Dans cet article, nous exposerons la technique du débat public, utilisée en coaching d’organisation et en coaching d’équipe.
Il s’agit d’organiser « en privé » au sein d’une organisation, un « débat public », c’est-à-dire de permettre à un grand groupe (interne et choisi) d’assister/participer à un débat mené entre quelques participants clés…
- Comment sensibiliser un groupe à la complexité d’une question sensible (la sécurité, un changement en cours, un risque ou une opportunité, les enjeux d’une échéance prochaine, etc…) ?
- Comment associer un grand groupe à une réflexion, sans inventer une usine à gaz et sans prendre le risque de susciter des phénomènes de groupe inopportuns ?
La technique du débat public, est un dispositif puissant et simple pour faire changer d’opinions et de comportements un public choisi, à partir des personnes elles-mêmes, sans dépenser d’efforts à tenter de les convaincre… Parfois, les collaborateurs ne sont pas conscients des enjeux multiples, des tenants et aboutissants, des avantages et inconvénients, des risques et des opportunités d’une situation sensible. S’ils sont mal informés, ils peuvent être récupérés par n’importe quel groupe armé d’intentions contraires aux vôtres, qui risqueraient d’instrumentaliser la question à des fins politiques. Dans ce cas, le mieux est de prendre les devants et d’éduquer votre cible, en invitant les groupes à participer à des informations interactives, plutôt que d’organiser une grande messe descendante. La technique du débat public consiste en une manière d’impliquer un plus grand groupe dans la discussion d’un plus petit groupe (5 à 8 débattants). Elle permet à tous d’entendre, en très peu de temps et d’une manière incarnée, l’ensemble des angles de vue par rapport à une question.
Sommaire
L’origine de la technique du débat public
Les façons de travailler et les comportements sont souvent ce qu’il y a de plus difficiles à changer dans une équipe. Nous allons prendre appui sur des découvertes vieilles de plus d’un demi-siècle (les travaux de Kurt Lewin), pour expliquer l’intérêt du débat technique en équipe. Par souci d’économies dans les années de guerre (1939-1945), le gouvernement américain décida d’encourager les ménagères américaines à cuisiner des abats de bœuf. Si la mode n’était pas encore aux hamburgers, les bas morceaux ne faisaient pas non plus l’unanimité au sein des foyers américains de l’époque. Ils étaient même l’objet d’une assez forte aversion. Et surtout, les ménagères américaines n’avaient pas l’habitude d’en cuisiner. Après moult campagnes d’informations infructueuses, le gouvernement américain décida de faire appel à Kurt Lewin, psychologue spécialisé dans la psychologie sociale et l’étude des comportements pour une expérience qui se révélera fondatrice. Deux groupes de ménagères furent alors été constitués : Le premier groupe assista à une conférence sur les biens faits bienfaits nutritionnels des bas morceaux. Les arguments étaient percutants, l’expert insistant également sur l’effort de guerre qui justifie l’implication de tous, des côtes normandes aux assiettes des enfants américains. A la sortie de la conférence, beaucoup de ménagères étaient convaincues. Pourtant, quelques mois plus tard, seules 3% d’entre elles s’étaient effectivement mises à cuisiner des abats. Les ménagères du second groupe ont quant à elles participé à des réunions-discussions animées par un non-expert qui, après une courte introduction sur les avantages des abats, laissa le débat technique et la discussion libres entre les ménagères. Les discussions furent vives et de nombreuses ménagères restèrent dans l’expectative à l’issue de ces échanges. Pourtant, quelques mois plus tard, 32% d’entre elles avaient changé leurs habitudes culinaires pour inclure à leur livre de recette les plats à base d’abats. L’expérience met ainsi en lumière l‘intérêt de la technique du débat public pour faire évoluer les comportements individuels, là où les injonctions (même argumentées et bien illustrées) n’ont pu démontrer que leur échec… La technique du débat public fait bouger les lignes 10 fois plus qu’une grand messe où l’on assène des messages de haut en bas ! (lire cet article sur les avantages du débat d’équipe)
