A l’évidence, il y a deux sortes de souffrance. Tout un chacun peut en faire chacun l’expérience directe :

Un combat perdu d’avance

Vous serez probablement tous d’accord pour admettre que nous faisons tous sans exception l’expérience de la limite et des contraintes liées à la dualité de l’existence.

Etes vous Absolu ? Evidemment pas !

Donc dans le monde, tout ce que l’on voit semble limité et périssable, du plus petit au plus grand. C’est ainsi :

Au-delà des apparences

Quant à vous, ce que vous êtes vraiment, au-delà des apparences, personne ne peut rien en dire, sauf à le restreindre et à se tromper probablement. Dans ces conditions, il y a un sujet (vous) qui ne peut pas se penser ni se représenter sans se réduire, et qui vit l’expérience de la limite, de la séparation et de la perte. Cela s’appelle communément : la souffrance ! (Vous aimiez quelqu’un qui vous quitte, vous aviez cette belle maison qui est détruite, cette belle relation qui se distend, ce super job que vous perdez, cette belle vitalité qui s’étiole, cette belle silhouette qui s’affaisse, etc…) Ceci est inévitable et chercher à s’en exonérer, à passer entre les gouttes en espérant ne pas être mouillé, en espérant résister au changement, pour ne pas en souffrir… C est une aberration, un combat perdu d’avance.

La souffrance psychologique

Mais regardez autour de vous, c’est l’attitude « normale » que de chercher à prolonger le plaisir et fuir la douleur. Cette attitude provient d’un manque de lucidité, mais elle n’est pas sans conséquence, car chercher à éviter l’inévitable provoque un second niveau de souffrance, plus douloureux encore que le premier ! Développons : A côté et en dehors de ce que nous sommes vraiment, nous créons mentalement une image de nous-même, dont nous décrétons que ce personnage (que nous prenons pour nous-même) ne devrait pas souffrir. Nous nous imaginons être cette image, ce « moi », cet ego, cette personne (qui n’est justement personne en fait, puisque ce n’est qu’une représentation mentale et non pas le réel). Et à chaque fois qu’il lui arrive quelque chose, nous réagissons émotionnellement, parce que nous pensons, que cet évènement ne devrait pas avoir lieu, pas comme ça, pas à nous… Il faudrait que les choses se passent autrement. Nous refusons sans cesse ce qui est, et nous voudriez toujours autre chose que ce qui est.

Ne pas lutter contre l’inéluctable

Or ce qui est, ne peut pas ne pas être. Le combat est donc vain, comme nous l’avons déjà dit. Mais ceci est la seconde des deux sortes de souffrance : la souffrance psychologique ! Prenons un exemple. Supposons que suite à un choc accidentel, votre genou souffre d’une inflammation : vous ressentez normalement de la douleur (réaction nerveuse normale, en relation à une situation corporelle, mécanique et chimique). C’est la première des deux sortes de souffrance. Elle est utile, parce qu’elle est un indicateur qui vous permet de cesser de faire du mal au corps et de le soigner. Maintenant, au moment où vous réagissez psychologiquement à la douleur réelle, en vous racontant une « histoire » du type  :

Et si c'était le moment pour vous lancer ?

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Allez hop, c'est parti !

La seconde souffrance

La réaction émotionnelle à ces pensées aberrantes (mais « normales ») est la seconde des deux sortes de souffrance dont nous parlions précédemment, et qui, elle, est parfaitement gratuite, et relativement évitable !

Respecter la souffrance

La souffrance psychologique est souvent encore plus douloureuse que la souffrance physique. Elle est peut-être évitable, mais ce n’est pas pour cela qu’elle serait absurde ou méprisable. Elle mérite de la considération autant que l’autre (ou aussi peu, tout dépend de quel point de vue on se place) :

Mais tant qu’on est pris par ce double jeu de souffrances superposées, sans en voir le processus artificiel, on est identifié au personnage que nous croyons être (comme le rêveur se prend pour les personnages de son rêve, alors que dès qu’il se réveille, la chimère s’évapore…) et on souffre fort longtemps…

En revanche, dès lors que le processus est vu une fois, le voile commence à se déchirer et inexorablement, l’illusion s’effondre peu à peu (voir à ce sujet notre article : « l’éveil spirituel est une expérience ordinaire »).

Coaching de la souffrance ?

Le coaching que vous offrez à vos clients ne peut pas les aider à éviter la première des deux sortes de souffrance (et ce n’est peut-être même pas souhaitable) mais éventuellement à se soulager de la seconde, qui alourdit le jeu, le rend opaque et confus, au point parfois de virer à la folie ordinaire. Pour accompagner des individus à s’émanciper de cette maladie mentale commune, la moindre des choses serait de vous en guérir vous-même, au moins partiellement (principe d’alignement).

