Comment concilier coaching et distance juste par rapport au client, c’est-à-dire :
- être impliqué dans une relation de confiance non fusionnelle,
- offrir un regard amical et chaleureux, sans familiarité
Un coach systémique se considère comme faisant partie du système client, un atout dans le jeu que le client a en main pour l’accompagner dans sa réussite. Ceci a plusieurs conséquences :
- En aucun cas, le coach ne peut donc être neutre. Même si le coach reste réservé (pour laisser au client tout l’espace de la séance pour élaborer librement, avec le moins d’ingérence possible) et en retrait (pour mieux voir le processus et ne pas être trop pris par les contenus, mais pas du tout pour éviter d’interférer avec le système client)
- Sans familiarité et sans promiscuité, c’est-à-dire sans mélange inapproprié et sans confusion de genre, un coach porte un regard amical sur ses clients, en qui il voit la part d’humanité, depuis la sienne, sans porter de jugement.
Qu’est-ce qu’un regard amical de coach ?
C’est un regard à la fois sans concession (voir cet article : « un feed-back que même votre meilleur ami n’oserait pas vous retourner ! ») et un regard plein d’empathie (de compassion même, quand il se porte sur la souffrance) :
- Un regard professionnel exercé à voir les talents, les potentiels, les qualités, les points d’appui… Le regard positif d’un allié, payé pour faire réussir son client !
- Le regard chirurgical d’un partenaire exigeant, dont la mission est d’être subversif et challenging, pour bousculer le cadre de référence du client, l’inviter à remettre en question certaines de ses croyances, auxquelles il est attaché et qui le retiennent malgré lui en deçà de la performance qu’il vise.
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En savoir plusCompatibilité entre coaching et distance ou proximité ?
Le thème de « coaching et distance juste » me paraît important, parce qu’il n’est pas toujours clair dans l’esprit des coachs. Il faut dire que :
- L’expérience de la psychanalyse (les rôles y sont bien étanches, et chacun doit rester à sa place si l’on souhaite que la cure soit efficiente) a peut-être marqué les premiers pas du coaching il y a une quinzaine d’années, quand certains pionniers du coaching, issus de la culture psy, ont probablement influencé dans ce sens.
- D’un autre côté, dans le coaching lui-même, on ne voudrait pas que le coach s’immisce dans la décision du client qui doit rester responsable et autonome, etc… Du coup, on enseigne aux apprentis coachs à être très attentifs à leur posture et leur positionnement dans la relation (en cela, on a raison)… et finalement à rester prudemment à une certaine distance du client.
Pour ma part je ne crois pas qu’il faille « s’embrasser sur la bouche ou se taper sur le ventre en signe de franche camaraderie » :-)… mais il me semble que lorsque le professionnel prend de l’expérience et de l’assurance, la relation de coaching gagne à être plus naturelle et moins « conventionnelle », moins rigide.
En revanche, la conversation de coaching, elle, restera toujours relativement « artificielle », puisqu’elle est délibérément orientée de manière spécifique (écoute de niveau 4, reformulations orientées, questions puissantes, silences choisis, feed-back subversifs, étonnements de candide, métaphores décalées, etc…
Reconnaissons que tout cela n’est pas très commun dans les conversations ordinaires. Une conversation de coaching n’est pas un babillage mondain, ou des palabres spontanées, c’est un travail qui se fait à deux, vers un objectif contractuel, et à partir de méthodes professionnelles !).
Mon expérience personnelle
Sans dire que mes clients sont mes amis, parce que je ne suis pas le parrain de leurs enfants et que je ne les invite pas non plus à un barbecue le week-end, je me sens proche de mes clients et j’éprouve souvent pour eux un sentiment très fraternel devant l’exposé de leurs difficultés et de leurs espoirs, dont je me sens finalement assez proche.
