Nous allons nous pencher sur une redoutable technique de coaching systémique, consistant à incarner le comportement cible dans l' »ici et maintenant » de la relation au client. Il s’agit d’une sorte de technique de coaching « ceinture noire » (pour plagier le référentiel des arts martiaux).
Incarner le comportement cible ?
La maîtrise de la technique de coach est ce qui fait la différence entre un coach débutant et un coach expérimenté. Il n’y a pas qu’une seule technique de coach, mais nous allons faire un zoom sur l’une d’entre elles, qui à notre avis est centrale.
La conversation de coaching reste souvent en surface. Pour accéder )à la profondeur de la relation, et offrir un coaching vraiment impactant, il ne faut pas se contenter d’offrir un espace d’élaboration, silencieux bienveillant et fécond. Il ne s’agit pas non plus de proposer uniquement un questionnement orienté solutions qui ouvre le cadre de référence du client.
Certes, ces techniques participent des meilleures pratiques de la conversation de coaching, mais elles sont peu de choses sans la technique de coach que nous allons décrire ici…
La technique de coach « ceinture noire »
Ce qui provoque l’effet coaching le plus puissant, le plus rapide, le plus radical (et qui fait évidemment briller les yeux des coachs qui ont la vocation d’être d’excellents professionnels) : c’est d’incarner le comportement cible, que souhaite acquérir le client, dans la relation avec le client, pendant la séance, là tout de suite, maintenant !
C’est quand le coach fait cela, consciemment ou non, qu’une synchronisation peut parfois se produire, et qu’un insight peut survenir chez le client.
Favoriser l’insight en coaching
Déclencher des prises de conscience chez le client est la clé centrale du changement.
Mais ce qui produit l’effet coaching est encore en-dessous de la conversation et de ses techniques, c’est la relation de coaching elle-même.
Voila pourquoi c’est en incarnant le comportement cible dans la relation « ici et maintenant » avec son client, que le coach peut éventuellement l’inviter à élargir son cadre de référence et envisager des solutions out of the box…
Le coach ne fait pas grand chose pour cela. Au-delà de la conversation technique qu’il entretient en surface, il se joue quelque chose dans la profondeur de la relation, qui dépasse le coach et le client et qui les met tous deux en état de disponibilité pour recevoir les éléments de solutions déjà présents chez le client.
Il paraît que c’est toujours « maintenant » le meilleur moment pour se mettre en chemin vers l’excellence ! Prenez donc contact par téléphone. En une demi-heure, nous verrons ensemble quelle valeur devrait créer pour vous un dispositif de supervision, pour vous aider à progresser dans votre art du coaching. Faire décoller votre business, créer votre prochain client, optimiser vos séances, la supervision va vous faire cranter en avant d’une manière significative.
Technique de coach : Incarner le comportement cible
Offrir un miroir parfait ? Offrir un miroir le plus parfait possible… C’est gonflé, d’oser prétendre parvenir à ce tour de force ! Oui, vous avez raison, mais le coaching n’est-il pas une prestation assez « gonflée » justement ? Ne se propose-t-il pas de décadrer, de booster, de transformer, de faire réussir, de performer, en rupture avec le passé ? Il faut du culot pour oser prétendre à cela, non ?
Mais ce n’est pas une raison pour se prendre pour quelqu’un… c’est encore l’un des paradoxes amusants de ce métier ! Nous l’avons déjà dit, le coaching subversif est souvent « pétillant »(puisqu’il remet en question l’ordre établi du client), avec ses facéties, ses croche-pieds, ses décalages, ses recadrages, ses retournements, ses métaphores, son humour, etc…
Donnons quelques exemples de ce que signifie cette technique de coach : « incarner le comportement cible » :
- Si le client est stressé, vous vous enfoncez dans la sérénité vous-même, mieux que de l’inviter à se calmer, ou lui vanter les mérites d’une prise de recul
- Si le client souhaite s’affirmer davantage, vous vous affirmez davantage dans la relation avec lui, tout en lui laissant tout son espace et tout en l’aidant à modéliser comment il peut en faire autant
- Si le client doit intégrer davantage d’empathie pour renforcer la qualité de ses relations à son environnement, non seulement vous travaillez avec lui sur les ressentis de ses proches, mais surtout vous faîtes preuve vous-même de beaucoup d’empathie vis-à-vis de lui et de son environnement
- Si le client est pressé, vous le doublez sur sa droite et vous proposez de conclure la séance au bout de vingt minutes, dès que le premier point significatif est marqué… et vous attendez de voir comment il réagit. Et puis vous en parlez ensemble bien sûr, en constatant qu’il est souvent moins pressé ?
