Je voudrais partager quelques questions impertinentes à propos de l’instant présent, qui vous aideront peut-être à mieux « vivre l’instant présent »…
C’est un thème qui revient souvent dans les coachings, mais c’est en quelque sorte un faux problème. Expliquons-nous…
Instant présent : où et quand ?
Pour commencer, je vous propose d’essayer de situer l’instant présent dans le temps et l’espace. Sauriez-vous donner des réponses satisfaisantes aux questions suivantes :
- Quand a-t-on cessé d’être dans l’instant d’avant ?
- Ou pour dire la même chose depuis un autre angle : quand l’instant présent a-t-il commencé ?
- De même quand l’instant présent va-t-il se terminer pour laisser place à l’instant suivant ?
- Où est l’instant présent, on peut y répondre de façon intuitive en disant : il est là, « maintenant ». Mais dans ce cas : où est l’instant passé, où est l’instant futur ?
- Si la somme des instants nous donne en quelque sorte la somme du temps, où peut bien être cette éternité si ce n’est « maintenant », justement dans l’instant présent ? (D’ailleurs le mot éternité ne signifie pas temps infini, mais hors du temps. A ce propos, si l’éternité est, alors elle a déjà commencé et nous sommes en plein de dedans ! Donc nous sommes hors temps. Et c’est intéressant de considérer que l’instant présent dure éternellement, qu’il n’est pas un instant après un précédent et avant un suivant, mais le seul instant !…)
- Si on pousse encore un peu sur l’espace : où sommes-nous ? Sur la Terre, mais où est cette planète ? Dans l’univers, mais où est ce dernier ? Si l’espace n’a pas de fin, alors comment localiser un point particulier, celui où nous sommes…
Que ressentez-vous face à ces questions premières ?
Vous ne trouvez pas que faire l’expérience de ce questionnement est une chose étrange ? … Mais c’est rassurant aussi, finalement, non ? Laissez vous travailler de l’intérieur par ce questionnement bizarre, et mâchonnez-le, pour en extraire toute la saveur… Avec de telles questions hyper simples, on constate l’improbabilité de nos réponses, on se sent un peu comme des enfants, impuissants à trouver quelque chose à penser, qui soit un tant soit peu logique et sensé. En effet, l’instant présent ne peut être pensé, il ne peut être que vécu !
Cesser de fuir
Vouloir situer l’instant présent mentalement dans la ligne du temps est absurde, c’est une sorte de fuite psychologique, une projection mentale, dont nous sommes tous malades, qui consiste à fuir la sensibilité à l’instant présent, à ce qui est là, maintenant, pour nous échapper par la pensée en imaginant un instant d’avant, un instant d’après, ou un ailleurs (on vient de constater que ces trois choses pourtant si simples et communes ne sont même pas situables !). On a peur de l’ennui, peur de mourir dans le vide d’un instant pas assez intense, pas assez bien pour nous. Alors on construit une autre réalité qui serait préférable et que l’on attend, que l’on espère, on échafaude des plans sur la comète… (voir : « travailler avec la peur en coaching« )
Pas d’après, pas d’avant !
Mais c’est une fiction, cette autre réalité meilleure, qui viendrait « après », n’existe pas. Cette fuite est vaine et nous coupe des ressources vitales et des solutions aux éventuelles difficultés, dont nous faisons justement l’expérience pour les trouver : précisément maintenant, dans l’instant présent. Cette pensée, plaquée par dessus l’expérience directe, représente une source importante de pertes d’énergie, un détour par rapport à la « solution » que l’on cherche peut-être. Ne serait-il pas finalement plus raisonnable de se laisser trouver par « maintenant », au lieu de « passer son temps » à chercher « après » ou de regretter « avant » ? (voir : dossier spécial coaching : entretenir sa vitalité)
C'est beaucoup plus simple que vous ne l'imaginez. Quelques séances de coaching peuvent vous aider à vous recentrer, à y voir clair et à prendre quelques décisions salutaires. Ne restez pas seul(e) avec votre difficulté. Voyez courageusement comment la résoudre, ou comment vivre avec !
Voir l'offre de coachingPouvez-vous ne pas être présent à l’instant présent ?
Poussons encore un peu le questionnement que nous avions initié ensemble au début de cet article, en tentant une petite expérience : Essayez maintenant de ne pas être présent à l’instant présent, juste une seconde pour voir ce que cela donne… essayez maintenant s’il vous plaît. Ou bien essayez plus tard, si vous préférez. Mais quand vous essaierez, ce sera « maintenant », forcément 🙂 Et dès lors, vous constatez que vous ne pouvez pas vous « échapper de l’instant présent » :
- Même quand vous rêvez à autre chose, vous y rêvez maintenant.
- Même quand vous pensez à autre chose, vous y êtes encore…
Vous êtes forcément toujours dans l’instant présent, maintenant. Nous le constatons ensemble : vous ne pouvez pas être en dehors de l’instant présent. On ne peut pas davantage quitter l’instant présent qu’être ailleurs que là où nous sommes maintenant.
