pratiquez le coaching depuis plusieurs années (et dans une moindre mesure si vous sortez tout juste de votre formation initiale), vous avez sans doute le désir d’offrir un coaching plus impactant, une prestation qui apporte du vrai changement à vos clients, qui provoque de franches améliorations.

Vous entendez parler parfois de « coaching puissant », avec des résultats importants, soutenus par une forte progression. Et vous vous demandez (cela m’est arrivé) si votre coaching est bien à son maximum, ou si vous ne pourriez pas encore progresser, en proposant un coaching plus profond. Ce point m’est souvent apporté en supervision par mes amis et clients coachs, qui aspirent à honorer leur vocation de faire grandir leurs clients.

Etes vous réellement un bon coach ?

La question n’est pas tellement de savoir si vous êtes un bon coach (parce que, rassurez-vous, c’est certainement le cas : du moins si vous êtes doué, que vous avez été bien formé, et que vous pratiquez régulièrement). Les bonnes questions à se poser pour progresser seraient plutôt :

Cet article, adossé à ma propre expérience et réflexion personnelle, va exposer une des conditions essentielles pour que votre coaching gagne en profondeur et en puissance (et donc en impact).

Le résultat du coaching ne dépend pas que du coach !

D’abord, il faut tout de suite préciser, que les meilleures expériences de coaching sont surtout le fait de bons clients, plus que des bons coachs.

La preuve ?

Donc, il nous faut bien reconnaître que les résultats du coaching sont beaucoup fonction du client lui-même :

S’il n’y a pas tout cela, vous meilleures questions puissantes tomberont souvent à plat, et vous meilleurs « feed-backs dans le centre » ne toucheront pas le client profondément, qui n’a justement pas tellement investi le centre de son coeur.

On ne peut pas coacher un client malgré lui, ni aller au-delà de ce qu’il est capable de supporter dans l’instant. Soyons réalistes et humbles, notre prestation n’est qu’un « accompagnement » : on marche aux côtés du client, à son rythme, selon ses modalités, et on travaille sur ses sujets. Ce n’est pas nous qui produisons le résultat de la séance, même si nous y contribuons à l’aide de la conversation de coaching, qui apporte une facilitation de qualité.

Et la brusquerie n’apportera rien de plus que la douceur et le respect. Bien au contraire, plus on vise à proposer des prises de conscience puissantes (voir : « favoriser insight en coaching), plus il faut une bonne alliance, sur la base d’une écoute professionnelle et d’une relation authentique et paritaire. Ici, la douceur, la patience et l’ouverture obtiendront de bien meilleurs résultats que les agitations et les impatiences du coach, qui prétendrait « donner de l’énergie » au client.

L’art du coaching profond

L’art d’un grand coach, ce n’est pas de pousser ni de tirer le client, en faisant trop preuve d’enthousiasme, en offrant moult feed-back et suggestions créatives. Cela, ce sont un peu des « agitations de surface ». Certes pas inutiles, mais finalement assez « faibles », tant que le client ne s’empare pas sérieusement de sa séance.

En effet, toutes ces pratiques pourraient même laisser croire au client que sa séance est portée par le coach, alors que ce ne doit idéalement pas être le cas, si on veut un coaching profond. Le client est le sujet : donc à la fois l’auteur et l’acteur principal du travail sur lui-même qu’il a librement décidé d’entreprendre.

Si le coaching se réduisait aux diverses « coacheries » (et toutes les bonnes interventions de coaching en font partie : feed-back, questions, reformulerions, relances, etc…) ce ne serait pas grand-chose, et il n’y aurait pas besoin d’être coach pour faire cela, un formateur ou un bon communicant y suffiraient largement.

L’art du coaching c’est d’abord de créer les conditions relationnelles (et « vibratoires ») pour que le client descende de lui-même dans sa propre profondeur. Et pour cela, le coach doit en montrer l’exemple !

De là à dire que les séances profondes sont plutôt provoquées par des coachs « profonds », comme par capillarité, il n’y a qu’un pas… Ceci est probablement vrai, mais en fait cela dépend surtout du client, comme on l’a dit précédemment.

Créer les conditions de la profondeur du coaching

Alors, comment offrir au client un miroir propre, et une caisse de résonance subtile, qui l’invite à se glisser dans la profondeur de lui-même pour y puiser des ressources importantes ?

