Se sentir responsable et se sentir coupable sont des vécus intérieurs a priori assez proches. Pourtant il y a une différence colossale entre les deux. L’une est positive, l’autre est maladive :
- Se sentir responsable prouve l’acuité de la conscience
- Se sentir coupable prouve que la conscience est embrouillée et que certaines confusions n’ont pas encore été dénouées
Dans cet article, qui vient compléter le précédent sur le sentiment de culpabilité, nous développerons la distinction entre ces deux ressentis.
Se sentir responsable
Le fait de se sentir responsable vous pousse à l’action positive et constructive. Le sentiment de responsabilité vous incarne dans le présent et vous oriente vers le futur. La responsabilité vous place au coeur du système.
- Tenant compte des enseignements de l’expérience, à l’avenir vous vous y prendrez différemment, mais vous n’entretenez ni remords ni regrets.
- Le passé est passé, c’est un socle, qui justement permet votre prise de conscience actuelle grâce aux erreurs que vous avez commises précédemment. Si vous pouviez changer le passé, vous ne le feriez probablement pas, parce qu’il faut bien qu’il ait eu lieu pour que vous puissiez rectifier le tir aujourd’hui.
Se sentir coupable
Refuser que le passé soit ce qu’il a été n’est pas le signe d’un sentiment de responsabilité, mais plutôt celui d’un sentiment de culpabilité. Se sentir responsable traduit un haut niveau d’engagement (et donc parfois un certain développement intérieur). Vous vous sentez fraternellement engagé vis-à-vis des autres humains, qui partagent votre condition humaine, et donc d’une certaine manière, vous vous tenez profondément « solidaire » des erreurs commises par l’humanité toute entière, à toutes ses époques. Vous ne jugez pas, vous comprenez, vous assumez, même si vous ne cautionnez pas (des massacres par exemple) et n’approuvez évidemment pas tout. Par exemple, à l’égard de la planète, polluée à mort par nos industries :
- Vous reconnaissez qu’il y a dans votre nature le même fond que chez les humains qui la détruisent sans conscience. Vous êtes parfaitement conscient des conséquences dramatiques que tout cela engendre en ce moment même, et vous vous sentez co-responsable avec les autres, parce que vous comprenez que si vous aviez partagé les mêmes conditionnements intérieurs et les mêmes contraintes externes, vous auriez probablement procédé aux mêmes actes.
- Mais vous n’y êtes objectivement pour rien, vous n’êtes pas coupable de la déforestation en Amazonie, sauf peut-être d’une manière très indirecte, parce que vous respirez le même air que ceux qui décident des pollutions… Même si vous êtes écolo, vous habitez bien quelque part et vous mangez bien quelque chose ! Et même en faisant très attention (même en mangeant bio et en ne jetant pas vos papiers gras par terre) vous êtes quand même pris dans le système, comme un poisson qui vivant dans le même bocal que les autres, supporte les conséquences des erreurs de tous !
Le sentiment de responsabilité, vous centre et vous calme, contrairement au sentiment de culpabilité, qui vous agite et vous décentre. Le fait de se sentir coupable vous fait éprouver non seulement des regrets mais des remords : vous voudriez avoir fait quelque chose, et n’avoir pas fait autre chose. Et comme vous n’y pouvez rien changer, vous êtes malheureux dans le présent à cause du passé, et continuerez à l’être dans le futur, du moins tant que vous alimenterez ce processus mental.
Se juger soi-même
Se sentir coupable, c’est se juger, se condamner soi-même, se sanctionner même. Se sentir coupable fait qu’on a une mauvaise estime de soi, qu’on se méprise, qu’on se déteste même ! Dans ce processus, il y a une division intérieure :
- il y a un « moi » d’avant qui a fait ou pas fait quelque chose
- et il y a un « moi » d’aujourd’hui, qui réprouve ce qui a été fait ET le « moi’ d’avant qui l’a commis.
Et vous, vous vous prenez pour chacune de ces deux parties de vous-même, vous croyez vous diviser entre ces deux parties et vous devenez le champ d’une guerre civile entre ces deux « petits mois » : le coupable, et le juge. Après, évidemment, le jeu de division se complique, car survient un autre « moi » qui souffre d’être victime de cette petite schizophrénie, et puis il y a cet autre « moi » qui entreprend une thérapie, ou qui « fait de la spiritualité » pour racheter ses très grandes fautes, etc… Et le processus de division étant enclenché, rien ne peut l’arrêter, sauf de le voir et de cesser de l’alimenter.