Ne pas penser à des trucs
Autrement dit, la question n’est pas « comment être présent » (puisqu’on ne peut pas ne pas l’être), mais plutôt « comment être attentif à ce qui est là », au lieu de partir (nulle part) avec les pensées. La pensée est une sorte d’anesthésie de l’expérience immédiate, siège de la vitalité. (voir : « arrêter de penser » et « le pouvoir négatif des pensées toxiques« )
Alors, le truc ce serait de ne pas penser à des trucs ? Mais c’est impossible, ou du moins fort rare et de courte « durée » : l’expérience habituelle de tout le monde c’est que des pensées surgissent sans cesse. Et ce n’est pas si grave d’ailleurs.
Pourquoi voudriez-vous que cela change ou qu’il en soit autrement ? Pas besoin d’attendre, un état de réalisation ultérieur, quand les pensées auraient enfin cessé, pour simplement apprécier ce qui est là : être présent à l’instant présent, tout en laissant se faire le processus naturel de la pensée et des évènements divers, aussi bien extérieurs qu’intérieurs. Il s’agit de s’enraciner dans les sensations corporelles, en y étant attentif, au lieu de s’évader dans la tête !
Pour cela, il y a des moyens simples et naturels. Par exemples :
- Se mettre face à la beauté extérieure, qui vous met immédiatement en résonance avec la beauté intérieure que vous êtes aussi. Dès lors que c’est beau, il n’y a rien à dire, rien à penser : la beauté vous coupe le souffle, ou plutôt le souffle de la beauté vous enlève les pensées de la tête et vous fait vibrer intensément au sein du silence…
- Prendre un appui intérieur dans les sensations physiques, tout en vivant le reste de votre vie normalement. En quelque sorte, vous vous asseyez dans votre corps, vous prenez place au sein de vos sensations corporelles, tout en écoutant les pensées. Ce qui est épatant à observer, c’est que les sensations autant que les pensées sont fugaces, elles se transforment, elles passent comme les nuages du ciel, qui changent de forme sans cesse. C’est amusant : je sens mon genou, il est bien présent dans le champ de mon attention, puis la sensation se diffuse, elle se déverse dans une sensation plus globale du corps tout entier par exemple… il y a un peu là une expérience de « plénitude », et puis une pensée surgit ou bien une autre sensation et ainsi de suite. C’est comme si vous regardiez jouer des enfants, ou des oiseaux dans un arbre, cela bouge tout le temps, rien n’est fixe ! Dans cet état d’attention au corps, qui se répartit dans une attention globale à ce qui survient, dans ces changements de forme permanents, il y a pourtant un point fixe. Quel est-il ? Prenez quelques instants maintenant pour le « localiser »… Ce point fixe, commun à tous ces changements, c’est « vous » ! Vous, qui observez et vivez l’expérience d’être là. Et quand vous dirigez votre attention vers vous, qui percevez l’instant présent, vous y êtes pleinement (un instant).
- Ecouter votre respiration, ce rythme qui relie l’extérieur à l’intérieur, ce fil frontière qui vous met en contact avec les deux infinis… Et dans ce fil ténu qui s’amenuise, au fur et à mesure que vous restez tranquille, vous êtes l’instant présent qui respire, sans rien à dire, juste l’écoute…et puis ça bouge, et c’est bien comme ça. Mais vous savez qu’y revenir est possible, c’est juste là, tout de suite, vous prêtez attention au souffle et cela vous connecte…
- Observez la nature, sans faire de commentaires. Restez juste à regarder. Tant pis pour les romantiques que je vais peut-être choquer, mais j’ose dire qu’on peut même le faire derrière son ordinateur en regardant une vidéo (des vidéos d’animaux par exemple) d’animaux.
Sourire de l’instant présent
Etre présent à l’instant présent et apprécier ce qui est là, tranquillement, sans faire de commentaires, ou en écoutant ses commentaires intérieurs comme s’ils étaient extérieurs, comme si c’étaient des voisins qui les auraient prononcés, mais qui ne vous concerneraient pas. Vous êtes là, ni bien ni mal, juste là…et plutôt bien en définitive, mais pas la peine de se poser la question : la réponse s’impose d’elle-même par la sensation.
Pas besoin de sourire, pour vous sentir bien. Vous pouvez le faire, pour induire un état, mais pourquoi vouloir induire quoi que ce soit ? Et si vous vous laissiez une chance que cela (que vous êtes) survienne et sourit de soi-même, ou pas ! Quelle importance ? Qui a dit qu’il fallait sourire pour être heureux ? Ne serait-ce pas plutôt d’être heureux qui vous fera sourire ?
De plus en plus de personnes s’intéressent à la méditation (voir « coaching et méditation » et « quand je médite« ), à la pleine conscience, au yoga, au chamanisme, etc… C’est très bien, mais je n’ai rien à dire de cela, je préfère partager avec vous l’expérience immédiate que nous pouvons faire ensemble pendant une séance de coaching ou de supervision.
Egalement dans les formations leadership positif et les programmes de formation au coaching, nous travaillons cette état de présence et d’écoute disponible, qui permet l’effet coaching. Implicitement, donc, nous travaillons sur votre manière d’être présent à l’instant présent, puisque c’est là que tout se joue !