On l’a déjà évoqué dans d’autres articles sur ce site, il faut que le coach soit bien enraciné, à la fois dans ses propres sensations corporelles et dans la relation.

Pas question de rester perché dans sa tête, à penser à sa prochaine question, ou d’avoir la fantaisie de chercher à comprendre ce que dit le client (et encore moins d’analyser, ou pire : de penser à autre chose, en se laissant disperser par son propre mental incanalisé).

On n’est pas là pour comprendre quoi que ce soit. On est là pour permettre au client d’agir différemment, et peut-être de se comprendre lui-même différemment si cela peut l’aider à mieux passer à l’action (et c’est généralement le cas).

Donc, définitivement, le coach ne doit pas être dans sa tête, mais plutôt centré dans son coeur, en équilibre entre le corps et la tête.

4 niveaux d’écoute en coaching puissant

On l’a déjà dit, il y a 4 niveaux de profondeur de l’écoute professionnelle d’un coach :

Premier niveau d’écoute 

On écoute le contenu de ce que dit le client… et on en comprend le sens. Normalement, on est suffisamment intelligent et bien entrainé, donc on ne le fait pas répéter pour comprendre. On est bien attentif, on ne passe pas à côté des mots clés, et des signaux non verbaux qui les accompagnent. On comprend au quart de tour, souvent même au-delà de ce qu’il dit. Et on reformule et synthétise, quand c’est pertinent de le faire, afin de faciliter son élaboration.

En fait, on n’écoute pas trop fort ce que « raconte » le client, car c’est un mode descriptif où il récite ce qu’il sait déjà (sans doute pour se donner de l’élan, ou pour nous « nourrir », sans que cela ne crée vraiment une grande valeur nouvelle pour lui. A moins que ce ne soit pour se perdre lui-même et s’enfermer dans ses bavardages intérieurs, ressassant ses croyances et ses impossibilités. Cela tourne en rond, et tout le monde perd son temps…).

Au contraire, on écoute le processus (c’est-à-dire la forme du discours : les processus cognitif et la forme de son raisonnement, le choix des mots, les tournures sémantiques, l’intonation, l’élocution, et évidemment : les émotions sous-jacentes). C’est grâce à cette écoute décalée, qu’on descend naturellement au second niveau d’écoute. Cela permet d’entendre autre chose, que le client exprime sans le « dire » explicitement. Selon la formule consacrée, « on entend parfois tellement fort ce qu’il EST, qu’on pourrait presque entendre moins bien ce qu’il DIT ».

En fait, on écoute ce que le client dit, évidemment (ce serait stupide et irrespectueux de ne pas le faire), mais on n’y met pas trop d’énergie. On se fait confiance sur le fait que :

  1. on va comprendre sans effort particulier ;
  2. ce qu’il y a à entendre là, n’est pas le plus important. si le client savait déjà sa solution, il l’aurait déjà mise en oeuvre avec succès et parlerait d’autre chose dans cette séance. Bien au contraire, s’il en est toujours là, avec son problème, c’est que la solution n’est aps dans ce qu’il sait déjà et qu’il est en train de raconter… Pour le faire sortir du problème et accéder aux solutions, il va falloir le faire passer du mode « descriptif » au mode « élaboratif » !

Donc, on pratique une écoute un peu « flottante » (pas une écoute distraite, mais une écoute dont une bonne partie est absorbée par les niveaux de profondeur inférieurs).

Deuxième niveau d’écoute en coaching

Bien évidemment, le second niveau d’écoute, c’est l’écoute des émotions ressenties par le client, lorsqu’il s’exprime. C’est là une indication forte, à côté de laquelle il est utile de ne pas passer sans la prendre en compte. L’émotion donne un éclairage, qui nuance le propos, ou qui l’éclaire profondément.

Exemple : « je me suis cassé ».

Selon l’émotion sous-jacente du client, cette expression sémantique d’argot recouvrira plusieurs significations différentes possibles :

Bien évidemment, tout cela doit être entendu, et intégré par le coach, d’une manière intuitive et analytique, mais sans passer par l’intellect (on n’a pas le temps, et on n’en a pas besoin non plus). En revanche, comme c’est notre métier que de capter les subtilités et de savoir mettre des mots pour les expliciter, nous devrions être capable de modéliser et d’expliquer ce que nous percevons. Sinon, on reste relativement impuissant, et notre coaching parfois génial, manque de maîtrise et de régularité pour descendre vraiment dans la profondeur de l’être et de la relation.