- Si le client a du mal à se décider, à passer à l’acte, a tendance à reporter à plus tard ses engagements, vous lui proposez de concentrer tout le coaching sur la prochaine et unique prochaine séance. Après la décision et le passage à l’acte, les éventuelles suivantes séances n’auront lieu que pour accompagner des réglages de mise en oeuvre, sur des détails…
- Si le client reste silencieux et n’a pas de sujets particulier à traiter dan cette séance, vous n’en proposez pas non plus, vous restez silencieux et vous mettez à l’écoute de son silence pour favoriser sa connexion intérieure avec ses objectifs et ses motivations profondes. Vous ne resterez pas silencieux tout le temps, mais vous veillerez à accompagner le client vers l’intérieur au lieu de l’inviter à chercher à l’extérieur des thèmes de travail pour remplir la séance
- Etc…
Voici quelques exemples de séances où cette technique de coach professionnel a été pratiquée et décortiquée pour vous de façon didactique :
Il y a une technique de coach pour déterminer quel comportement incarner, il y a une posture pour le faire, il y a des tours de mains pour le pratiquer efficacement. Voulez-vous les apprendre ?
Apprendre la technique de coach
Etre présent, lâcher prise sur l’intention, ne pas avoir de projet pour le client, ne pas rester collé, ne pas porter le client, ne pas conduire le coaching du client, entrer dans l’état de Présence, pour pratiquer un coaching spontané (quand cela se met à coacher à travers vous), et même : ne pas penser (pour offrir une totale disponibilité)… Ce n’est pas facile du tout ! Mais cela s’apprend.
La supervision va vous aider à pratiquer de façon naturelle, en fonction de votre propre style de personnalité et de communication.
En fait, au sens propre, « incarner le comportement cible » que vise le client, est quasi impossible et surtout : serait parfaitement contraire à l’esprit du coaching ! Développons ces deux points.
- Aucun coach ne peut incarner le comportement cible recherché par le client, car seul le client peut incarner le comportement qu’il vise, lequel doit lui correspondre parfaitement. Chaque individu est unique, et de même qu’il n’y a pas deux cellules du bout de votre doigt qui soient identiques, il n’y a en fait aucun point commun possible entre deux individus, parfaitement différents, en tous points ! Inutile donc d’imaginer pouvoir quoi que ce soit pour qui que ce soit. Tout ce que l’on peut faire pour l’autre c’est être soi-même… et comme nous le verrons c’est déjà beaucoup (et suffisant, rassurez vous) !
- C’est donc au client de faire son propre chemin et de trouver par ses propres moyens ce dont il a besoin pour réussir son changement. Si le coach pouvait servir de modèle (ce qui est impossible, nous venons de le dire), cela serait contraire à l’esprit du coaching qui vise l’autonomie du client, dans le plus grand respect de sa singularité et de sa responsabilité individuelle.
Cependant, on ne dessine pas tous nos ronds de la même manière, mais un rond reste un rond et c’est une référence partagée par tous. De même un coach n’incarne pas le calme comme le client pourrait le faire, puisqu’ils sont des individus parfaitement différents, mais un observateur extérieur saurait tout de même facilement reconnaître le calme chez les deux protagonistes. Il serait plus juste de dire : s’aligner intérieurement » avec l’état désiré ou la posture que cherche à cultiver le client. Les exemples suivants illustrent différentes manières d’interpréter cet alignement :
- Si le client est stressé et voudrait se calmer, un bon réflexe serait de vous enfoncer vous-même dans une certaine sérénité, mieux que de l’inviter à se calmer ou lui vanter les mérites d’une prise de recul. Ce faisant, un observateur extérieur ne manquerait pas de remarquer le parallèle entre le comportement que cherche à développer le client et l’état que cultive le coach au miroir.
- Si le client souhaite s’affirmer davantage, vous vous affirmez davantage dan la relation avec lui, tout en lui laissant tout son espace et tout en l’aidant à modéliser comment il peut en faire autant.
- Si le client doit intégrer davantage d’empathie pour renforcer la qualité de ses relations à son environnement, non seulement vous travaillez avec lui sur la perception qu’il a des ressentis probables de ses proches vis-à-vis de lui, mais surtout vous faîtes preuve vous-même de beaucoup d’empathie pendant la séance vis-à-vis de lui et de son environnement.
