Dans le coaching, on le sait tous, la posture est primordiale.
Dans le sport, on sait bien qu’un bon geste n’aura d’impact que s’il est effectué dans la bonne posture et dans le bon positionnement. Il en va de même en coaching.
Aucune technique de communication ne sera efficace si elle est délivrée dans une posture inadéquate.
Posture de facilitation, fonction miroir, position méta, position basse, position paritaire… sont autant d’expressions pour qualifier la posture du coach, ce consultant qui ne donne pas de conseil, cette espèce de formateur qui ne délivre pas d’apports, ce guide de haute montagne qui ne pousse ni ne tire son client, qui se contente de l’accompagner, sans le précéder.
Justement, je fais référence à ces cousinages avec les métiers de consultants et de formateur, parce qu’ils sont souvent cités en exemple des postures professionnelles, qui ne sont pas compatibles avec l’exercice du coaching :
- On dit qu’un coach n’est pas expert du métier de son client, contrairement au consultant qui va le conseiller depuis ses connaissances du marché et des aspects techniques du métier. Le consultant est d’abord un expert, qui pose des diagnostics et délivre des conseils, à partir de sa super expertise, que son client sollicite justement.
- On dit qu’un coach n’est pas en position de « sachant » et qu’au contraire il adopte une position basse, dite de candide, pour mieux décadrer son client et lui permettre d’ouvrir son cadre de référence. Un coach travaille dans l’émergent, sans avoir de scénario pédagogique pré-établi, contrairement au formateur, qui propose un parcours pré-déterminé avec des exercices et des apports, qui mènent à l’objectif pédagogique de la promesse. Un coach ne peut pas fournir à l’avance un programme (D’ailleurs, ce serait bien que les responsables de formation qui nous demandent des conventions de coaching le comprennent :-).
Ok, la posture de coach est singulière…
Un coach est un professionnel, qui ne n’investigue pas le contexte du problème, qui n’en analyse pas les causes, qui ne cherche pas non plus à comprendre ni à expliquer… Il se contente de déployer un regard positif sur son client, et de lui proposer des questions décalées, pour que le client trouve par lui-même les éléments de solution hors de son champ habituel de référence. En effet, puisque le problème du client vient en partie de la manière dont il considère sa situation, il faut lui faire changer de perspective. pas besoin d’être expert du métier du client pour ça !
Mais justement, cette singularité et cette subtilité de la posture de coach, ne doivent pas mystifier notre métier. Cette profession gagnera à rester simple et lisible. Nous devons nous montrer transparents et accessibles à nos clients, et non pas mystérieux comme des magiciens de la relation
L’imposture de la pseudo neutralité
La première imposture en coaching serait de croire par exemple que le coach est neutre, qu’il n’influence pas, qu’il n’intervient pas dans le système du client.
Bien au contraire, un coach est payé pour modifier le cadre de référence de son client afin de lui permettre l’accès à des perspectives nouvelles. C’est parce qu’il pensera en rupture, « out of the box », que le client trouvera les solutions qui lui permettront d’atteindre ses objectifs.
Un coach est donc résolument orienté vers les solutions. A ce titre, il n’accepte pas d’écouter n’importe quoi, au prétexte d’une écoute respectueuse et non ingérente. Au contraire, ses interventions sont interruptives des mécanismes du client.
- Ainsi un coach sera parfaitement légitime à interrompre les litanies plaintives d’un client si elles sont justement le process dans lequel il est enfermé et qui l’empêche d’accéder aux résultats qu’il vise.
- De la même manière, une longue recherche d’explications ou de recherche de causes, sera rapidement écourtée par un coach, qui est supposé aider son client à changer de vibration pour se centrer sur l’action porteuse des changements désirés.
Par ailleurs, un coach offre un regard délibérément et fondamentalement positif sur son client, sur ses points d’appui, pour l’aider à modéliser son système de réussite et capitaliser sur ses points forts. Rien de neutre là-dedans !
L’imposture de l’extériorité
Une autre belle imposture serait celle de croire qu’un coach serait « extérieur » au problème du client, sous prétexte qu’il est en effet un prestataire externe, qui cultive une position de recul. Certes, la prise de hauteur est le fonds de commerce du coaching, mais l’extériorité n’est qu’une vue de l’esprit.