Ainsi, on pourra ou non choisir de réagir, pour creuser en invitant le client à développer son ressenti.

Troisième niveau d’écoute pour un coaching profond

Entendant le sens des mots et des propos du client, prenant en compte ses émotions, nous allons aussi pouvoir écouter son « cadre de référence », c’est-dire le fonctionnement de son filtre mental.

Comment le client raisonne-t-il ?

Pas besoin d’analyser tout cela, mais il faut pouvoir l’entendre, si l’on veut pouvoir offrir des feed-back puissants, que j’appelle des feed-back dans le centre, ou des feed-back de pleine lune. C’est en reformulant ce qui est entendu à ce niveau logique là, que l’on a des chances de toucher à coeur notre client, créant ainsi à la fois une alliance authentique entre nous, et des effets puissants sur sa séance. C’est à ce prix-là que les clients les plus motivés connaîtront une forte progression, des résultats en rupture, et des améliorations consistantes. Toutefois, comme on l’a dit précédemment, ce n’est pas là seulement que se tient la puissance de l’effet coaching, même si cela y contribue.

Quatrième niveau d’écoute d’un coaching systémique puissant

En-dessous encore de ces trois niveaux, et là on s’approche encore un peu plus du centre de l’être, il y a le niveau de la relation systémique. A ce niveau, on écoute les impacts que le client a sur nous-même. Ce que nous ressentons au centre de nous-même et qui est transféré par le client. C’est ce que le coaching de l’énergie appelle le transfert énergétique ou écho systémique.

Si je me sens soudain fatigué, alors que je cultive un haut niveau de vitalité, cela ne vient peut-être pas de moi, mais de notre relation, dans l’instant. Une information m’est ici transmise, qui est ressentie comme une fatigue soudaine. Cela est un indice qui peut éclairer le discours du client. Peut-être provoque-t-il aussi cette fatigue chez les protagonistes de la scène qu’il évoque, ou bien est-ce lui-même qui s’épuise à échouer dans ce contexte ? Et dans ce cas, son environnement réagit, ce qui en retour lui pose des problèmes. L’art du maître coach consistera à montrer cela à son client, avec bienveillance. Mais ceci est fondamentalement confrontant et « impertinent » (c’est-à-dire que cela sort le client du champ de sa pertinence habituelle, puisque cela lui fait découvrir des aspects de lui et des effets qu’il provoque, dont il n’était pas conscient).

On peut ainsi également ressentir des états intérieurs multiples transférés par la relation que le client instaure avec nous. Par exemples :

Tout cela peut évidemment venir de soi-même, mais peut aussi être émané (ou transmis) par le client, tandis que la sensibilité du coach en perçoit l’impact (ou l’écho, la résonance systémique) en lui-même.

C’est pour cultiver cette écoute, fine et profondément généreuse, que le coach répartit son énergie dans les 4 niveaux d’écoute, au lieu de ne se focaliser que sur le premier. Un maître coach, écoute moins fort le discours de son client (premier niveau logique), même s’il l’entend et le comprend très bien, pour intégrer des informations complémentaires et plus subtiles, plus vraies, plus puissantes. C’est grâce à elles, qu’il pourra vraiment faire changer son client, au service des objectifs qu’il a élaborés en formulant sa demande.

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Aller au-delà des séparations de surface

Permettez-moi maintenant de vous offrir un peu de nouveauté, par rapport à ce que j’ai partagé jusqu’ici sur les « subtilités » du coaching. Cela me vient petit à petit, à la fois de ma pratique du coaching (depuis bientôt trente ans) et surtout de ma pratique spirituelle du Qi-Gong et de la méditation.

A force de réfléchir, à la fois sensiblement et concrètement, à l’approche non-duelle de la vie (taoïsme, tantrisme du cachemire, notamment, mais aussi métaphysique des profondeurs de l’Occident), j’en viens à faire des rapprochements évidents entre l’observation des pensées pendant la pratique méditative et l’observations des mouvements du mental pendant un coaching.