- Si le client est pressé (et aurait besoin de prendre son temps), vous le doublez sur sa droite et vous proposez de conclure la séance au bout de vingt minutes, dès que le premier point significatif est marqué… et vous attendez de voir comment il réagit. La plupart du temps, le client est un peu déconcerté par cette proposition, qui le prend au dépourvu mais contre laquelle il ne peut s’insurger puisqu’il vient à l’instant de mettre en scène son manque de temps et déclarer son besoin d’en retrouver. Alors, vous en parlez ensemble bien sûr, et constatez tous deux souvent qu’il semble soudain moins pressé 🙂 si bien, qu’il n’est pas rare que la séance dure finalement jusqu’à son terme programmé.
Là encore, le coach a intuitivement ou « tactiquement » pris le client au mot et lui propose le miroir en se plaçant lui-même sur la ligne d’arrivée (le comportement cible).
En l’occurrence, le coach propose de gagner du temps en se focalisant sur l’essentiel au lieu de se disperser avec des points secondaires dans la suite de la séance non indispensable, puis il accepte d’en parler et de remplir finalement la séance avec le point essentiel pour le client : se concentrer sur l’Essentiel
ET se donner tout le temps nécessaire pour le traiter de façon satisfaisante pour lui.
- Si le client reste silencieux et n’a pas de sujets particuliers à traiter dans cette séance, vous n’en proposez pas non plus, vous restez silencieux et vous mettez à l’écoute de son silence pour favoriser sa connexion intérieure avec ses objectifs et ses motivations profondes. Vous ne resterez pas silencieux tout le temps, mais vous veillerez à accompagner le client vers l’intérieur de lui-même, au lieu de l’inviter à chercher à l’extérieur des thèmes de travail pour « remplir la séance »…Dans cet exemple, vous « incarnez le comportement cible » en vous sentant bien vous-même avec le fait qu’il n’y ait pas d’objectif identifié pour cette séance. Vous lui donnez ainsi la possibilité de retrouver du confort dont il a besoin pour utiliser sa séance de manière utile pour lui en abordant ce qui est présent, en l’occurrence : une absence de thèmes… En voila un joli thème à partager et sur lequel avancer vers des points de progrès personnels !
Le secret du coaching
Nous l’avons dit le secret du coaching n’est pas une technique, c’est une manière d’être. Allons plus loin même, le secret du coaching n’est pas un secret ! Alors qu’est-ce que c’est ? Le secret du coaching c’est d’être soi, pleinement présent, ici et maintenant, sans autre intention que celle d’être là et d’accompagner. En fait le coaching procède par effet miroir.
Et puisque les ressources sont toujours à l’intérieur du client, le moyen de l’accompagner vers son centre est que le coach se recentre lui-même : Quand le coach se rend disponible et se met à l’écoute de ses propres ressentis profonds, il se dégage au sein même de la relation une atmosphère de disponibilité et d’écoute, qui est contagieuse et qui contamine positivement le client.
Si le coach écoute en lui-même les résonances de ce que le client transfère de son cas à la relation de coaching, il rejoint son client au coeur du problème.
Et là, si au lieu de partir avec l’émotion, ou au lieu de s’identifier au contenu des pensées, comme on le fait généralement, le coach qui est relativement extérieur au contexte, reste bien centré, il se passe quelque chose d’étrange : la Présence à soi-même du coach est communicative, elle entraîne la présence à soi-même du client.
Dès lors le client peut lui aussi constater ses pensées et ses émotions sans être emporté par elles. Enraciné dans sa vraie nature, il partage alors avec le coach l’expérience d’être, tranquillement, sans s’identifier au contenu de son mental.
Là, il dispose de ressources « nouvelles » et fraîches, qui peuvent ré-enchanter sa perspective et nourrir une solution élégante pour atteindre ses objectifs.
Soyons sérieux (et humbles aussi) : le coach ne peut rien faire pour que le client atteigne ses objectifs. Cela, c’est la partie qui concerne le client et ne regarde même pas le coach ! En revanche ce qui implique complètement le coach, c’est d’accompagner et de partager un instant hors du temps et des projets, un instant de Présence gratuite, qui reconnecte profondément.
Ainsi, mieux que de chercher à incarner le comportement cible, le coach gagnera à s’établir dans sa vraie nature, à se centrer en soi-même (qui est différent de « se renfermer dans son for intérieur » : au contraire, il s’agit d’un point d’équilibre plutôt « rayonnant » entre l’intérieur et l’extérieur, un endroit en soi où l’on ne réagit pas trop à partir de l’ego et où l’on accueille ce qui est avec davantage d’ouverture et de paix intérieure).
