Dans un précédent article nous avons identifié 4 niveaux d’écoute, et nous allons maintenant y faire correspondre 4 niveaux d’insight et clarifier si possible encore un peu cette notion centrale dans le coaching, mais qui reste finalement assez abstraite, voir assez mystérieuse… Ma foi, qu’elle reste un peu mystérieuse n’est pas pour me déplaire… Mais néanmoins, il est sans doute intéressant tout de même de s’y intéresser et d’en faire le tour, ne serait ce que pour mieux s’en approcher ?
La place de l’insight dans le cycle de coaching
Nous avons déjà dit que l’insight est la prise de conscience (plus ou moins brutale et/ou progressive) qui permet au client d’ouvrir son cadre de référence, de sortir de l’espace problème et de déboucher sur de nouvelles perspectives, afin d’élaborer de nouvelles solutions.
En toute logique, une fois que le cadre est suffisamment solide (et le contrat de coaching suffisamment clair), le client commence à réfléchir devant son coach aux moyens d’atteindre ses objectifs. Le plus souvent, nous l’avons dit, il décrit d’abord son contexte et ses difficultés comme pour nourrir la compréhension du coach.
Ce faisant il perd son temps à deux égards :
- d’une part le coach n’a pas besoin de comprendre, puisqu’il ne conseillera pas
- d’autre part, le client en racontant le problème ne fait que s’y enfoncer davantage et s’éloigner des solutions (ce qui n’est pas volontaire de sa part, puisque bien au contraire : s’il consulte un coach c’est « pour s’en sortir » et réussir à changer !)
Le coach écoute et entend donc à 4 niveaux ce qui se joue pour le client et comment il se tient à l’écart des solutions qu’il recherche. C’est alors, qu’il pourra peut-être provoquer un insight (ou des insights) chez son client, à travers les divers outils du coaching. Dans les 4 étapes du coaching, l’insight se situe donc symboliquement entre la phase O et la phase S du cycle COSE : après l’ouverture du coach à son client et avant que le client ne puisse entrer dans l’espace solution. L’insight serait en quelque sorte l’ouverture de la porte de l’armoire aux solutions.
Et la clé de cette armoire est bien souvent une question puissante, ou une confrontation bienveillante.
Nota : Au-delà de la symbolique, et nous en proposons ici une représentation schématique pour nous faire comprendre de nos stagiaires, l’insight peut surgir n’importe quand : depuis avant la séance dans l’ascenseur, ou juste après, jusqu’à « bien après » même, quelques années après le coaching (pourquoi pas ?).
De même qu’un combat de rues ne ressemble pas tout-fait aux exercices appris dans le dojo, dans la vie : les choses ne se placent pas d’une manière mécanique, et le coaching n’est pas un jeu de dominos où les évènements surviennent dans un ordre théorique. L’insight survient, ou pas,quand il est mûr, un point c’est tout.
Et ni le coach, ni le client, n’y peuvent grand chose, à part faire de leur mieux dans leur conversation de bonne intention. Mais une théorie est toutefois pratique pour comprendre les processus à l’oeuvre dans le Vivant.
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En savoir plusRappel sur les niveaux de profondeur de l’écoute de coach
Les 4 niveaux d’écoute, qui correspondent dans notre modèle du coaching de l’énergie, correspondent à peu près à ceci, en allant du plus superficiel au plus profond :
- Terre : écoute du concret, c’est-à-dire du contenu du discours explicite du client. On écoute non seulement le contenu de ce qu’il dit, mais aussi le choix les mots qu’il emploie (même inconsciemment), la sémantique de ses phrases, le ton, l’articulation, le débit, etc… (Ceci se trouve à la surface de la communication et de la relation)
- Eau : écoute des émotions ressenties par le client, même quand ce dernier en est en partie « coupé » au point de ne pas les ressentir lui-même, ce qui nous arrive à tous. C’est une sorte de maladie du mental, dont nous sommes tous plus ou moins lourdement affligés, à force de vivre dans nos têtes, séparés du corps et ignorants du coeur… Cette écoute est déjà un cran plus profond.