C’est naturel, de voir des liens entre les deux, parce que la vie n’est pas clivée de façon étanche entre d’un côté le monde professionnel, profane et horizontal, et de l’autre côté l’orientation spirituelle, qui serait verticale et intérieure. Les deux sont forcément liés, comme les deux facettes d’une même unité.

Plus on est vrai dans sa pratique, plus les frontières s’estompent, et les choses se rejoignent d’elles-mêmes. Alors le coaching (ou la supervision qui est proposée aux coachs) s’affine et s’approfondit. Non seulement on pratique plus subtilement et plus intensément, mais on peut aussi en parler plus précisément. C’est donc ce que je vais essayer de faire maintenant…

D’où viennent les problèmes de nos clients ?

On l’a déjà exprimé dans un précédent article sur l’origine des problèmes, dans la vie les deux sortes de souffrance que nous endurons sont toujours liées à la pensée.

Ainsi, ce n’est pas tant nos douleurs physiques qui nous posent problème, que les histoires que nous nous racontons à leur propos :

La souffrance psychologique est liée à la pensée, et c’est donc elle qui nous cause de plus grands torts que la situation objective (qui peut en effet être plus ou moins difficile ou désagréable).

L’origine de la souffrance

Nos problèmes viennent d’un prémisse mental, que nous ne pouvons remettre en question puisque nous ne le voyons pas : il s’agit de la fausse croyance que nous nous réduisons à ce petit personnage séparé du grand Tout.

Bien sûr, il y a ce corps, auquel on a coutume d’attribuer une identité sociale (sexe, âge, conditions diverses physiques, caractérielles et sociales).

Et ce petit animal qui est né un jour, mourra un autre jour, dans plus ou moins longtemps. C’est certain et ce n’est pas si grave que ça en a l’air quand on se prend pour son corps.

Entre les deux bornes de sa vie, il connaîtra forcément diverses tribulations, qui seront diversement appréciées en agréable/désagréable, gratifiant/ingrat, facile à vivre/difficile à supporter, satisfaisant/frustrant, etc… On n’y peut rien, c’est comme ça, c’est la vie. Et ce n’est pas plus un problème de mourir que de naître, d’être malade qu’être en bonne santé.

Dans le fond, les deux polarités de l’expérience sont intéressantes à explorer, les deux nourrissent et densifient notre conscience.

Le problème, ce n’est pas d’être un individu, qui prend place dans la Relativité, au sein de la Dualité. Dans le fond, le vrai et seul problème, c’est de croire que cet individu serait « séparé » de l’Unité dont il est en fait une cellule indissociable.

Eh bien, c’est cette fausse prémisse, qui est la cause de toute souffrance. Si nous ne voyons pas ce prémisse originel (dont nous sommes tous sont victimes), comment pourrions-nous proposer au client de voir son cadre de référence, alors que nous ne voyons même pas les fondements et la structure du nôtre ? Par principe d’alignement, il nous faut mettre en pratique l’introspection profonde sur nous-même, pendant que nous la proposons à notre client. Sinon, il y aurait une sorte de « voyeurisme » malsain, ou de prétention hautaine, à regarder nager le client dans sa piscine, tandis que tel un Maitre nageur, nous resterions tout secs sur le bord de la piscine. Bien au contraire, il nous faut l’humilité et l’honnêteté d’oser en miroir une démarche en nous-même et avec le client, analogue à celle que nous lui proposons. C’est de cela dont il s’agit surtout dans un coaching profond aux effets puissants, en deçà et au-delà des « coacheries » de surface.

Nota : ce n’est pas moi qui ai fait cette découverte tout seul, Siddharta Gautama l’a chanté de mille manières il y a plusieurs siècles, et cela a permis depuis à de nombreuses générations de s’éveiller spirituellement. Cela dit, il est toujours intéressant d’actualiser la vision des grands penseurs, pour la ramener à notre dimension, à notre époque, dans le champ de nos préoccupations. En l’occurrence, pour nous les coachs, faire le lien entre la spiritualité et notre pratique professionnelle, qui fait partie intégrante d’une vie complète et équilibrée.