Pour vous dire le fond de ma pensée, il me semble même que c’est quand les ressentis du client résonnent le plus en moi, que l’effet coaching peut véritablement avoir lieu, par résonance en retour chez le client. Je crois que plus le coach vibre intérieurement, plus son coaching est fort. Il me semble que c’est souvent grâce au regard ouvert, détendu, fondamentalement positif et acceptant, porté par le coach sur la situation intérieure du client face à ses enjeux extérieurs, que celui-ci se sent en capacité de s’accueillir lui-même, dans sa complexité d’être humain, en chemin vers sa vérité du moment (voir : un chemin pour s’individualiser)…
Je constate aussi que les meilleurs moments de coaching surviennent quand je me connecte personnellement à un espace intérieur, vaste et chaleureux, qui nous accueille le client et moi, dans notre vraie nature. Restant simplement moi-même, sans chercher à justifier de ma valeur, sans nourrir de projet pour le client, je me rends disponible et je « ressens »…
A mon avis, là est le point coaching ! Après, évidemment, depuis cet espace ou cet état, me viennent des questions ou différentes intuitions qui contribuent à animer et rythmer la conversation de coaching. Mais celle-ci n’a de véritable puissance que si elle s’enracine dans cette profondeur que je connecte d’abord en moi-même, dans un état de présence en coaching. Je ne risque pas d’y être trop proche du client, puisque c’est en m’orientant vers l’intérieur de moi-même que je vais le mieux à sa rencontre…
Cependant j’y découvre toujours un élan d’amitié et une chaleur humaine (probablement ressentie également par le client) parce qu’on est complice dans le travail que fait le client sur lui-même, par les échos et reflets systémiques que l’échange suscite plus ou moins symétriquement… Curieusement, plus je suis moi-même, prenant appui sur mes propres racines intérieures, plus je rencontre l’autre dans la relation.
Vous voyez ce que je cherche à partager avec vous ?…
Coaching et distance juste : quelle « qualité de Présence »?
Finalement, c’est une question de qualité de Présence (voir : exercices de présence à soi-même) mais on ne parle pas ici uniquement de la façon dont le coach serait « intensément présent » (cela ferait même peur, comme la caricature d’un hypnotiseur qui fascinerait avec un regard dominateur…Ce serait tout l’inverse du coaching, qui est plutôt doux et respectueux, que dur et intrusif).
On parle plutôt de la façon dont le coach ET le client se rendent disponibles à la « Présence » qui se manifeste entre eux. Le mot de « Présence » peut surprendre, on peut d’ailleurs en utiliser d’autres.
Pour moi, c’est un mot générique, qui désigne cette qualité de silence qui est sous-jacente aux sons, et qui peut être ressentie comme une présence au sein du vide, cette densité de relation sous-jacente à la communication (ses contenus et ses processus).
La « présence » en coaching, ce serait cette intelligence collective qui émerge entre le client et le coach. Un peu comme l’image d’un arc électrique (lors d’un insight par exemple), mais ce peut aussi être l’image d’une chaleur ou d’une confiance qui se tisse peu à peu, et qui ensuite est un capital qu’on retrouve instantanément d’une séance sur l’autre, sans avoir besoin de le chercher.
C’est une complicité qui s’est installée et qui fait qu’en quelques minutes seulement, on se retrouve propulsés à deux au coeur d’une grande profondeur, sans avoir fait d’efforts pour cela. Le coaching se joue finalement beaucoup dans le ventre, ou de coeur à coeur, et pas tellement d’une tête à une autre tête.
Si cette question de « coaching et distance juste » vous travaille, vous avez bien raison : c’est une question légitime et essentielle, que des réponses de surface ne suffiront pas à étancher, parce que seule l’expérience vous répondra.
En supervision, nous ferons ensemble cette expérience de trouver cette distance juste entre nous, et vous pourrez ainsi vous exercer et vous interroger, ressentir les positionnements de l’intérieur, qu’ensemble nous explorerons pour vous aider à vous familiariser avec toute la palette des ressentis à vivre.