Cesser de se sentir coupable
Voir que vous n’êtes aucun de ces « petits mois », mais qu’ils apparaissent tous dans le champ de la conscience que vous êtes. Ils sont comme des crampes qui apparaissent localement dans un muscle, une densification artificielle dans la vaste étendue de ce que vous êtes. Vous pouvez constater qu’il se passe quelque chose, comme du regret ou du remords, mais sans partir avec et vous identifier à ce mouvement. Vous voyez cela comme apparaissant en vous, sans être vous-même (puisque vous êtes celui qui l’observe et le constate).
- Vous n’êtes pas coupable de cette maladie mentale, vous en êtes victime et vous l’ignorez, tant que vous ne l’avez pas identifiée comme telle, tant que vous n’êtes pas conscient du processus (qui fait que d’une manière conditionnée, vous vous identifiez à ces personnages, qui tour à tour se présentent comme étant vous-même !)
- Mais, dès lors que vous voyez ce qui se passe, vous vous êtes distancié pour constater avec honnêteté (par exemple en lisant ces lignes), le jeu continuera mais vous en serez conscient ! Vous devenez responsable de guérir, par vous-même et pour vous-même. On peut vous accompagner mais pas le faire à votre place.
Du coup, vous vous reconnectez à votre profondeur, et vous voyez, il n’y a aucune place véritable pour la culpabilité (sauf dans la justice, mais cela c’est autre chose !). Se sentir coupable n’a aucun sens, parce qu’on n’est jamais coupable intérieurement. En revanche, on est toujours responsable, de tout ! C’est étrange de sortir la tête de la fascination du jeu, pour se voir en train de jouer, et de s’y croire ! Vous découvrez que c’est tout l’inverse de ce qui était cru précédemment… (voir le mythe de la caverne de Platon)
C'est beaucoup plus simple que vous ne l'imaginez. Quelques séances de coaching peuvent vous aider à vous recentrer, à y voir clair et à prendre quelques décisions salutaires. Ne restez pas seul(e) avec votre difficulté. Voyez courageusement comment la résoudre, ou comment vivre avec !
Voir l'offre de coachingCesser de se prendre pour le personnage
Quand parfois on cesse de se prendre pour son personnage, on découvre qu’on n’est pas coupable, qu’on a fait ce qu’on a pu, qu’on croyait bien faire même, et que se juger ou juger les autres n’a aucun sens (sauf si c’est votre métier et que vous exercez un arbitrage social, mais même dans ce cas, vous le faîtes avec tout votre sérieux, mais sans vous prendre vous-même au sérieux, imaginant que porter une perruque vous placerait au-dessus des autres pour les juger « moralement »…Le plus intelligent dans ce cas serait peut-être d’exercer un jugement « fonctionnel », en s’impliquant dans la réflexion mais pas dans l’affect, pour rendre un jugement en son âme et conscience, mais sans implication psychologique personnelle)
Une vie plus légère
Dans cette perspective, la vie devient beaucoup plus légère, parce que vous cessez de vous diviser, et vous découvrez la compassion et la solidarité de votre nature profonde, même envers les « coupables » aux yeux de la morale et de la loi. Vous ne perdez pas de temps à juger, ni les autres ni vous-même. Vous constatez, éventuellement vous comprenez. S’il le faut, vous prenez position extérieurement, mais intérieurement : cela ne vous concerne pas, même quand il s’agit de vous-même… Au lieu de vous rigidifier, de vous défendre ou de vous accabler (et on peut faire les trois à la fois !), vous accueillez ce qui est là, en vous et autour de vous, comme s’il s’agissait d’une visite de bonne augure et d’une opportunité. En quelque sorte c’est toujours la vie qui frappe à votre porte… en ce sens, j’aime à me souvenir que « Tout est opportunité! » (mais il ne faut pas le dire trop fort, parce que certains qui croulent ponctuellement sous la souffrance psychologique, ne peuvent pas entendre cette vérité, qu’ils pourraient presque prendre pour une provocation). Pour explorer cette liberté intérieure qui vous est disponible maintenant (et depuis toujours, en fait), vous pouvez faire quelques pas en compagnie d’un coach, un autre vous-même en quelque sorte, qui chemine dans cette orientation. Pas pour recevoir des leçons ou des conseils, juste pour explorer à deux, et mieux profiter du voyage, en bénéficiant du miroir du coach qui vous invite à apprécier le paysage.