Une écoute non duelle, est le secret…

Bien sûr, on l’a dit, il faut écouter nos clients et aux 4 niveaux de profondeur plutôt qu’au seul niveau le plus superficiel du contenu explicite du discours.

Bien sûr, on écoute ainsi davantage le processus (3 niveaux du dessous), que le contenu.

Mais surtout, pour offrir un coaching puissant et profond à nos clients, il est intéressant de s’enraciner soi-même dans une écoute non-duelle (de soi, de l’autre et de la relation) et offrir ainsi un miroir réellement non déformant à notre interlocuteur.

Si je me crois moi-même séparé du tout, je me sens limité et périssable. Donc je ne suis pas serein, j’ai peur, je suis envieux, agité. Et évidemment, je vois l’autre comme tel également, et la relation entre nous est forcément précaire et superficielle. Chacun est perçu avec les limites de sa finitude. Sa vulnérabilité extrême et sa précarité sont au premier plan de notre vision de la situation.

Avec une telle représentation du monde, quels que soient les problèmes que le client rencontre, ils apparaissent forcément comme incontournables (et c’est exact puisqu’ils sont là), et plus ou moins sans solution (puisque ce qui est là est en soi une conséquence d’autres paramètres, antérieurs et environnants). Que peut-on y faire, à part constater et assumer ? On pourrait prétendre qu’on va changer la réalité ensemble, en croyant pouvoir se placer à l’extérieur de celle-ci (alors qu’elle nous contient évidemment)… Ce n’est pas là la bonne posture pour coacher efficacement les transformations désirées par le client, qui souhaite pourtant sincèrement prendre sa vie en mains et accomplir sa destinée dans sa meilleure version.

Si en revanche, on change notre propre regard sur la réalité, reconnaissant profondément que tout est lié, que chaque chose est une manifestation du Tout, et que rien n’est séparé ou isolé, malgré les apparences, alors on peut agir sur la réalité, à laquelle on reconnaît adhérer intrinsèquement. On peut alors recouvrer notre dignité, notre liberté, avec un relatif pouvoir d’action.

Cette adhésion inconditionnelle à ce qui est, repose sur une perception non-duelle et un positionnement intérieur qui en découle (humble et pragmatique à la fois).

Entraîner le regard non-duel

La difficulté pour exercer un regard non-duel, (ou une écoute non-duelle, ce qui est peut-être encore plus difficile) c’est que nous sommes totalement habitués à tout voir selon un mode duel, au point de ne plus pouvoir même imaginer ce que serait un regard d’unité.

Au sens propre, ceci est impossible à « comprendre », parce que la qualité de présence qui s’élève dans la conscience, quand on se replie en amont du mental, ne peut justement pas faire l’objet d’une expérience mentale. Quoi que très simple et naturelle, elle ne peut être un des contenus ordinaires du mental, puisqu’elle se situe en dehors de la matrice mentale dualiste, justement dans l’unité.

L’unité, la conscience au-delà de la dualité, nous y plongeons pourtant tous les soirs, quand nous quittons tout, pour nous plonger dans le sommeil.

Là, nous quittons nos représentations de nous-même, pour embrasser une expérience totalement différente, dans un état de conscience modifié tout-à-fait naturel, celui du sommeil.

Selon la tradition millénaire de l’Inde classique, il y aurait 4 états de conscience :

Alors, précisément, ce qui nous intéresse ici, c’est l’état de conscience au réveil, juste avant de reprendre notre identité sociale, quand nous sommes juste conscient, sans encore nous identifier, ni nous « approprier » quoi que ce soit (mon corps, ma vie, mes vieilles blessures d’âme, mes frustrations, mes désirs, mes priorités, mes objectifs du jour, etc…).

Imaginez-vous, au réveil, les yeux fermés, au sein de votre corps encore détendu, regardant en quelque sorte à travers les yeux de la conscience, depuis l’intérieur du corps, comme si celui-ci n’était qu’un vêtement déposé inerte dans les draps. Votre regard et la vue qu’il embrasse sont parfaitement dénués d’identité, c’est comme s’il n’y avait personne pour voir ce qui est vu. Et pourtant, il y a une expérience évidente : la vue qui se déploie d’elle-même.