Dans cet espace vaste que nous sommes, des réponses s’expriment d’elles-mêmes, et le coach n’a plus besoin de chercher à incarner quoi que ce soit. Cela se fait tout seul. Et le client vit les insights qui sont pour lui, comme des cadeaux impersonnels, cadeaux qui viennent d’au-delà du coach et vont au-delà du client (et réciproquement d’ailleurs, puisque l’insight du client est souvent un insight aussi pour le coach).
Selon mon expérience, ce serait cela la vraie technique « ceinture noire », le vrai secret du coaching (qui n’en est pas un), qui fait que le coaching est rafraîchissant et nourrissant pour le client ET pour le coach, car tous deux s’abreuvent à la même source pendant la séance…
A-dogmatique
Bon, voilà, moi je dis cela comme ça aujourd’hui. Vous avez peut-être d’autres mots pour décrire une expérience comparable, ou bien au contraire vous vivez complètement autre chose, qui est surement très bien aussi. Dans nos formations, nous n’imposons pas un dogme, nous partageons directement avec les participants notre expérience, et les invitons à goûter et approfondir la leur, à partir de nos suggestions.
Alors, fort du matériel pédagogique que représente le vécu des participants, ils peuvent en parler entre eux, et affiner leurs perceptions en comparant leurs expériences. Une formation au coaching ou une supervision de coach se doit d’être alignée avec l’esprit même du coaching.
C’est pourquoi, nous privilégions la pratique à la théorie et le témoignage de l’expérience à l’exposé de concepts.
Découvrez si vous êtes fait pour le coaching, la certification RNCP, et les programmes de formation. Choisissez la bonne école. Discutons-en par téléphone !
En savoir plusSe centrer dans le corps
L’enracinement du coach pendant ses séances de coaching avec ses clients est une chose essentielle pour la réussite du coaching. Pourquoi ? Parce que la profondeur de l’écoute et la qualité de présence du coach sont fonction de son enracinement. Enracinement du coach en deux points d’appui :
- son propre corps
- la relation
Se centrer dans le corps est un moyen très puissant pour se relier à l’autre, dans l’instant présent. Se centrer dans le présent, c’est aussi prendre appui dans la profondeur de l’être.
Il n’y a pas à entretenir de fantasme à propos du corps, à propos de ce qu’il devrait être ou devenir (plus beau, plus fort, plus jeune en meilleure santé, etc…) : Vous avez le corps que vous avez, lui-même tributaire de votre trajectoire de vie jusqu’ici, à laquelle vous ne pouvez plus rien changer. On peut sans doute modifier la forme du corps à partir de régimes alimentaires et d’exercices appropriés, et on est bien sûr libre de le faire (pourquoi pas) mais là n’est pas ici notre propos.
Nous parlons du corps, comme lieu de résidence, comme moyen de s’incarner dans la vie, de se centrer et s’enraciner dans le présent, pas comme d’un instrument au service de l’ego, ou comme image de soi à laquelle s’identifier. Notre propos dans cet article est d’indiquer un moyen d’être mieux disponible aux autres pour offrir un coaching plus profond et plus fin.
Remarque : Il s’agit de se centrer dans le corps, mais pas forcément d’enraciner le corps dans la terre, comme dans les arts martiaux.
Selon que votre structure corporelle est élancée ou massive, vous n’aurez pas le même style d’enracinement dans le corps, et vous n’y pouvez rien changer !
En effet, si vous pratiquez yoga, le qi-gong, la méditation ou les arts martiaux externes, vous vous serez certainement entraîné à abaisser le centre de gravité de votre corps, pour bien enraciner le corps dans la terre. Cela vous donnera probablement une bonne stabilité pour faire face à des poussées de vos partenaires de jeu, mais cela ne fera pas de vous un meilleur coach pour autant…
L’enracinement dont nous parlons à propos du coaching est plutôt un enracinement dans la profondeur de votre être, au-delà de votre rôle, de votre image et de l’imposture de la personnalité sociale. Il s’agit de se centrer dans l’authenticité de l’instant, y compris si elle s’exprime dans un corps fatigué et faiblement vital. Dans ce cas, vous êtes vraiment enraciné dans votre être (au lieu d’être projeté en avant dans vos pensées) et pourtant votre corps, lui, n’est pas enraciné dans la vitalité autant qu’il pourrait l’être si vous lui donniez toute votre attention au quotidien.