Syndrome de l’imposteur
Se sentir indigne : nombre de mes clients sont affligés par des difficultés et des tensions en diverses situations de leur vie, telles que : prendre la parole en public, devoir confronter son patron, oser dire non pour se faire respecter, prendre une décision structurante qui engage leur responsabilité, etc…
Par exemple, une jeune femme brillante, dont le métier est d’animer des groupes d’intelligence collective, dans un contexte de co-développement au sein d’un grand cabinet de conseil. Le fait de devoir prendre la parole en public, qui est pourtant son quotidien, est une situation pour laquelle elle est assez douée. Mais il se trouve qu’elle est souvent atteinte d’angoisse au moment de prendre la parole, dans les premières secondes.
Du coup, avant une présentation importante, elle se réveille la nuit, elle a parfois la sensation de perdre ses moyens, et on lui reproche de ne pas être suffisamment « présente » dans certaines de ses interventions. Pourquoi cela lui arrive-t-il ?
C’est ce que nous explorons ensemble, et très vite (en quelques minutes) nous identifions qu’elle se met elle-même une énorme pression avec le fait d’être à la hauteur quand elle est face à un public. Quel est l’enchaînement des émotions et pensées, qui comme les maillons d’un collier produisent le sentiment d’indignité, de non mérite, l’impression qu’elle va être jugée incompétente et finalement démasquée comme imposteur ?
Dialogue intérieur
- Si je ne suis pas à la hauteur, je vais être jugée.
- On va découvrir qu’en fait je suis nulle (c’est du moins là un fantasme comme dans un cauchemar, parce qu’ entre nous, cette personne ne pense pas du tout qu’elle est nulle, même si une part d’elle, ressent profondément cette croyance. C’est étonnant comme nous les humains, nous sommes souvent tiraillés entre des contradictions intérieures !)
- Du coup, on va me juger, me critiquer, me mépriser, éventuellement me renvoyer… m’abandonner finalement !
- Et si je suis abandonnée par tous au bout du compte (parce que de situations en situations, je pourrais finir par être démasquée dans toutes les circonstances et vue comme nulle par tous dans tous les domaines… Eh oui, l’inconscient n’a pas peur des exagérations !), je ne serai pas aimée, donc pas aimable… et donc moi non plus je ne m’aimerai plus !
- D’ailleurs, je ne m’aime pas, et c’est pour cela que je doute de moi-même. Mais l’échec me confirmerait le mépris dans lequel je me tiens moi-même.
- Et là je serai au fond : étant nulle et abandonnée, même par moi-même, j’aurai honte, je ne serai plus rien, je disparaîtrai…
Vous voyez ce qu’il y a en-dessous de se sentir indigne, pas à la hauteur ? La peur de disparaître et le fait de ne pas s’aimer soi-même.
Se libérer de la honte
Un tel travail sur soi pourrait aussi bien relever de la psychothérapie que du coaching, tout dépend du niveau de profondeur où on engage le travail. En coaching, on va travailler pour retrouver du confort dans la situation externe, en l’occurrence dans mon exemple, dans la prise de parole en public. Ma cliente ne demande pas à être libérée du poids de la honte, elle demande juste à se sentir plus confortable dans les situations où elle prend la parole devant un groupe. Elle veut cesser de craindre le jugement d’autrui, et se défaire de l’angoisse qui l’étreint depuis la petite école, quand elle passait au tableau et devait répondre devant la classe aux questions des enseignants. Nous faisons cela en 3 séances :
- Voir clairement ce qui se passe, le mécanisme de manque de confiance en soi, la peur de ne pas être aimée et d’être abandonnée, la honte de ne pas être à la hauteur et le sentiment de culpabilité qui en résulte, voir où ça prend racine dans l’histoire de sa vie et dans son corps, maintenant.
- S’exonérer des croyances limitantes enfantines, qui associent le fait de prendre la parole devant un groupe et le fait de se retrouver méprisée par tous et de disparaître.
- Nettoyer ces mémoires passées, revisiter ces scènes concrètes, vécues dans le passé, pour les reprogrammer mentalement de façon plus positive
- Se préparer mentalement aux prochaines interventions en public, en prenant appui sur des bonnes pratiques et en mobilisant des ressources pour parvenir à un bon résultat
Ainsi au bout du compte, auront été traités dans le même voyage :
- le fait de se sentir coupable et honteux, ainsi que le manque d’estime de soi sous-jacent
- l’angoisse professionnelle de prendre la parole et les symptômes associés, forts désagréables au demeurant
- la performance en situation opérationnelle
- et en cerise sur le gâteau, nous aurons modélisé comment travailler sur soi-même en d’autres circonstances qui pourraient encore apparaître, sous d’autres formes éventuellement
Manque d’estime de soi
Les personnes qui se sentent coupables, ont peur d’une faillite personnelle, parce qu’elles ont honte d’avoir commis un crime imaginaire (dont ils sont évidemment innocents).