Alors, tandis que le corps est perçu à la surface de la conscience, sans se l’approprier et sans y prêter plus d’attention que cela, vous vous contentez d’être… Être là, avec juste la conscience de « je suis », sans autre qualificatif…

Il y a bien sûr la respiration, qui respire sans que vous ayez besoin de vous en occuper. A l’inspire, il y a comme quelque chose qui s’expanse, et à l’expire qui se concentre, mais cela ne concerne en rien le « petit moi » ordinaire, pour lequel on se prend par habitude.

Dans quelques instants vous vous lèverez et irez probablement à la salle de bains. Mais avant cela, juste quelques secondes encore, avant d’investir vos représentations habituelles du monde, de vous-même et des choses à faire, vous êtes simplement là, jouissant de la vie, sans objet et sans sujet. C’est juste la « vie-unité » qui se réalise elle-même, sans besoin de personne pour la définir et se l’approprier faussement.

Cela est un aperçu du regard non duel porté sur la vie (incomplet et maladroitement suggéré probablement, un peu comme un doigt qui pointe vers la lune : il faut tout de même un peu d’imagination pour diriger le regard vers ce qu’il pointe au lieu de simplement regarder le doigt lui-même…). C’est comme si derrière l’avant-plan de la conscience, il y avait un arrière plan, toujours disponible, vaste et frais, qui n’est pas altéré par les agitations de l’avant-plan. Comme le fond de la mer reste immobile, tandis que la tempête fait rage en surface. Ce regard sans référence, sans comparaison, sans préférence non plus, est le regard non-duel que nous pourrions offrir à nos clients en coaching…

Comment faire concrètement en coaching ?

Alors, revenons justement à la situation de coaching, dans laquelle nous aimerions bien offrir un miroir profond et non déformant à notre client, pour qu’il se réconcilie avec sa nature profonde essentielle, au lieu de s’auto-saboter en nourrissant des faux problèmes

Vous n’allez certes pas lui tenir un discours avec des tremolos dans la voix sur la non-dualité et la vanité de ses préoccupations au regard de « l’Unité éternelle » 🙂

Vous allez plutôt faire votre job de coach, en l’écoutant depuis l’état de présence le plus simple. Mais vous allez l’écouter avec cette fraîcheur intense du regard non-duel, dont nous parlions à l’instant. Sans rien vous approprier, sans vous projeter dans la situation. Ce n’est définitivement pas « votre » coaching, mais celui du client. Ce dernier ne vous appartient pas, il est unique et parfaitement libre (quoi qu’il en pense lui-même quand il se prend pour son petit personnage). Pour autant, vous n’êtes pas indifférent. Au contraire, vous adhérez à ce qui est là. En quelque sorte même, cet individu est comme un autre vous-même, et vous le comprenez intimement.

Ce n’est qu’au prix de cet exercice-là qu’il n’émanera de vous aucun « jugement », ni aucune distance inopportune.

Au contraire, avec cette candeur, vous verrez en l’interlocuteur une expression de l’Unité, une individualité parfaite avec ses imperfections, un frère humain ou une soeur dans la vie, tout simplement. Vous verrez à la fois ses potentiels de maîtrise ultime, et les aspirations légitimes de l’enfant qu’il ou elle a été. Vous vous émerveillerez de toute cette profusion d’énergie et de créativité dont a fait preuve la Vie pour arriver jusqu’ici, en se manifestant à travers cette individualité totalement singulière. (Malgré les apparences, elle ne ressemble à personne, elle est totalement nouvelle, à chaque instant, comme tout ce qui est).

« Réussir » votre coaching, trouver la prochaine bonne question, maitriser telle ou telle technique de communication, gagner vos sous, et même satisfaire le client, sont autant de préoccupations parasites qui seront naturellement reléguées très loin de vous, concentré que vous êtes dans la qualité de présence, sans sujet et sans objet.

Sinon, à défaut de cette ouverture maximale, même en étant ouvert d’esprit, conciliant et accueillant de la diversité, il y aura toujours entre vous et le client : votre propre filtre mental, vos idéaux, vos préférences, vos a priori divers, et évidemment toutes vos « croyances », non vues mais bien réelles et agissantes malgré vous. Et donc il y aura des jugements involontaires et inconscients, qui viendront diminuer la profondeur de champ de votre coaching ! en fait même, votre regard dualiste confortera le client dans le sien, et vous serez dès lors tous deux dans une complicité vous renforçant mutuellement dans l’emprisonnement mental. Quoi que très banal et ordinaire, cela doit être vu si on veut se libérer de ce cycle infernal. La profondeur dont je parle, vous l’avez compris, est une profondeur ultime, qui libère du poids de la dualité, sans la dissoudre pour autant.

