Coaching systémique : comment envisager le coaching dans sa dimension globale systémique, au-delà de la vision linéaire, consistant à croire que le coaching se limite au contenu de ce qui est dit au travers de quelques pauvres séances ? Commet repérer et utiliser les échos systémiques ? Comment envisager le coaching dans une acception plus vaste que le pur et dur « travail sur les objectifs » ? Où situer le coaching systémique dans une écologie globale de l’être humain…
Le coaching systémique – définition
Le coaching systémique est fondamentalement le coaching du client considéré lui-même comme un système, et appréhendé dans ses interactions avec d’autres systèmes de son environnement. Expliquons-nous : Le client est un système, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interactions au sein d’une même unité de logique, qui donne une cohérence à son tout. Cette cohérence est relative et provisoire. Si elle est nécessaire pour offrir de la stabilité, elle doit pouvoir aussi s’adapter pour faire face aux changements de l’environnement. Le coaching systémique envisage les moyens habiles de cette stabilité et de ces ajustements.
3 principes du coaching systémique
- Le principe de totalité : le tout est plus que la somme de ses parties. Comprendre un système dans sa totalité, c’est dépasser l’analyse séparée de ses éléments constitutifs.
Imaginez un instant que pour comprendre le paragraphe ci-dessus, nous le découpions d’abord en phrases distinctes, ensuite en mots séparés, et enfin en lettres. Pour être efficace, il serait ensuite utile de regrouper les lettres similaires, et pourquoi pas enfin les réorganiser par catégories en tenant compte par exemple de leur hauteur et/ou de leur largeur afin d’attentivement les étudier et ainsi acquérir une certaine expertise sur leur qualités intrinsèques.
Cette approche caricaturale illustre clairement que le sens d’une partie d’un ensemble est immédiatement perdu dès que l’on sort cet élément de son contexte. Au-delà du paragraphe en question, de la page sur lequel il figure et même du livre dont cette dernière pourrait faire partie, le sens des mots ci-dessus n’existe qu’au sein d’un contexte. Celui-ci comprend un cadre de référence collectif, par exemple « la culture française », qui peu ou prou véhicule une communauté de sens attribués à un ensemble de signes, organisés en mots, eux-mêmes en relation. Segmentés et pris hors contexte, ces « signes » ne ne signifient plus rien. Ils ne veulent rigoureusement plus rien « dire ». Par conséquent, si une approche fragmentaire ou « par segmentation » peut paraître efficace aux yeux de « scientifiques » ou d’experts, elle peut expliquer sans trop de difficultés la raison évidente pour laquelle notre société aboutit à un certain nombre d’impasses relativement coûteuses.
- Le principe d’homéostasie : tout système tend se maintenir stable. Un système est régi par des mécanismes de régulation qui lui permettent de se maintenir à l’identique, même lorsque l’environnement change (il en va ainsi de votre réfrigérateur qui maintient les aliments à la même température quelles que soient les variations de température à l’extérieur). Ces régulations permanentes permettent au système de survivre.
- Le principe d’équifinalité : La structure actuelle des interactions au sein d’un système explique mieux son fonctionnement que son histoire passée. Ce n’est donc pas tant la recherche des causes antérieures qui aidera à résoudre un problème donné que la clarification des modes actuels de fonctionnement ou dysfonctionnement du système où il se produit.
Améliorez vos compétences de management avec un coaching individuel : développement personnel, ajustement de posture, meilleure compréhension de l'environnement. Cliquez pour plus d'informations.
En savoir plusLe coach et le client font système
Dans la perspective du coaching systémique, le coach n’est pas extérieur au système client, il en fait partie intégrante et en représente même un atout. Bien sûr le coach n’est pas un « intime » du client : il ne fait pas partie de son équipe, il n’est pas un ami ou un membre de la famille… Mais le coach est un « influenceur positif », une ressource que le client sollicite délibérément pour qu’elle stimule sa réflexion et les ressorts de sa dynamique interne de progrès. C’est en étant engagé chacun au coeur de la relation de coaching que le client et le coach provoquent l’effet coaching, grâce au miroir offert à l’un par l’autre.
Dans cette perspective, le coach reconnaît en lui les résonances avec différents éléments du système client. Par exemple : le thème évoqué par ce client peut concerner le coach, qui peut vivre ou avoir vécu des situations analogues dans sa propre vie.
Un tel phénomène de « reflet systémique » peut survenir et être identifié par le coach comme un miroir à tendre à son client (un reflet systémique est le renvoi du tout dans chacune des parties de ce tout). C’est donc dans la situation présente, que se joue l’effet coaching. Pendant la séance, lorsque le client expose son cas et illustre les difficultés avec lesquelles il est aux prises, celles-ci s’illustrent dans la relation au coach. Exemples :
- Le client ne trouve pas d’issue, et se sent impuissant à imaginer d’autres options.. et le coach ne trouve pas non plus de bonnes questions et se sent impuissant à créer de la valeur
- Le client est agacé par ses collaborateurs… et il s’agace aussi après son coach, ou bien il agace son coach, ou bien il craint d’agacer le coach. Bref l’agacement s’immisce aussi dans la relation !