Dans la mesure où un coaching systémique intègre la totalité du système client dans son champ de travail, le coach y est lui-même inclus. Personnellement, je prends fait et cause pour mes clients. Je n’adhère pas forcément à leurs projets ni à leurs croyances, mais je considère que la vie nous a mis en contact pour que nous nous apprenions quelque chose et passion quelque chose de constructif ensemble. Donc j’accueille leurs objectifs et les prends très au sérieux.
Dès qu’il est choisi, un coach fait partie intégrante du système client. Il n’est non seulement pas « neutre » comme on vient de le rappeler, mais il n’est pas non plus « extérieur » au client. Ce serait trop facile de ne toucher au problème qu’avec des gants de chirurgien, un masque hygiénique et une blouse blanche, comme s’il s’agissait d’une autopsie. Non, le coach et le client forment une équipe. Ils sont solidaires et travaillent côte à côte pour sortir de l’espacé problème et accéder à des solutions innovantes et élégantes.
L’imposture fusionnelle
Pour autant une autre imposture serait celle de la confusion des rôles et responsabilités. Si un coach doit pouvoir se montrer proche et chaleureux, en tant que premier « supporter » de son client, il doit aussi se garder de « porter » son client.
Pas de projet pour lui, pas de pression sur les résultats du coaching.
Pas de fusion, pas d’effusions non plus, et donc beaucoup moins de risques de confusions. Une vraie complicité, voire une authentique intimité, mais il n’y a rien de personnel dans tout cela. C’est juste le métier qui veut cela. Nous devons être très clairs en nous-même avec cet aspect du métier : certes relation authentique, conversation profonde sur des aspects intimes de la vie du client, mais chacun reste à sa place !
L’imposture de l’obligation de moyens
Une autre imposture classique dans le coaching, est celle de l’obligation de moyens et pas de résultats. C’est un grand classique des formations au coaching, où l’on veut sans doute rappeler aux apprentis coachs qu’ils ne doivent pas tenter de se substituer au client dans l’exercice de sa responsabilité quant à la mise en œuvre des actions qu’il décide dans ses séances de coaching.
OK, ça part d’un bon sentiment. Mais c’est en partie faux :
- un client s’en fout des moyens, ce qu’il veut ce sont : des résultats ! Et il a raison.
- Lui rétorquer que nous n’aurions qu’une obligation de moyens, même si c’est vrai du point de vue juridique, c’est complètement faux, et de toute façon irrecevable pour le client. Non, nous sommes solidairement engagés envers l’atteinte des objectifs. Sinon, pas de vraie réussite, pas de satisfaction client, pas de fidélisation. Et bientôt plus de coaching !
L’imposture de la symétrie
Sous prétexte de parité, la relation de coaching n’est pas symétrique. Certes le client et le coach sont comme des compagnons, qui se tiennent compagnie. Et le coach ne guide pas, comme on l’ a déjà dit. Mais la séance est celle du client et pas celle du coach. Heureusement, car le coach n’aurait les moyens de se la payer 🙂 !!!
L’imposture des écoles de coaching ?
Si vous souhaitez travailler à l’ajustement de votre posture la supervision peut vous aider à assouplir vos dogmes, issus de vos formations un peu bébêtes parfois, qui répètent toujours les mêmes vieux trucs d’il y a 20 ans, quand les psys nous expliquaient ce que devait être le coaching.
Le monde a bien changé depuis, et les formateurs des coachs doivent se renouveler, et cesser en tous cas de leur apprendre le métier avec des injonctions et des interdits. C’est tellement contraire à l’esprit d liberté du coaching. Il faut que la pédagogie soit alignée avec l’objet même du coaching, qui n’est pas d’interdire, mais de libérer. Bien sûr, il faut de la déontologie. Mais à quand la patrouille Dun coaching qui dressera des procès verbaux aux praticiens non académiques ?
Je vois régulièrement des coachs, qui sont en cours de formation, ou frais émoulus de leur parcours, et qui s’empêchent d’être eux-mêmes, parce qu’ils croient qu’on leur a appris qu’ils n’ont pas le droit à ceci ou cela dans leur pratique !? S’ils s’imaginent que le coaching est dogmatique c’est peut-être que leurs enseignants l’étaient ? Brrr…Cela me fait froid dans le dos !