En effet, le représentations mentales de la réalité et les postures associées ne vont pas disparaître au prétexte que vous accèderiez à une regard plus vaste et complémentaire. Mais si tout ce fatras intérieur est vu depuis l’arrière plan de la conscience, il est en quelque sorte débranché, rendu inopérant, au moins pendant la séance. Et vous voilà alors, qui écoutez et relationnez depuis cet arrière plan, en pleine conscience de l’instant présent, pour le plus grand bénéfice de votre client, qui n’aura peut-être jamais été considéré comme ça (j’ai déjà évoqué sur ce site ces 2 niveaux de conscience en coaching). Il faut admettre qu’un tel regard et une telle écoute sont plutôt rares.

Et, à moins de vivre lui-même de tels états, le client ne s’en rendra vraiment compte, si ce n’est peut-être au travers d’une impression de simplicité chaleureuse et directe, qui s’élève discrètement au sein de la relation de coaching. Celle-ci lui semblera tout de même un peu particulière. Mais de la part d’un/d’une coach, qui s’en étonnerait ?

Supervision de coach

Ceci n’est pas si difficile, mais évidemment, on ne vous l’a pas appris dans votre formation. Il fallait bien d’abord poser les bases. Cela dit, maintenant que vous les maîtrisez, certains d’entre vous aimeraient peut-être aller plus loin dans leur expérience et se perfectionner en coaching.

Même dans nos formations expert en coaching de l’énergie, nous ne l’abordons que sur la pointe des pieds. Parce que c’est très personnel et parce que nous ne voulons imposer aucune théorie, et aucun dogme. Nous avons trop de respect pour les individus pour prendre le risque d’induire quoi que ce soit à ce propos. Ce n’est qu’au détour d’un débriefing d’exercice, ou de quelque article, que nous évoquons parfois ce plan de non-dualité, sous-jacent à la conscience ordinaire.

Donc si vous voulez explorer cela en coaching, alors que vous en faîtes peut-être déjà l’expérience en méditation ou sur votre tapis de yoga, il sera plus efficace de travailler cette dimension subtile en supervision individuelle. Je pourrai alors mieux me concentrer sur l’individu que cela concerne, sans ennuyer les autres qui trouveraient ces considérations un peu trop « perchées » (comme aiment le dire ceux qui ne comprennent pas encore. C’est tellement plus confortable de dénigrer ce à quoi on n’accède pas encore, en le qualifiant de fumeux…Mais attention : c’est aussi la meilleure façon de stagner, au lieu de s’ouvrir au véritable progrès, qu’on pourrait qualifier de « progrès de niveau 2 » parodiant l’école de Palo Alto).

Il faut reconnaître que des progrès techniques en coaching, on peut en faire plein, avant d’aborder ce degré de subtilité dans l’écoute. Ainsi la supervision sera-t-elle une aide précieuse, pour repérer et utiliser les échos systémiques, éviter les erreurs de positionnement et de posture, les jeux relationnels, les glissements déontologiques, etc..

A titre d’exemples, l’article suivant qui traite aussi de profondeur dans le coaching, vous propose deux extraits de séances de supervision, qui illustrent comment concrètement un coach peut travailler sur lui-même en séance avec son client, pour accompagner ce dernier sur les chemins de sa propre profondeur… (« Donner de la profondeur à ses coachings, en se reconnectant à la profondeur de soi-même…« ).

Confrontation et impertinence, cela s’apprend !

La supervision pourra vous aider à cultiver la posture qui favorise le regard non duel. En séance avec moi, vous verrez clairement comment devenir plus impertinent, en vous décalant par rapport à la demande du client, pour mieux la servir en la décadrant. Vous verrez aussi comment confronter plus fort et plus vite, afin de gagner un temps précieux, au lieu de vous laisser balader et de perdre ainsi un temps précieux. Vous gagnerez ainsi la réputation d’être un coach pas si cher que ça, alors que vos tarifs seront élevés, parce que vous accompagnerez les transformations en peu de séances pour des résultats importants et rapides.

