Dans cet article, nous allons décrire les principales difficultés que rencontrent les jeunes coachs dans la pratique concrète du coaching, c’est-à-dire dans la conduite des séances, la relation avec le client et le maintien du cadre.
Ces situations sont souvent déstabilisantes car elles mobilisent à la fois leur posture, leur capacité d’écoute, leur ancrage éthique et leur confiance en eux.
1. Ne pas savoir quoi dire quand le client “ne parle pas”
Exemple : un client arrive en séance, s’installe, et reste silencieux. Le jeune coach panique intérieurement, se demande s’il doit poser une question, orienter, relancer… Il craint que le vide mette en péril la séance.
Ce que cela révèle : une peur du silence, souvent liée à un besoin de “remplir” ou de prouver qu’on est utile.
2. Se sentir impuissant face à une émotion forte du client
Exemple : une cliente fond en larmes après une prise de conscience douloureuse. Le coach sent que c’est un moment important, mais ne sait pas s’il doit “contenir”, reformuler, ou simplement se taire.
Ce que cela révèle : une difficulté à accueillir l’émotion sans vouloir la « réparer » ou la fuir.
3. Avoir du mal à poser un cadre clair
Exemple : un client déborde régulièrement du temps imparti ou transforme la séance en brainstorming opérationnel. Le coach n’ose pas recadrer, par peur de casser le lien.
Ce que cela révèle : un manque d’ancrage dans sa propre autorité de coach et une confusion entre bienveillance et laxisme.
4. Se sentir en échec quand le client « n’avance pas »
Exemple : après plusieurs séances, le coach sent que le client tourne en rond, ne prend pas de décision, reste dans la plainte. Il doute de son efficacité, se sent illégitime.
Ce que cela révèle : une croyance que le coach est responsable du progrès, ce qui nuit à la posture de neutralité.
5. Être en difficulté face à un client très rationnel ou analytique
Exemple : un client sur-intellectualise tout. Il répond aux questions par des théories, analyse tout ce qu’il dit lui-même. Le coach a du mal à l’emmener vers le ressenti ou l’intuition.
Ce que cela révèle : une difficulté à confronter en douceur, à inviter le client à descendre dans son expérience corporelle ou émotionnelle.
6. Se retrouver “aspiré” dans une relation trop amicale ou affective
Exemple : un client raconte des éléments très personnels et exprime sa reconnaissance. Le coach se sent flatté, valorisé… et perd un peu de sa neutralité.
Ce que cela révèle : un risque de confusion entre relation d’alliance et relation de sympathie, voire de dépendance affective.
7. Ne pas oser poser une question confrontante ou puissante
Exemple : une question forte émerge, mais le coach la retient par peur d’être intrusif ou maladroit. Il reste dans une zone “safe” et consensuelle.
Ce que cela révèle : une difficulté à faire confiance à son intuition et à l’alliance de travail déjà construite.
8. Être désarçonné quand le client dit “je ne sais pas” ou “je ne vois pas”
Exemple : une question est posée et le client répond “je sais pas…” de manière récurrente. Le coach ne sait pas comment relancer sans forcer.
Ce que cela révèle : une peur de ne pas faire avancer le client, et parfois un manque de créativité dans les reformulations ou le changement de canal (ex : image, métaphore, sensation).
9. Ne pas savoir quoi faire quand un client aborde un sujet hors du champ du coaching
Exemple : un client parle de traumas passés, d’épuisement grave ou de troubles psychiques. Le coach sent qu’on sort du cadre mais n’ose pas l’interrompre ou proposer une réorientation.
Ce que cela révèle : un flou sur les limites éthiques du coaching et un manque de repères pour poser des frontières saines.
10. Se juger trop pendant la séance
Exemple : un coach pense en boucle “je ne suis pas assez bon”, “je n’ai pas la bonne posture”, “cette question est nulle”. Cela coupe l’écoute et crée de l’auto-sabotage.
Ce que cela révèle : une fragilité de la posture intérieure, typique des débuts, et un besoin d’intégration plus profonde de la confiance en soi comme ressource.
Dans ces exemples, les difficultés ne sont pas des erreurs : elles font partie intégrante de l’apprentissage du métier. Ce sont justement des matériaux précieux à explorer en supervision. Elle permet de transformer ces zones d’inconfort en prises de conscience professionnelles durables, au service d’un coaching plus incarné, plus libre et plus solide.
Quand la technique ne suffit plus : pourquoi les jeunes coachs ont besoin d’un espace de supervision exigeant
Devenir coach professionnel, ce n’est pas seulement apprendre à poser de bonnes questions ou suivre un protocole. C’est entrer dans un métier de présence, d’écoute, d’impact humain. C’est incarner une posture juste dans des situations toujours mouvantes. Et c’est précisément là que surgissent les vrais défis : pas dans la théorie, mais dans l’expérience vécue.
Beaucoup de jeunes coachs sortent de formation avec une solide boîte à outils, mais dès les premières missions, un malaise subtil s’installe. Ils sentent qu’il manque quelque chose. Pas de la compétence technique, mais de l’assurance dans l’incertitude, de la liberté dans l’action, de la finesse dans le positionnement.
Ces moments où le doute s’installe malgré les compétences acquises
Le doute ne vient pas d’un manque de bonne volonté. Il surgit lorsque les situations sortent du cadre prévu. Quand un client se tait longuement et que le silence devient pesant. Quand un client se met à pleurer et que le coach se demande s’il doit “faire quelque chose”. Quand le client parle pour la dixième fois du même sujet et que rien ne change. Quand la séance dérape vers du conseil déguisé ou du bavardage.