- Air : écoute du système de pensée du client (les valeurs et les croyances qui surdéterminent les comportements et les émotions). Les valeurs sont des pensées que le client estime importantes et qui président à ses orientations et ses choix, tandis que les croyances sont des pensées auxquelles il croit parce qu’elles lui semblent vraies. C’est ce qu’on appelle : l’écoute du cadre de référence. Pour le dire autrement, ce niveau d’écoute s’intéresse à la manière dont le client s’enferme tout seul à l’intérieur de l’espace problème, précisément là où il n’y a pas de solution et où il ne peut donc les trouver. J’aime à dire que j’écoute la façon dont le client pose son équation. Le problème est justement dans cette formulation, et c’est en la challengeant que la conversation de coaching peut favoriser l’ouverture vers des solutions innovantes.
- Feu : écoute des résonances systémiques, ou écoute du transfert énergétique du client dans sa relation au coach. Le coach écoute au fond de lui même, à travers son propre corps, pour y explorer ce qu’il ressent tandis que le client évoque son cas (contexte, problème, solutions, conditions de réussite, etc…). La représentation que le client se fait du cas, le fait « vibrer » d’une certaine manière et met en résonance les 4 niveaux du coach : son corps, ses émotions, ses pensées, et la profondeur de ce qu’il est. En se rendant disponible et en accordant son attention en lui-même au niveau de profondeur centrale, le coach perçoit des informations complémentaires, pas forcément congruentes avec celles recueillies sur les autres plans. Justement s’il y a alignement ou désalignement, l’effet produit n’est pas le même. Et s’il a le bonheur de ne pas être identifié au contenu de son propre mental, le coach peut entendre là quelque chose qui le touche à coeur, et qui vient du client. De cette écoute de niveau 4 nous avons dit dans un autre article sur coaching de niveau 2, qu’elle différenciait le coaching incrémental du coaching systémique. C’était un peu réducteur, et cet article vise justement à préciser notre vision à ce propos.
Vous ne serez pas surpris que ces 4 niveaux d’écoute correspondent 4 niveaux d’insight ?
4 niveaux d’insight
les interventions du coach visent à provoquer une prise de conscience chez le client. Et cette dernière surviendra à l’une des 4 couches ou pelures de l’oignon :
- Niveaux d’insight – niveau du concret : par exemple, le client prend conscience d’à quel point un comportement compulsif lui est défavorable, ou bien il voit soudain qu’une réponse comportementale inconsciente participe du problème qu’il cherche à résoudre en changeant tout sauf cela…
- Niveaux d’insight – niveau des émotions : le client prend contact avec une émotion réprimée, ou bien il se rend compte combien cette émotion est présente en lui ou lui fait défaut au contraire… Par exemple, il peut constater une émotion de peur en lui, sans pour autant se laisser déborder par elle. Il aura donc moins peur de cette peur à l’avenir…
- Niveaux d’insight – niveau du cadre de référence : le client repère une croyance limitante, il voit ses mécanismes de pensée. Par exemple, il constate qu’une pensée automatique le restreint dans ses choix, il voit combien certaines idées toutes faites sur lui, les autres ou sur la vie, sont gratuites et éventuellement nuisibles.
- Niveaux d’insight – niveau du centre : le client voit ce qu’il a transféré de son cas dans sa relation au coach. Il prend alors la mesure de ce qu’il fait vivre à ses collègues (s’il s’agissait d’un coaching en entreprise) ou au contraire de ce que son entourage lui fait subir, en voyant ce que son coach lui montre de ce qu’il est en train de transférer dans l' »ici et maintenant »…
En conclusion, je voudrais dire qu’un insight n’a pas toujours lieu dans un coaching (individuel ou d’équipe). Mais, quand il a lieu, il peut donc être de 4 sortes, selon le niveau de profondeur auquel il a lieu. Rappelons aussi que ni le coach ni le client n’ont la main sur l’insight.
C’est un effet d’ouverture qui se produit quand les conditions sont réunies. Au mieux, on peut réunir ces conditions, en se centrant chacun en soi, pour permettre à l’ouverture de se faire… TOUTE SEULE !