Face à un coaché qui refuse l’ouverture et se positionne en expert, rendant le coaching difficile, le coach peut se sentir démuni. Cette situation, caractérisée par des retards, des digressions ou des annulations, soulève des questions fondamentales sur la dynamique de la relation.

Questions d’introduction :

  1. Comment le coach peut-il redéfinir le cadre du coaching pour un individu qui semble résister activement au processus et à l’idée d’un apprentissage personnel ?
  2. Quelles stratégies le coach peut-il employer pour explorer la motivation sous-jacente du coaché à s’engager dans ce processus, tout en reconnaissant sa posture d’expert ?
  3. Dans quelle mesure le coach doit-il confronter ces comportements d’évitement et comment peut-il le faire de manière constructive pour ouvrir un espace de dialogue authentique ?

Dans cet article, vous trouverez l’exposé parallèle de deux séances :

Vous découvrirez ensuite les échos entre les deux séances, ainsi que les déductions que pourra en faire le coach pour préparer sa prochaine séance de coaching avec son client suite à cette supervision.

Une séance de coaching sous tension : le client « expert »

Le rendez-vous était fixé depuis deux semaines. Le coach avait envoyé une relance la veille pour confirmer, sans retour. Le client arrive avec dix minutes de retard, prétextant un appel important avec un partenaire international. Dès les premières minutes, il s’installe dans une posture de maître du jeu : il parle longuement, détaille son parcours, ses réussites, les obstacles qu’il a déjà surmonté seul.

Le coach tente une reformulation pour ramener le client à lui : « Quel serait l’enjeu pour vous aujourd’hui dans cette séance ? » La réponse fuse, vague : « Je suis surtout venu pour que vous compreniez bien le contexte. Il est très spécifique. »

Pendant une heure, le coach tente d’ouvrir des fenêtres de questionnement. Mais chaque tentative est récupérée par le client qui digresse, rationalise, justifie. Aucun objectif de séance n’est formulé. Lorsque le coach ose pointer ce flou, le client réplique : « Je suis déjà très au clair sur mes objectifs professionnels. Ce n’est pas là que ça se joue. »

Entre deux digressions, il s’engage vaguement à une action concrète, mais sans véritable conviction. Aucune trace de cette action n’est abordée dans la séance suivante, qui sera annulée deux fois avant de se tenir finalement, dans une tension similaire.

En miroir : une séance de supervision à double fond

Le coach entame sa séance de supervision en parlant… du client. Longuement. Il contextualise, cherche l’avis du superviseur sur les stratégies à adopter, mais ne formule pas clairement une demande. Il parle aussi de sa semaine, de sa fatigue, de sa charge de travail. La supervision prend des airs de débrief.

Le superviseur, après l’avoir écouté un temps, lui pose la question : « Qu’est-ce qui vous pousse à travailler cette séance aujourd’hui ? »

Le coach hésite, puis évoque son sentiment d’inefficacité. Il dit qu’il a du mal à faire bouger son client.

Le superviseur creuse : « Qu’est-ce que cela dit de votre posture dans cette relation ? » Silence. Le coach se défile, parle des outils qu’il a essayés.

Petit à petit, le superviseur met en lumière la dynamique à l’œuvre : le coach est aspiré dans la même posture que celle de son client. Il évite de se laisser toucher, de formuler une demande personnelle. Il cherche à être compétent, pas à être accompagné. Et c’est exactement ce que fait son client.

En modélisant une posture d’accueil, de reformulation, en pointant les non-dits, le superviseur invite le coach à prendre conscience de ce miroir. « Et si ce que vous vivez avec moi était une réplique fidèle de ce que vit votre client avec vous ? »

Le coach prend conscience que lui aussi, par peur d’entrer dans la vulnérabilité, se met en position d’expert, tentant de maîtriser la relation, de rester à distance.

Affiner votre posture de coach
grâce à la supervision !
Découvrez l’approche systémique pour des coachings plus sereins, plus puissants et plus alignés.
En savoir plus

Analyse systémique : les résonances utiles à décrypter

Ce cas illustre un phénomène fréquent en coaching : les résonances systémiques. Ce que le coach vit avec son client est souvent un reflet, un écho de ce qu’il vit dans sa propre posture professionnelle. Et inversement.