- Le client est super créatif, il trouve la séance très productive…et le coach se sent bien, propose de bonnes pistes, il prend lui aussi plaisir à cette séance
En les remarquant, le coach peut agir sur les échos systémiques en les montrant au client. Le client dès lors peut s’en déprendre, et envisager sa situation autrement, apercevoir d’autres perspectives qui offrent d’autres options de solutions.
Synchronicité et coaching systémique
Des événements sans lien apparent, mais survenant au même moment ont déjà ce point commun temporel. Le fait de les rapprocher les uns des autres, peut faire émerger un sens qui éclaire les deux d’une perspective nouvelle. Il ne s’agit pas là d’une façon mystique de voir des signes partout, mais simplement d’utiliser tout son environnement pour se laisser inspirer par des intuitions appartenant à un autre régime que celui de la rationalité ordinaire.
Comment agit le coaching systémique ?
Justement par l’interaction.
- Tandis que le client élabore à voix haute des solutions pour atteindre ses objectifs en dépassant ses difficultés, le coach repère les limites de son cadre de référence et propose à la fois des feed-back consolidants et des questions décalées pour challenger ce cadre et permettre au client de s’ouvrir à de nouvelles ressources et de nouvelles options de solutions.
- Sensible aux échos systémiques, le coach cherche à incarner le comportement cible que cherche à acquérir son client, dans la relation de coaching, au sein même de la séance, en quelque sorte pour entraîner le client, l’embarquer dans la spirale vertueuse qu’il recherche… En fait, c’est en se changeant lui-même, que le coach permet au client d’opérer en lui les changements qu’il désire. C’est pour cela que cette prestation sollicite intensément le coach, qui n’en sort jamais indemne… (mais meilleur, grâce au travail personnel que lui a permis de faire le client !)
Le coaching systémique, agissant au coeur de la relation end e la séance, ici et maintenant, va ensuite infuser entre les séances, quand le client distille et digère ce qu’il y a vécu de profond. Egalement, lorsque le client met en oeuvre le plan d’actions qu’il a élaboré avec son coach, il y a des répercussion sur le système client et des réactions de ce dernier, qui viennent modifier le plan. D’une séance à l’autre, le coaching systémique ajuste les actions en fonction des retours d’expérience. De son côté, le coach est inspiré par ses clients, et tout en respectant la confidentialité, le coach fait bénéficier à ses clients les niveaux de profondeur qu’il a découverts en lui au contact de ses autres clients. C’est un apport mutuel permanent, un bon exemple de « cross-fertilisation ».
Les effets du coaching systémique sont puissants
Le coaching systémique porte sur l’ensemble du système client, donc il en modifie à la fois la logique interne et les interactions, intérieures et extérieures.
Il n’est pas rare que le client se rende compte de changements positifs dans plusieurs domaines de sa vie : autant professionnelle que personnelle.
Le coaching systémique apporte des ressources nouvelles et rafraichissantes, qui profitent au client bien au-delà des thèmes sur lesquels portent les séances.
Ainsi, un coaching de prise de poste peut ouvrir sur un niveau de profondeur inattendu qui met en contact avec des émotions personnelles qui bossent l’énergie du client, un coaching de leadership peut permettre de prendre du recul sur le sens de sa vie professionnelle, un coaching de performance pourra déboucher sur des prises de conscience spirituelles, etc…
Les exemples du contraire sont plutôt rares.
Liens sur le coaching systémique :
- Supervision systémique : exemple de séance
- Coaching niveau 2
- Un coaching systémique commence avant le coaching
- Le principe du transfert et des échos systémiques
- Changer de perspective
- Instant présent
- Changement de paradigme
- Confrontation en coaching : séance de supervision
Un bon article d’Alain Cardon sur le coaching systémique, évoque les questions récursives, qui invitent le client à développer son empathie en l’interrogeant sur les absents, ceux dont il ne parle pas pendant une séance.
Les Questions Récursives en coaching systémique
La technique du questionnement « circulaire » ou l’art de poser des questions récursives, fait partie intégrante de la panoplie du coach systémique. A l’origine, ce type de questionnement est issu de la pratique de thérapies familiales. Dans ce contexte, elles sont posées dans un environnement collectif, famille ou équipe, au sein même du « système » en situation d’accompagnement.
Ces questions peuvent toutefois être posées à un client individuel. En utilisant les mots ou expressions du client individuel, les questions récursives concernent sa perception des interactions entre certains acteurs absents, partenaires plus ou moins significatifs au sein de son système.
Exemples:
- Que fait Daniel en réunion lorsque Diane et Jean monopolisent la parole avec leurs arguments concernant les priorités de leurs départements respectifs ?
- Lorsque vos deux enfants se disputent et que vous intervenez, que fait votre mari ?
- Lorsque les discussions s’enlisent sur l’origine des problèmes que vous rencontrez, quelles sont les premières personnes qui recentrent l’équipe sur la recherche de solutions ou sur des plans d’actions?
- Pouvez-vous donner l’ordre décroissant du niveau de participation des membres de votre équipe lors de vos réunions mensuelles?
- Supposez que toute votre équipe se mobilise pour réduire les dépenses, quel sera la personne la plus résistante à ce changement?
Ces questions ouvrent des perspectives au client et contribuent à élargir son cadre de référence et enrichir son filtre mental.