Les deux types d’enracinement (dans l’être et dans le corps) sont peut-être liés, mais ce sont tout de même deux choses différentes. Je tenais à le préciser, sinon on pourrait mettre d’office au rebut tous ceux parmi les coachs du marché, qui ne sont pas devenus des maîtres de la présence dans le corps à travers une longue pratique des arts corporels…
La présence au corps est un outil formidable dans la pratique du coaching. L’attention accordée aux sensations corporelles pendant le coaching est une grande clé pour se centrer dans l’être profond et laisser la Présence prendre sa place aux manettes du coaching…
Deux espaces pour se centrer dans le présent
C’est comme si vous pouviez prendre appui sur deux espaces en vous même :
- à l’avant plan, vous êtes dans le personnage du coach, actif à nourrir la conversation de coaching
- à l’arrière plan, vous êtes tranquille, vous ne faites rien, vous appréciez ce qui est, que vous contenez dans l’espace infini que vous êtes. Sans la présence consciente à cet arrière plan, votre conversation est faible : même si elle est de bonne intention et pertinente dans son contenu, elle n’aura qu’une faible portée, parce qu’elle n’émane que de votre mental et ne s’adressera donc qu’au mental du client. Pour toucher le client au centre, afin qu’il opère un changement profond et durable, il faut que votre projection s’enracine dans votre propre centre. Un peu comme la voix d’un acteur qui « passe la rampe » et touche le public du théâtre, si elle prend appui sur une respiration abdominale.
Nous parlerons des niveaux d’insight (ou niveaux de prise de conscience) qui peuvent survenir dans un coaching puissant. L’insight qui provoque le changement le plus puissant est l’insight de niveau 4, celui qui prend son inspiration dans une écoute des reflets systémiques et invite le client à se voir fonctionner dans la relation ici et maintenant avec son coach, en relation avec le cas sur lequel il travaille pendant la séance.
Cet insight n’est donc accessible que si le coach investit la profondeur de l’instant présent et invite par là même le client à le rejoindre dans ce niveau d’intimité à soi-même, et de profondeur de la relation (voir à ce propos : Comment nouer des relations authentiques).
Lâcher prise en prenant appui
On dit parfois que pour cela, le coach doit savoir lâcher prise. C’est vrai. Mais comment lâcher prise si on ne prend pas d’abord appui sur un niveau plus profond ? Si on lâche prise, sans un appui…on tombe, rien de plus, pas de miracle ! C’est cela qui effraie et empêche de lâcher prise. Dans les formations au coaching, nous vous entraînons à vivre l’expérience que vous ne pouvez pas tomber, parce que vous êtes toujours là, en arrière plan.
Si vous lâchez l’avant plan, si vous quittez la tête et ses pensées, il ne se passe rien de grave, vous ne tombez pas, vous investissez juste l’arrière de vos appartements intérieurs. Vous ne pouvez prendre appui que sur ce que vous êtes vraiment (présence à soi-même). Et peu importe le résultat, dont vous n’êtes d’ailleurs pas responsable, même s’il est contractuel. Vous ne le portez pas,.
C’est le travail et la responsabilité du client que d’atteindre son objectif de coaching. Vous, vous devez justement lâcher prise sur le résultat et vous enraciner dans le présent, pour bien accompagner votre client… Ce n’est qu’ainsi que vous serez présent, et « modéliserez le comportement cible »
En résumé :
1- C’est votre qualité de présence à l’instant présent, votre enracinement dans l’instant présent (donc forcément dans votre propre corps, par voie de conséquence), qui permet puissamment l’insight du client, lequel lui ouvre des perspectives nouvelles et le fait déboucher sur les solutions qu’il souhaite mettre en oeuvre pour atteindre des résultats en rupture.
2- C’est la structure de votre coaching qui permet au client de se sentir confortable et d’investir tout l’espace de son coaching, parce qu’il comprend ce à quoi vous l’invitez. En voyant bien le fil rouge, il peut en suivre les étapes, il peut même se payer le luxe de digressions, et vous pouvez vous les lui accorder parce que la structure est claire et ne vous quitte pas. Elle est donc toujours accessible, comme une rampe d’escalier, qui rassure et conforte le système. Vous retrouverez votre chemin sans problème une fois refermées les parenthèses ouvertes…
3- C’est le contrat de coaching, qui justifie et permet ce travail un peu « artificiel » qu’est le coaching (artificiel : parce que pas ordinaire, même s’il ne s’y passe rien que de très naturel au sein de la relation).
- Le cadre contractuel permet de peindre le coaching sur la toile de la relation.