Dans notre exemple, le coach et le client jouent une danse bien rôdée : celle du refus d’entrer dans un espace de transformation. Le client parle au lieu de ressentir. Le coach conseille au lieu d’accompagner. Tous deux évitent la rencontre.

La supervision systémique permet de mettre ces échos en lumière. Elle ne se contente pas d’analyser une situation : elle invite le coach à s’impliquer, à se regarder dans le miroir relationnel, à décider comment il veut être avec son client. C’est un espace d’ajustement fin.

Ce processus est puissant : selon une étude de l’ICF (2022), les coachs qui sont supervisés régulièrement rapportent une amélioration de 45% de leur impact perçu par leurs clients, notamment grâce à une plus grande clarté sur les enjeux relationnels.

Le superviseur, dans cette histoire, a su faire ce que le coach n’avait pas réussi à faire avec son propre client : poser un cadre, tolérer le flou, accueillir la résistance sans la brusquer, et relancer la demande de manière bienveillante mais incisive.

Et si vous tentiez l’expérience ?

La supervision systémique offre au coach un espace rare : celui où il peut non seulement parler de ses clients, mais surtout de la manière dont lui est en relation. Elle modélise des postures qu’il pourra ensuite déployer avec ses clients.

Vous sentez-vous parfois en échec ou en flottement dans vos accompagnements ? Avez-vous l’impression de répéter des schémas ? De ne pas réussir à mobiliser votre client ? Il est fort probable que vous soyez pris dans une résonance qui mérite d’être mise en lumière.

La supervision systémique, c’est l’art d’écouter ces résonances, de les comprendre, et de s’en servir comme tremplin pour ajuster sa posture. Elle ne propose pas de recettes, mais elle affine l’œil du coach, l’ancre dans une pratique plus consciente, plus féconde.

Contactez-moi dès aujourd’hui pour découvrir comment la supervision systémique peut transformer votre pratique et enrichir votre accompagnement de vos clients.

Si vous ressentez le besoin d’un espace pour déposer, clarifier ou approfondir ce qui se joue dans vos séances de coaching, la supervision systémique est certainement un atout précieux pour vous.

Appelez-moi directement au 06.71.84.97.06 

Consultez nos tarifs de supervision

Clés de coaching

Face à un coaché qui présente une telle résistance, le coach doit adopter une approche stratégique et empathique, en se rappelant que la résistance est souvent une forme de protection ou le reflet d’une peur sous-jacente. Voici ce que le coach peut faire :

1. Revoir et clarifier le cadre du coaching (Re-contracting) :

2. Explorer la résistance avec curiosité et empathie :

3. Adapter l’approche du coaching :

4. Gérer ses propres émotions de coach :

En résumé, le coach doit faire preuve de patience, de créativité et de persévérance, tout en étant clair sur les limites et les attentes du coaching. L’objectif est de trouver la clé qui permettra au coaché de s’ouvrir, ou, à défaut, de reconnaître que le coaching n’est peut-être pas l’outil adapté à ce moment précis pour cette personne.

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

Articles similaires

Parce que vous avez peut être envie d'approfondir d'autres sujets

La force d’un réseau de coachs

A Retenir Un réseau de coachs aide à rompre l’isolement professionnel et favorise l’échange d’expériences. Collaborer au sein d’un réseau permet de répondre à de plus grands projets et d’élargir son activité. La formation continue ...

lire la suite arrow-read-more

Poser le cadre du coaching dès le départ

Le coaching est une approche contractuelle : il faut donc un cadre du coaching, pour qu’il s’inscrive dans les termes du contrat, et qu’ainsi, prise entre « les mâchoires » d’un contexte choisi en ce sens, la prestation puisse délivrer sa pleine ...

lire la suite arrow-read-more

Le principe du transfert et des échos …

La système est au coeur de la relation de coaching. En coaching, il ne s’agit pas seulement d’écouter un client. Dans la relation de coaching, il se passe plus que ce que l’on dit.Sans toujours ...

lire la suite arrow-read-more