Le pouvoir du moment présent
- L’instant présent n’est pas qu’un contenant, qui contient vos expériences. Pratiquement, quand vous ouvrez simplement les yeux et découvrez la vue, ce qu’il y a à voir, avant d’émettre la moindre pensée, vous n’êtes que regard, vous n’êtes que la conscience de qui est là. Vous êtes la conscience de ce qui est présent : vous en tant que sujet, le regard qui voit, et les choses qui sont vues par le regard. Vous êtes à la fois et en même temps ces trois choses. Quand vous ouvrez le champ de conscience, sans pensée, il est vu clairement que c’est vous-même qui êtes l’instant présent ! L’instant présent est plus profond que les évènements qui s’y produisent…La vigilance, c’est la conscience sans la pensée.
- L’alignement sur le moment Présent empêche le processus mental de distanciation. Sans espace, pas de commentaire mental, par de bavardage intérieur.
- L’expansion naît du rassemblement, de la concentration.
- Concentrer l’attention sur un seul point (l’instant présent) donne l’opportunité de vivre une sorte d’explosion de plénitude et de Présence à soi-même et aux autres (paix et joie intérieures)
- Le changement est possible… »maintenant », sans attendre, et sans effort (voir : effort ou énergie ?). On ne sera jamais heureux dans le futur. Quand on sera heureux, ce sera forcément le présent, donc jamais dans l’instant d’après (qui n’existera jamais : tout à l’heure ce sera encore l’instant présent, et il faudra donc être heureux maintenant !).
- L’action naît de la contemplation, comme l’appétit vient de la sensation de faim
Maintenir le « maintenant »
Ne pourriez-vous pas vous accorder des moments de plaisir, en vivant l’instant présent? Vous me direz (et vous aurez raison) même le plaisir finit par être lassant, et on ne peut vivre que de plaisir. C’est vrai, mais rien ne vous empêche d’envisager la vie comme un vaste terrain de jeu. Vous pourriez accueillir le plaisir et le déplaisir depuis la joie de vivre, appréhender l’un et l’autre avec appétit. Cela vous donnerait du tonus ! Cette perspective booste votre énergie en quelques instants.
Et vivre ainsi procure un flux d’énergie considérable, justement nécessaire pour embrasser l’intensité de l’expérience. Certaines personnes s’agitent beaucoup, en préparant tout un tas de trucs casse-pieds “maintenant”, afin de pouvoir être bien “plus tard”.
Mais évidemment, quand “plus tard” arrive, ils sont encore pris par la compulsion de “faire”, “faire”, “faire”, et ils préparent encore d’autres choses, en vue de prendre du plaisir ou du repos l’instant d’après, encore et encore…
Donc ils ne s’arrêtent jamais, ils ne profitent jamais, ils sont pris par le carcan des obligations, et des choses à faire. Vous en connaissez des personnes comme ça ? Moi j’en connais des tas : à commencer par vous et moi ! Mais la bonne nouvelle c’est que ce n’est pas une fatalité.
Exit la procrastination
« Ne reporte pas au lendemain ce que tu peux faire aujourd’hui » … Ce que nous reportons est souvent ce qui nous pèse, ce qui est compliqué, ce que nous n’osons pas faire par peur d’une conséquence néfaste, …
Combien de fois avons-nous expérimenté que le plus difficile, le plus consommateur d’énergie est la période pendant laquelle nous reportons sans cesse cette chose que nous devrions faire, ce rapport qu’il faudrait rédiger, ce livre qu’il faudrait lire, ce bureau qu’il faudrait ranger, …
Certes, comme il y a des saisons plus propices à certaines actions, certains actes ont plus de portée s’ils sont conduits à certains instants. Toutefois, comme tout est il est possible, à partir d’ici et maintenant, d’utiliser le passé et d’influencer l’avenir positivement, en étant délibérément disponible dans le présent :
- il est possible de préparer l’avenir, en l’orientant positivement maintenant, par les actes, les paroles et la pensée…
- on peut aussi éclairer le présent en tirant (positivement) les leçons du passé et ainsi lui donner du sens,
Pas de « petits » instants
Vu comme cela, il n’y a donc pas d’instants mineurs, puisque chacun d’entre eux est le centre de l’expérience à vivre, maintenant. Il n’est donc jamais trop tard, il n’y a donc jamais à renoncer, ni non plus à procrastiner (c’est-à-dire : reporter à plus tard ce qui peut être fait maintenant). Toutefois, de façon pragmatique, on peut toujours choisir quelle action privilégier en comprenant ce à quoi chaque situation nous invite en priorité.
On peut aussi « raisonnablement » planifier une action sensible au moment où nous serons moins confus ou plus en forme pour la conduire… Etre responsable, c’est accepter que les choses se présentent comme elles viennent, et de faire avec, plutôt que de vouloir faire « sans » elles, ou faire « contre » elles .
Loin de toute résignation et de tout fatalisme, il s’agit de pragmatisme. En acceptant que les choses soient ce qu’elles sont, on a l’opportunité d’entrer en relation avec elles, et de les influencer et de les changer.