- Le cadre contractuel protège aussi. Autant le client que le coach, puisque chacun y trouve sa place.
- Le cadre permet d’investir profondément la relation, tout en se gardant de toute « familiarité » : être très proche tout en restant professionnel et dans une distance juste qui n’a rien de fusionnel…
Comme vous le voyez : enracinement, structure, contrat est un enchaînement de mots qui relèvent de la symbolique de la Terre, qui permet de bien poser le cadre du coaching.
Enracinement du coach dans son propre corps
Voici pour illustration de notre propos, le cas d’une séance de supervision de coach qui portait sur l’enracinement du client du coach, donc sur l’enracinement du coach lui-même pendant cette séance.
Le coach qui me sollicite sur ce sujet me dit qu’il a écouté plusieurs fois une vidéo que j’ai enregistrée sur ce sujet. Et qu’à chaque fois, il en a été bouleversé. Qu’une émotion lui est venue, réalisant qu’il ne parvenait pas à s’enraciner comme j’en parle dans cet exposé :
« Je voudrais parvenir à m’enraciner moi-même davantage dans mes séances de coaching, pour accéder à un plus grand niveau de profondeur de la relation. Je suis parfois en difficulté à cause de cela. Comme si, pour me protéger, je n’osais pas me poser dans la relation. Pour les mêmes raisons peut-être, je reste trop mental, et je ne m’investis pas assez dans mon corps. En t’écoutant et en te voyant pratiquer, j’ai pris conscience » du potentiel à côté duquel je passe, tant pour moi-même que pour mes clients… »
De la pratique d’abord
J’aurais pu demander à ce coach de partir d’un exemple de client avec lequel il a eu du mal à s’enraciner, et commencer à décortiquer comment y parvenir mieux. Mais au lieu de cela, j’ai proposé que nous commencions tout de suite à pratiquer l’enracinement (par téléphone), ensemble et dans l’instant présent. Invitant mon client à rassembler son attention dans ses pieds, il m’a répondu qu’il avait du mal à ressentir cette sensation dans les pieds. Et que c’est d’ailleurs ce qui avait déclenché son émotion en écoutant la vidéo.
En parlant un peu, il me dit aussi qu’en pratiquant la méditation avec une appli smartphone, il est parvenu récemment à se poser. Etait-il debout ? Non, il était assis en tailleur. Donc pas eu besoin de ses pieds pour s’enraciner. Du coup, en riant, nous partageons qu’il a peut-être un problème de … pieds ! Plus sérieusement, il me précise que c’est comme si un porte était blindée, ou verrouillée plutôt. Et de nouveau en disant cela, une émotion lui monte aux yeux… Là encore, nous aurions pu explorer le contenu ou le déclencheur de l’émotion. Mais avec légèreté nous avons glissé vers la pratique.
Pourquoi passer par l’expérimentation ?
Déjà parce que c’est la demande du client dans ce cas précis. Ensuite, parce que dans un cas comme celui-là, parler de l’émotion nous propulserait dans le mental, où nous irions perdre du temps à intellectualiser, à « comprendre »… Mais cela ne résoudrait rien.
Et puis, mon client veut s’enraciner, il ne me demande pas de comprendre. Il me dit qu’il a peur de rester figé s’il se pose, comme prise au piège. Il suppose qu’il préfère rester en mouvement pour pouvoir s’échapper si besoin…
D’une part, on n’est pas ici en psychothérapie. Et d’autre part, nous pouvons prendre un formidable raccourci. Je trouve intéressant de mettre des mots sur le vécu intérieur, tandis qu’on est précisément en train d’expérimenter
Il paraît que c’est toujours « maintenant » le meilleur moment pour se mettre en chemin vers l’excellence ! Prenez donc contact par téléphone. En une demi-heure, nous verrons ensemble quelle valeur devrait créer pour vous un dispositif de supervision, pour vous aider à progresser dans votre art du coaching. Faire décoller votre business, créer votre prochain client, optimiser vos séances, la supervision va vous faire cranter en avant d’une manière significative.
Donc nous pratiquons :
- Debout, pour bien sentir tout le poids du corps en appui sur les pieds.
- Léger mouvement du basin d’avant en arrière, pour sentir comment le poids étale le pied d l’avant pied au talon.
- Idem de droite à gauche.
- Puis en marchant, tout doucement, en se synchronisant sur la respiration, comme une marche Kin-Hin : tout le poids du corps sur pied droit, vider le pied gauche, le soulever sur une inspiration, puis l’avancer jusqu’à ce que le talon gauche se pose au sol à la hauteur des orteils du pied droit. Puis pousser sur le pied arrière, pour dérouler toute la plante du pied gauche en expirant tout doucement. Nous faisons cela quelques minutes, ensemble bien que chacun chez soi, décrivant par téléphone les actions à poser.
