Voici un extrait de séance de coaching d’un client qui souhaite développer son leadership en accentuant son côté « challenger », en étant davantage capable de penser en rupture, de provoquer le breakthrough chez ses interlocuteurs, d’exprimer plus d’exigence, d’affirmer des positions plus marquées et de devenir plus confrontant.
La posture de « challenger »
En l’espace d’une année, ce leader prenant un nouveau poste, avait d’abord travaillé sur la prise en main de sa nouvelle équipe, puis sur la cohésion et la solidarité au sein de son équipe, et enfin sur la transversalité et la réflexion stratégique en commun. Au nom du principe d’alignement selon lequel le coach est sensé modéliser le comportement cible que souhaite acquérir le client, le coach s’est évertué à changer de posture au fil des séances, privilégiant à chaque fois une posture adaptée au thème de chacune. Au-delà du fait bien connu que le coach est fondamentalement un miroir, en position méta et en position basse, pour laisser le maximum d’espace à son client et proposer des questions impertinentes qui ouvrent le cadre de référence du client, il y a fondamentalement 4 postures à modéliser en coaching.
- Une posture d’expert (eh oui ! même si cela va en faire sursauter quelques uns sur leur siège de superviseur…) : Quand le client est en situation de manager des juniors, quand il doit affirmer sa légitimité, quand il doit agir dans l’urgence, il doit se positionner en expert. Et par voie de conséquence, le coach va devoir emprunter aussi ce chemin, lui-même pendant la séance, pour accompagner le client qui structure, et construit son plan de management.
- Une posture de facilitation, consistant à accoucher, à accompagner l’élaboration du client. C’est dans cette posture que se tisse le lien de confiance, et se joue l’alliance relationnelle.
- Une posture orientée solutions, pour ouvrir des perpectives, quitte à bousculer un peu quelques certitudes et remettre en question des croyances parfois limitantes
- Une posture de challenger, pour aider à la prise de décision, pour aller plus loin dans l’exigence envers soi-même, pour apprendre à supporter la confrontation, pour rebondir positivement sur l’échec, etc…
C’est ainsi que, naturellement, au fil de son développement et de l’évolution de son équipe, ce leader positif avait pu expérimenter les 3 premières postures, et en venait à ressentir le besoin d’explorer la quatrième, en devenant plus challenger avec son équipe :
- Il avait adopté au début une position centrale au coeur des interactions techniques, entrant dans le contenu des dossiers avec chacun de ses équipiers.
- Puis, avec le renforcement de la cohésion humaine dans son groupe, il avait pu expérimenter une position plus chaleureuse, plus affective, favorisant la convivialité au sein du groupe, et des relations de proximité entre les équipiers.
- Enfin, à la tête d’une bonne ambiance et d’un bon esprit d’équipe, il avait engagé des débats de fond, invitant l’équipe à se projeter en avant vers des solutions innovantes à bâtir ensemble, à travailler davantage en sous groupes pour anticiper et préparer l’avenir.
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En savoir plusLe choix d’un coach challenger
Sans le savoir, ce client qui sentait avoir besoin de développer son leadership en devenant plus challenger, avait choisi un coach lui-même challenger, même si les 3/4 du coaching ont en fait porté sur une autre dimension que celle du challenge. Dans nos formations au coaching d’équipe et au leadership positif, nous prenons appui sur le modèle des 4 éléments : Terre, Eau, Air, Feu
- La Terre représente les appuis solides, les méthodes, les cadres et les règles qui structurent
- L’Eau représente le lien, la fluidité des relations, la cohésion de groupe, la prise d’appui sur la dynamique de groupe
- L’Air représente l’inspiration, le partage d’idées, la coopération transverse, la capacité à débattre en équipe pour être plus créatifs et ouverts à des remises en question constructives
- Le Feu représente la fixation de caps ambitieux, la responsabilité et la liberté de décider, en choisissant un présent aligné avec le futur désiré plutôt qu’avec le passé subi.