La capacité à confronter avec tact, douceur et impertinence demande un peu de courage et de malice, mais dans le cadre du coaching, ces derniers prennent en fait leur source dans la conscience de l’instant présent. L’instant présent, qui n’est autre que la Présence que nous sommes quand nous cessons de nous agiter à l’avant-plan de la conscience… Le fait de nous observer nous-même en train d’observer, tandis que nous écoutons attentivement le client, le fait de nous voir en train de voir, nous propulse dans un autre plan qui procure une liberté de regard et d’action, qui va au-delà de simples réactions. Les réponses qui émanent de nous dans un tel état, sont effectivement puissantes et ont parfois la capacité de percer la carapace mentale du client.

Travail sur soi indispensable

De quoi parle-t-on en coaching, quand on parle de travail sur soi ?

A mon avis, on parle de trois aspects complémentaires :

Le premier aspect répare l’égo, le deuxième le développe et l’harmonise. Seul le troisième le déconstruit pour le dissoudre (et ainsi accéder à une véritable perspective non-duelle, consciente des sous-jacents métaphysiques qui sous-tendent la vie).

Travail sur soi en profondeur

Alors, oui, quand vous allez en formation au coaching ou quand vous adhérez aux diverses fédérations, les formateurs et les coachs seniors vous parlent de travail sur soi…

Mais à quoi font-ils référence ? La plupart du temps, aux deux premiers aspects du travail sur soi probablement. Parce que le coaching a d’abord été investi par les psys et les formateurs du « développement du potentiel humain ».

Mais peu à peu, chacun se spiritualise, à sa manière et à son rythme. Et la pointe de la vague amène progressivement le métier vers un coaching plus « spirituel » (sans amalgame avec des sectes évidemment, et sans se référer non plus à des courants religieux divers, même si tous sont susceptibles de nous inspirer par un aspect ou un autre à un moment ou un autre).

Pour ma part, depuis ma propre expérience, depuis ma propre autorité dérisoire de petit bonhomme haut comme trois pommes, je suggère que le troisième aspect du travail sur soi, en est la finalité, et qu’avec les deux premiers, on n’a fait que le tout début du chemin, qui n’est tout de même pas grand-chose.

Oui, le coaching est un acte sacré. Le pratiquer correctement relève du cheminement de toute une vie, et c’est bien ainsi. Plus on progresse, plus cela nous rend humble et exigeant envers nous-même.

Avis aux ténors conférenciers, et aux « stars » du coaching, qui ne trompent personne, malgré leurs talents évidents. Le coaching n’a en fait pas grand-chose à voir avec le talent, c’est un « mystère », une « Magie de la Relation », qui opère presque malgré nous, quand on s’efface suffisamment, et qui relève plus du « Non Nobis » et du retrait de soi, que de la mise en oeuvre de compétences diverses (voir à ce sujet : « L’esprit du coaching« ).

Evidemment, il ne s’agit pas de ne « rien faire », mais plutôt de ne « faire : rien », ce qui est très différent, et relève justement d’un long travail sur soi. Je veux bien qu’on appelle cela du talent, mais ce n’est que du dévouement. L’amour du métier et de la vie, qui fait qu’on s’adonne à son art, sans rien en attendre, sinon simplement de gagner sa vie, en créant autant de valeur que possible pour nos clients.

Bonne route à vous, et peut-être à bientôt…

Nota bene : Il est de bon ton, que les coachs s’excusent de leur position méta, en prétextant fièrement qu’ils sont « feignants ». C’est d’abord amusant, parce qu’on se dit : « Ohlala, le malin, qu’on paye cher à ne rien faire 🙂 ». Puis à la répétition, cela devient agaçant, parce que c’est doublement faux :

Sans orgueil mal placé, je préfère assumer simplement que le coaching est un chemin de vie, et que plus on le pratique plus on accède à des paliers, qui requièrent une attention à la fois vaste et aiguë, et un engagement total pendant la séance. Je ne vois ici pas où se trouverait la fainéantise. En revanche, j’admets volontiers que cette simplicité est très difficile, autant que peut l’être la maîtrise d’un art martial par exemple.

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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