- ne pas avoir été gentille avec maman
- avoir eu de mauvaises notes
- avoir été plus brillant que son petit frère
- avoir mieux réussi ou avoir déçu son papa
- avoir le sentiment d’avoir trahi la confiance de quelqu’un en osant être soi-même et en se faisant respecter
Tout cela se passe dans l’inconscient et relève de fantasmes projetés pendant l’enfance. Mais à l’âge adulte, ils se sont densifiés, sous forme de croyances limitantes, telles que :
- je ne le mérite pas
- je n’oserai jamais
- je ne peux pas réussir
- je n’en ai pas le courage
- il est normal que je souffre
- je ne vaux pas grand chose
- etc…
L’erreur de se croire limité à « moi »
Ces croyances limitantes ne sont pas ridicules, même si elles sont enfantines et absurdes évidemment. Tout cela, c’est de la souffrance à l’état pur, des élucubrations mentales issues de la croyance fondamentalement fausses, notamment celle que nous serions notre personnalité (et une personnalité mauvaise évidemment !). Le mot personnalité vient du grec ancien “Per-sona” qui désignait les masques grecs par lesquels passait le son pour être amplifié. Cela donne une image de la fausseté de la personnalité, c’est un masque social. Il en faut un probablement, mais le problème c’est qu’on s’identifie à lui au point de croire que nous sommes notre masque !
Nous ne sommes pas notre personnalité, qui n’est qu’un agrégat disparate et incohérent de pièces rapportées ça et là des interprétations que nous nous sommes faits inconsciemment de l’image que les autres nous ont renvoyée de nous-même… Notre personnalité serait comme un personnage qui aurait un caractère , des possessions, des personnes « qui lui appartiendraient » (ses parents, ses enfants, ses amis…). Vous n’êtes pas ce personnage, cette personnalité qui ne tient qu’avec de grosses ficelles… Tout part de là. Et souvent, le fait de se sentir coupable, nous fait nous mettre nous-même dans des situations d’échec :
- non seulement parce qu’on manque de confiance en soi et qu’à cause de cela les ressources nous manquent pour réussir
- mais aussi et surtout parce que cela nous confirme notre indignité et confirme ainsi notre personnalité (ce « moi » douloureux, qui vaut tout de même mieux que le néant. C’est du moins ce qui est cru inconsciemment, et qui fait qu’on se maintient dans ces illusions douloureuses).
Se sentir coupable, fait qu’on se fait souffrir pour se punir, c’est de l’auto-sabotage ! Cela peut aussi se manifester par le fait de faire souffrir les autres. Alors on dit que c’est du masochisme, ou du sadisme, mais à la racine ce n’est que de la honte et de la terreur de disparaître, de la terreur de n’être rien.
Formes de culpabilité
- Parfois se sentir indigne, est lié à un évènement passé qu’on ne digère pas : on regrette un acte qu’on a commis il y a longtemps. Il peut alors s’agir de faire la paix avec soi-même ou avec un proche. A défaut de cela, on se reproche sans cesse un fait dont on n’est éventuellement même pas coupable : c’est le cas de l’enfant qui se sent responsable du divorce de ses parents.
- Parfois on s’empêche d’agir ou de parler de peur de déranger, ou de se rendre coupable de quelque nouvelle erreur. C’est de la culpabilité par anticipation…
Les solutions à la culpabilité
Il faut accepter le fait que l’on n’est pas forcément responsable du malheur des autres. Et qu’on peut réparer nos erreurs, qui ne sont pas des « fautes », qu’on peut pardonner aux autres, comme on peut se pardonner et faire la paix avec soi-même… On n’est responsable que de ses propres actes, pensées et paroles. C’est déjà énorme. Quant aux autres, c’est la même chose pour eux. Si j’ai dit quelque chose, c’est am responsabilité, si l’autre se sent offensé, c’est la sienne… Sans cette vision claire des responsabilités de chacun, on s’enferme et on en ferme l’autre dans un rôle de victime. Poser des mots sur les ressentis, et remonter la chaîne de fausses croyances, comme dans notre exemple. Il faut quelques séances de travail sur soi en coaching pour cesser de garder ce qui nous étouffe, et se libérer du poison qui nous pourrit la vie. Ensuite, le soleil brille et iil ne reste plus qu’à construire de nouveaux comportements à partir de la liberté retrouvée et du sentiment de pleine responsabilité de sa vie. Prenez rendez-vous pour quelques séances.