Extrait de séance : Devenir plus challenger
- Client : « J’aimerais bien devenir plus « challenger », développer la dimension Feu de mon management… Peut-être que je devrais apprendre à poser des questions de coach qui challengent l’interlocuteur en lui ouvrant de nouveaux horizons ?… »
- Coach : « Qu’est-ce qui dans la nature représente le plus le feu à vos yeux ? »
- Client : « Le soleil ! il apporte la lumière et la chaleur… »
- Coach : « Comment pourriez-vous être un soleil pour vos équipiers ? Comment cela se traduirait si, à votre niveau, vous leur apportiez lumière et chaleur ? »
- Client : « Je remarque que le soleil brille toujours par-dessus les nuages, même la nuit quand on ne le voit pas. Autrement dit, il ne se soucie pas de plaire, ou de faire plaisir. Peu lui importe que des gens reçoivent son rayonnement ou pas : il rayonne et c’est tout ! Cette image du soleil m’inspire que je dois être positif comme l’est le soleil, et apporter aux autres sans distinctions, sans trop me soucier du résultat. Me concentrer à chaque pas sur ce que j’ai à faire, partir de moi-même et offrir le meilleur de ce que je suis, au lieu de chercher parfois à me conformer à une image… »
- Coach : « Super cette image du soleil et ce qu’elle vous inspire. Finalement, vous êtes un peu aussi en train de dire que le soleil est « bien centré ». Il est au centre de son système d’ailleurs. C’est les autres planètes qui tournent autour de lui. Qu’est-ce que cela pourrait vouloir dire pour vous : être plus centré ? »
- Client : « Etre davantage moi-même ? Et cesser de chercher à me conformer aux attentes des autres… »
- Coach : « Oui ? Comment pourriez-vous être davantage vous-même ? »
- Client : « C’est un long chemin. Je dois me débarrasser de pas mal de conditionnements, de choses que j’ai empruntées à droite à gauche pour me construire un « costume », celui de ma personnalité professionnelle. C’est le chemin de toute une vie ! »
- Coach : « Par chance : la vie du soleil est très longue, je crois ? »
- Client : « Mais je suis déterminé à aller vite, et à faire un travail sur moi-même pour me développer dans ce que je suis profondément… »
- Coach : « Au-delà des idées, des pensées, des concepts à propos de ce que vous êtes ou n’êtes pas : là, maintenant, ici dans cette pièce, qu’est-ce qui est présent dans votre attention quand vous fermez les yeux et vous mettez à l’écoute attentive et profonde de ce que vous êtes ? »
- Client : « Je sens mon corps, je sens en particulier ma respiration… »
- …
- Client « Même si je ne suis pas mon corps, je peux être attentif à ce que je suis dans mon corps ! Je me rends compte que j’étais parti avec ma tête dans l’idée de faire comme un coach en proposant des questions astucieuses aux autres pour les challenger, alors que la première chose à faire c’est d’être moi-même, en commençant par habiter bien mon corps… »
- Coach : « Ceci dit, que faîtes-vous de votre idée de départ : apprendre à poser des questions puissantes ? C’est peut-être une bonne manière de « terminer le geste », une fois que vous êtes dans cet état de rayonnement solaire… une manière de prolonger votre état intérieur en le traduisant dans les actes, d’exprimer votre présence et votre engagement, tout en laissant à l’autre le soin d’investir ou non l’espace d’exploration que vous lui ouvrez. Vous pouvez aussi vous exercer à cette pratique, elle est très intéressante (ce n’est pas moi qui vous dirait le contraire :-)… Comment envisageriez-vous votre entraînement ? »
- Etc… (la séance se poursuit quelques minutes encore)
- Client : » Pour finir, j’aimerais parler de toute autre chose : j’ai appris qu’un poste important se libérait au codir et je me demandais si je ne pourrais pas postuler… »
- Coach : « Comment postuler pourrait-il représenter un pas en avant dans votre dynamique de « challenger » ? «
- Client : « Ah oui, en effet. Finalement, c’est toujours le même thème… »
- Coach : « Que ferait le soleil, à votre place, lui qui est bien centré ? »
- Client » Il prendrait son temps, il proposerait sa candidature, mais n’en ferait pas toute une histoire, continuant à rayonner avec son équipe sur le reste de l’entreprise… »
- Etc…
Challenger les autres ? Développer son Feu intérieur ? C’est quoi au juste ?
- Challenger ce n’est pas forcément chercher à repousser les limites des autres, toujours chercher un truc à leur demander en plus (au point de se rendre d’ailleurs épuisant pour tous) ! Challenger c’est -d’abord en se challengeant soi-même – : être simplement soi, complètement.
- Challenger les autres, c’est en les réchauffant avec bonté et générosité, avec désintéressement quant au résultat (ce qu’ils feront de ce qu’ils reçoivent) qui leur appartient.
- Challenger c’est être tellement respectueux de l’autre, qu’on ne se permettrait pas de prendre l’initiative de le repousser dans ses retranchements s’il n’en fait pas d’abord la demande explicite (« je te demande de m’aider à dépasser cette croyance qui me limite, à aller au-delà de ce blocage qui me coûte vraiment trop cher, etc… »).
- Challenger c’est garder le cap sur les étoiles, soi-même, et rester fidèle à sa pratique, soi-même. Peu importe que les autres s’en rendent compte ou non. Peu importe si cela leur plaît. en fait, cela ne regarde que moi, responsable de ce choix, et libre au moins dans cette petite mesure.
- Et peut-être même : se payer le luxe d’être un peu cool avec soi-même en prime, parce que je ne suis pas toujours « au top » et c’est en l’admettant que je serai finalement le plus performant ! Et si le paradoxe du « challenger » c’était de savoir se montrer compréhensif et conciliant, si l’exigence s’appliquait d’abord à soi-même, quant au respect des rythmes et des ambitions des autres, qui leur appartiennent et ne me regardent pas ?