- On observe ainsi comment se poser, à chaque pas, sans s’arrêter. En fluidité, mais avec une grande présence.
- Je propose au client de refaire cet exercice tout seul trois fois aujourd’hui. En cessant de se projeter sur la ligne d’arrivée, considérant que le chemin est aussi important que la destination. Appréciant la joie d’avoir les pieds sur terre, instant après instant, pas à pas.
S’enraciner dans le bas ventre, grâce à la respiration
- Puis, nous nous rasseyons, et nous explorons comment le ventre se remplit à l’inspiration. Et aussi comment il continue à se dilater pendant une ou deux secondes à poumons pleins. Ensuite, nous relâchons la pression du ballon, observant l’air chaud ressortir par les narines. Faisant ainsi plusieurs fois, c’est comme si on repeignait l’intérieur de l’abdomen avec l’énergie du ballon d’oxygène.
- Comme précédemment avec les pieds lors de la marche, cela nous donne encore l’occasion de constater que se poser dans le basin est bon. Que cette chaleur est douce et sécurisante. Et surtout, on vit ensemble l’expérience de ne pas y rester bloqué. C’est fluide, on peut visiter cet espace, l’investir sans s’y retrouver piégé. On s’y installe et on le quitte librement.
- Comment sent-il ses pieds, maintenant ? Très bien. Les pieds ne sont pas enracinés, mais ils sont posés, ce qui est déjà un grade satisfaction.
Cela dit, une séance de supervision de coaching n’est pas une séance de thérapie corporelle. C’est un travail sur la posture d’enracinement dans le cache du coaching. Donc je propose de s’enraciner dans la relation, maintenant. Et puisque c’est moi qui suis là : s’enraciner dans la relation avec moi, maintenant !
En toute sécurité, puisqu’il n’y a pas d’enjeu à notre relation, qu’on se connaît, qu’on se fait confiance… il n’ya donc pas de risque à se poser, comme avec les pieds sur le sol, mais cette fois-ci avec le ventre, dans la relation.
Enracinement du coach dans la relation
J’invite mon client à se relever et à m’écouter tandis qu’il place le poids de son corps sur ses talons, comme en arrière de lui-même. Puis je lui demande de me dire quelque chose tout en déplaçant son bassin vers l’avant pour déplacer le poids du corps sur les avants pieds.
Et là, de faire comme si il pouvait en quelque sorte « appuyer » sur moi tout en parlant, d’une façon imaginaire. Comme s’il venait appuyer son nombril devant lui, comme pour me toucher à distance. Vous comprenez bien qu’il s’agit d’un travail énergétique, permettant à mon client un peu coupé des sensations (et qui cherche peut-être aussi à se prémunir de ses émotions) d’oser, dans ce cadre sécuriser, se projeter et s’engager dans la relation avec moi.
Je suggère alors l’image du schéma de l’intersection entre deux ensembles mathématiques. Comme s’il pouvait ainsi, investir sa parole « en venant au contact ».
Je vous rappelle qu’on est au téléphone. Mais si on était dans la même pièce, cela n’aurait rien changé. Je module tout de même le choix des mots en fonction du type de relation qu’est la nôtre, et en particulier s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, bien sûr. Je l’invite à reproduire plusieurs fois le passage de l’avant (en me parlant) à l’arrière (en m’écoutant), et de bien ressentir à chaque fois la qualité du lien, par l’ombilic en quelque sorte. Observer qu’il n’y a pas de danger. Qu’il y a là une qualité de présence, une intimité même, amicale et rassurante. Sans danger, sans ambiguïté.
Précautions à prendre
Exercice à ne pas faire avec un particulier, que vous ne connaissez pas, dont vous ne savez pas de quel traumatisme il ou elle a pu être victime dans son enfance. le corps est la mémoire du passé, et le disque dur où sont stockées toutes les émotions. Attention tout de même à ne pas jouer aux apprentis sorcier avec le coaching par le corps.
Certes, j’ai affaire ici à quelqu’un dont je ne sais évidemment rien de son passé. Mais je constate tout de même des évidences :
- la structure solide de son individualité, à travers l’authenticité de sa demande,
- l’honnêteté et la lucidité de ses réponses,
- la qualité de son écoute,
- la texture du lien.