Logistique de la technique du débat public
- Le débat peut prendre deux formes dans l’espace : soit un petit cercle de chaises, soit deux rangées de chaises face à face ou trois disposées en triangle, pour opposer 2 ou 3 points de vues complémentaires
- Nombre de protagonistes actifs dans le débat : 2 à 9 participants + un modérateur
- Cercle de participants : idéalement répartis dans la salle autour du débat central, mais à défaut de pouvoir procéder à cette disposition, on peut aussi mettre les débattants sur une tribune et installer le groupe comme les spectateurs d’une conférence. Eviter de positionner les participants par sous-groupes, tenants d’un même point de vue, pour éviter des phénomènes de groupe inopportuns. Laisser plutôt les participants se répartir librement dans la salle, ou mettre des noms sur les chaises, en expliquant le choix de disperser les groupes pour favoriser les échanges entre voisins aux points de vue complémentaires…
- Préparation : les protagonistes du débat préparent leurs arguments avant le débat (éventuellement avec un coach dédié, qui les prépare mentalement et les aide à affuter leurs arguments)
- Durée de l’évènement : prévoir entre 1 et 2 heures, selon l’importance du sujet et le temps dont on dispose (moitié du temps pour le débat, moitié du temps pour les réactions de la salle)
- Des variantes de la technique du débat public :
- débat ouvert : il est prévu une chaise vide, que des personnes du public peuvent venir occuper pendant 5 minutes pour proposer un argument ou poser une question. Une autre version serait que l’animateur interrompe le débat toutes les 15 minutes pour inviter un membre du public à rejoindre les débattants. Dans ce cas, un des débattants peut lui laisser sa place, ou tout simplement, on agrandit le cercle des débattants.
- débat fermé : les débattants ne sont pas interrompus, mais les personnes du public peuvent participer en leur faisant passer des petits papiers avec questions ou des arguments (à l’attention de l’animateur ou de l’un des débattants de leur choix), afin qu’il s’en inspire dans sa participation. Une autre option serait qu’au bout d’un certain temps de débat, les débiteurs soient remplacés par une autre équipe, qui pousse plus loin l’échange (un peu comme dans un world café)
A ce stade de votre réflexion, il serait peut-être bon que nous nous parlions directement de la situation de votre équipe. En une demi-heure d'entretien téléphonique, nous allons pouvoir caractériser votre besoin et nous orienter vers l’offre de coaching la plus adaptée.
Contact par téléphoneAnimer la technique du débat public
- L’animateur présente le sujet, et les participants exposent leurs positions argumentées, représentatives des différents points de vue présents dans la salle.
- Le public écoute la discussion (silence et pas de participation active au débat en dehors des options retenues – débat ouvert ou fermé)
- A intervalles réguliers, l’animateur résume la discussion et un visualisateur peut projeter les différents arguments énoncés sur un écran.
- Au terme prévu pour les échanges, l’animateur pourrait résumer les idées échangées, et inviter un VIP à synthétiser et conclure .la séquence
- Généralement, cette technique du débat public est introductive à une séquence suivante, qui permettra de traiter des difficultés soulevées lors du débat…
Rappels à propos de l’animation d’un débat
- Le contenu du débat n’appartient pas à son animateur (ni sa richesse, ni sa pauvreté).
- Arriver à un résultat est un processus qui dépend en grande partie de la qualité de l’animation. Mais la qualité du contenu relève surtout de la responsabilité des participants.
- Créer un espace structuré dans lequel les gens se sentent en confiance pour s’exprimer librement.
- Souligner les points de convergence et de divergence, et mettre en évidence les 3 ou 4 thématiques émergentes du débat.
- Quelques tours de main techniques : recentrage, recadrage, visualisation, reformulation, valorisation des contribution, synthèses intermédiaires, etc…
- faire confiance au groupe, et laisser survenir naturellement ce qui peut se passer, ou ne pas se passer.