A minima, vous devez voir le processus en vous-même, pour ne plus en être totalement dupe et vous réveiller de cette vie chimérique (voir à ce propos : s’éveiller de l’état de veille).

Comment un rêveur endormi pourrait-il réveiller un voisin victime d’un cauchemar ? Il faut d’abord qu’il se réveille lui-même, non ? …

Coaching : un chemin d’éveil

Le coaching étant un processus d’éveil, le pratiquer une expérience d’éveil. En faire son métier pourrait même être un chemin d’éveil spirituel… C’est là, où le coaching, sans arrogance ni prétention, est finalement très exigent, l’air de rien. Pour moi, c’est un chemin de vie, solitaire ET solidaire :

Engagé dans le retrait

Autre version de ce paradoxe : dans le coaching, vous ne pouvez être que totalement engagé… dans un processus de retrait :

Votre engagement auprès de votre client quand vous l’accompagnez vous fait ressentir de la compassion, de la fraternité ou de l’amitié peut-être, et par empathie vous ressentez en vous un écho de ce qu’il ressent. En fait : cela vous implique tout de suite, mais cela ne vous concerne pas ! Dès lors, puisque vous êtes impliqué à ses côtés, vous vivez un échantillon de sa douleur, mais puisque cela ne vous concerne pas personnellement, vous pouvez ne pas mettre en place la deuxième sortes de souffrance. Vous pouvez rester avec la sensation, vous laisser travailler par la question sans vous précipiter sur la réponse, vous pouvez demeurer dans votre nature essentielle, tranquille, tandis que cela souffre en vous et en l’autre. Dans cet accueil de ce qui est là, il y a reconnaissance, partage, solidarité sans mot, et processus de recouvrement de la dignité, thérapie, guérison, mieux être, etc… Il n’y a pas grand chose à faire pour cela. Rien en fait, juste à être aux côtés du client. Bien sûr, vous dites des mots, vous partagez la conversation de coaching (si vous étiez boulanger, vous feriez du pain, mais comme vous êtes coach vous « conversationnez » en mode coaching). Mais ce qui compte ce ne sont pas tellement les questions et autres reformulations futées que vous offrez éventuellement quand vous êtes en grande forme. Ce qui crée l’effet coaching, c’est surtout la relation qui se tisse à travers la conversation de coaching. C’est cette relation qui prend soin de l’être : du client comme du coach. Les deux sont sous l’effet positif d’une relation saine qui ne tente pas de fuir, et qui accueille donc simplement ce qui est là. Cet accueil opère un soulagement immédiat de la tension engendrée par la résistance psychologique.

Souffrir ensemble, tranquillement

Pour ne pas souffrir pour rien, acceptez de souffrir tranquillement. Puisque la première des deux sortes de souffrance est inévitable, le plus raisonnable ne serait-il pas de l’accepter ? Dès lors, pourquoi s’agiter, puisqu’il suffit de constater ce qui est… Observer les phénomènes, extérieurs et intérieurs, lesquels sont en écho les uns par rapport aux autres. Rester tranquille, et expérimenter, accueillir. Pas analyser, et manipuler des concepts pour comprendre et expliquer : ce serait une sorte de fuite dans la tête. Non, au contraire : rester dans le corps, juste « voir », « ressentir », pour rien, juste parce que c’est là. Alors, la sensation se diffuse, elle change de forme et se dissout progressivement.

Attention, quand on parle d’une démangeaison superficielle, cela se diffuse parfois en quelques secondes, mais quand on parle d’un deuil ou d’une amputation, ça « pique » évidemment un peu plus longtemps 🙂 Mais on n’est pas pressé. Qui a dit qu’il fallait que ça passe vite ? Le mieux est donc de rester tranquille.

Et surtout vous, coach, restez tranquille, sinon votre agitation amplifiera celle du client et vous lui rajouterez de la souffrance. Comme un bouton que l’on tripote, cela ne fait qu’enflammer et infecter davantage. Ce dont votre client a le plus besoin, c’est de retrouver sa tranquillité. C’est d’elle que surgira la solution, c’est en elle qu’il puisera ses ressources. Il verra qu’il n’est pas le contenu de son mental, pas plus qu’il n’est les personnages à l’écran quand il va au cinéma.

Ce qui voit pas ce qui est vu

Il va s’apercevoir qu’il est le regard qui voit, et non pas la souffrance qui est vue. Mais pour cela, il faut un peu de calme. Ce calme là, qui lui manque au sein de son processus de souffrance, c’est justement ce que vous allez lui apporter en partageant ce que vous êtes, un espace vaste, qui accueille ce qu’il refuse. Et cela apporte la tranquillité majeure… à tous les deux ensemble, chacun à sa juste place.

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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