Autant de signes qui me font oser m’avancer dans cette voie avec cette personne. Et, puis on peut procéder par essais-erreurs et rectifications. Je tente, je vois ce que ça donne, je m’ajuste. Et « tant que je gagne je joue » ? Donc j’avance ! Si je sens une résistance, évidemment je m’arrête.
Et éventuellement je change d’orientation dans la séance. Trêve de ces avertissements et précautions nécessaires, reprenons le fil de notre séance.
Inverser les polarités pour apprendre l’enracinement du coach
Je lui propose aussi d’explorer le fait de me parler depuis l’arrière des talons, et de m’écouter depuis les avants-pieds. Et là, évidemment, c’est moins naturel. Donc moins facile. Je lui fais remarquer qu’en essayant tout de même, il me parle d’une voix plus aiguë, et en passant par le mental (il m’explique pourquoi c’est difficile, et se réfugie dans du descriptif et des concepts.
Typiquement le refuge dans le mental, auquel il faisait allusion en début de séance, quand il disait les raisons de vouloir travailler « l’enracinement du coach »).
Nous observons cela, avec un sourire partagé. Et de nouveau il y a l’émotion qui survient. Car il voit à cette occasion : comment il se réfugie dans le mental, au lieu de descendre dans le corps. Je fais remarquer que ce n’est pas qu’une tactique de fuite et d’évitement. C’est aussi une compétence très utile pour pouvoir se dégager, et soulager le client ou soi-même en cas de trop forte pression. Tout est une question de dosage. Mais qu’il est également intéressant de repérer le chemin, pour pouvoir le faire dans l’autre sens, quand on veut s’engager.
Nous convenons que le job d’un coach est justement de montrer au client comme s’engager de façon saine, en en faisant la démonstration soi-même. C’est d’ailleurs cette qualité de lien qui « soigne » le client parfois, et qui lui permet en tous cas de se confier, et de se sentir suffisamment en sécurité pour envisager les remises en question dont il a besoin.
S’enraciner dans le corps et dans la relation, au service du client
C’est ainsi qu’en passant par le corps, nous avons pu explorer la qualité de notre lien à nous, en tant qu’échantillon témoin du principe de toute relation. Ensuite, ce coach pourra reproduire des expériences avec d’autres, et goûter, sans risque de fusion, à la qualité de la relation intime avec ses clients. J’ai eu l’occasion de lui faire sentir, comment quand je lui parlais, j’investissais mes mots, mes pensés, mes intentions, dans une attitude d’ouverture, qui oser aller au contact, sans crainte,. Mais sans insistance non plus.
Sans lourdeur, sans indiscrétion, en respectant nos pudeurs et nos seuils respectifs. C’est modélisant de faire un arrêt sur image et de constater, de ressentir, pour bien saisir et différencier les choses subtiles dans sa propre expérience. Je lui ai dit aussi, que parfois, je ne sentais pas sa présence en retour. Je lui montrais donc, très concrètement dans notre relation, la différence de ressenti en lui quand il m’écoutait avec sa tête ou quand il m’écoutait avec son coeur, depuis son corps.
En finissant cette séance d’une heure, mon client ressentait une chaude sensation dans le ventre, amicale, apaisante, bienveillante. Il parlait de ce qu’il sentait de lui-même ! Il nous a semblé qu’il s’était engagé à la fois dans le corps et dans la relation. Nous étions tous deux contents de cette séance d’enracinement du coach, chacun de son côté et ensemble.
La suite de la séance de supervision sur l’ancrage
Certes, il va falloir qu’il continue de travailler sur cette thématique. Comme nous tous. Mais, au moins, il a amorcé la pompe, concrètement par une « première expérience » d’enracinement de coach au sein d’une relation professionnelle de coaching (de supervision, mais c’est pareil !). Il a apprécié que c’était bon, et que ce n’était pas dangereux.
Nous avons ensuite évoqué le genre de choses qu’il ne voulait pas ressentir. Et les moyens de s’exonérer de l’emprise de telles sensations intérieures : quand le client est intrusif, quand c’est « collant », quand soi-même on peut être indiscret parfois sans le vouloir, etc…
Et nous avons vu comment repasser par le mental dans ces cas là, pouvait représenter un excellent recours pour reprendre de la distance, sans bouger de sa chaise.
En Qi Gong, on apprend et on expérimente que la légèreté des mouvements des bras, ne peuvent survenir que depuis un fort enracinement dans les jambes et dans le bassin. (voir cet article sur la posture de l’arbre et cet autre sur les grands principes du Qi Gong)