Ces situations génèrent une frustration sourde, souvent tue : le sentiment de ne pas être à la hauteur, d’improviser, de trahir malgré soi la qualité de la relation. Cette frustration est amplifiée par le fait que, dans le coaching, tout repose sur la posture. Pas de slide, pas de livrable, pas de stratégie à dérouler. Juste soi, son écoute, et la qualité du lien.
Or, cette posture, elle s’éprouve. Elle ne s’apprend pas uniquement en formation. Elle se cultive dans un espace d’exploration sincère, où les impasses deviennent des terrains fertiles de croissance.
Un désir profond : progresser pour être à la hauteur de ce métier
Sous la gêne ou le flottement se cache presque toujours un désir sincère de progresser. Non pas pour “performer”, mais pour honorer la puissance du métier.
Ce désir est exigeant. Il pousse à vouloir affiner sa posture, incarner pleinement la qualité d’écoute, savoir accueillir l’émotion sans vouloir la gérer, tenir un cadre ferme sans rigidité, savoir quand se taire, quand intervenir, comment ajuster son niveau d’intensité ou de présence.
Et surtout, il pousse à vouloir constater que ce que l’on fait produit un effet juste. Que le client bouge, avance, se transforme… non pas grâce à notre conseil ou notre savoir, mais grâce à un accompagnement fin, respectueux, rigoureux, vivant.
C’est cette joie-là qui marque un vrai tournant dans la vie d’un coach. Ce moment où l’on se dit : “Là, j’ai vraiment été utile. Ce que je fais a de la valeur.” Et cette fierté-là, cette dignité professionnelle, elle ne vient pas toute seule. Elle se construit dans un cadre de progression et de questionnement honnête : la supervision.
La supervision systémique : un levier de croissance identitaire, pas juste un contrôle qualité
La supervision, ce n’est pas “vérifier si le coach fait bien”. Ce n’est pas non plus “parler entre pairs de nos pratiques”. C’est un espace professionnel où le coach peut travailler sur lui, à partir de son lien au client, en présence d’un superviseur formé à écouter les jeux systémiques, les échos émotionnels et les dynamiques implicites.
Je propose une supervision systémique, c’est-à-dire une supervision qui prend en compte :
- le coach et sa posture intérieure
- la relation spécifique avec le client
- le système dans lequel le client agit
- les résonances personnelles, inconscientes ou implicites qui émergent dans la relation
Ce type de supervision est à la fois très concret (on part d’un cas réel) et très profond (on explore ce qui se joue en arrière-plan de l’intervention). Elle permet :
- d’éclairer une impasse relationnelle
- d’identifier une projection ou un mécanisme inconscient
- de renforcer l’alignement entre posture, intention et action
- de travailler la solidité intérieure et la liberté d’intervention
- de différencier ce qui relève du coaching, du conseil, de la thérapie, ou du sauvetage
La supervision systémique n’est pas un lieu de correction, c’est un laboratoire de discernement professionnel. On y travaille à affiner son art, à repérer ses angles morts, à ajuster ses pratiques pour rester juste, efficace et ancré.
Trois récits de supervision impactante
1. Camille, jeune coach, en difficulté face au silence d’un client
Camille accompagnait un dirigeant très taciturne. Dès la deuxième séance, il restait longuement silencieux, répondait par monosyllabes. Camille sortait de chaque séance épuisée, convaincue d’avoir “raté” l’échange.
En supervision, elle a pu revisiter la situation. Elle a d’abord exprimé sa gêne : « j’ai l’impression de ne pas exister ». Puis elle a réalisé que ce silence réveillait une vieille peur d’être ignorée. Elle voulait trop bien faire, elle remplissait les blancs. Ensemble, nous avons travaillé sur sa capacité à soutenir le silence sans le fuir, à faire confiance à l’espace vide.
Lors de la séance suivante avec son client, Camille a osé rester dans le silence. Elle a simplement dit : “Je sens que vous avez besoin de temps. Je suis là.” Son client a fini par formuler une peur très enfouie liée à une décision de transmission d’entreprise. Ce fut un point de bascule dans l’accompagnement. Camille a retrouvé de la présence, de la confiance, de la puissance contenue.
2. Nicolas, coach débutant, trop proche d’un client en reconversion
Nicolas accompagnait un client qu’il “adorait”. Il le trouvait brillant, inspirant, presque un miroir de lui-même. Sauf qu’il ne le confrontait jamais, validait toutes ses hypothèses, et laissait passer des incohérences manifestes.
En supervision, il a pu nommer son admiration, et voir qu’il avait inconsciemment placé son client sur un piédestal. Cela l’empêchait de jouer pleinement son rôle de coach. Nous avons travaillé sur la confusion entre sympathie et alliance, et sur la posture d’égal à égal.
Nicolas a ensuite osé poser une question confrontante en séance : “Est-ce que vous cherchez une reconversion, ou simplement à échapper à l’inconfort de votre poste actuel ?” Le client a été surpris, puis soulagé. Il a reconnu qu’il n’avait jamais osé se poser cette question. Cela a relancé tout l’accompagnement. Nicolas a gagné en justesse relationnelle et en clarté de rôle.
3. Hélène, coach en transition, qui doute de sa légitimité
Hélène avait obtenu ses premiers clients, mais sortait de chaque séance avec la sensation de n’avoir pas “fait grand-chose”. Elle pensait que le client attendait plus, qu’elle n’apportait pas assez de valeur. Elle envisageait de “rajouter des outils” à chaque séance pour “justifier” son tarif.
En supervision, nous avons observé cette pression intérieure : devoir prouver, faire ses preuves, mériter sa place. Derrière cela, un vieux schéma d’élève modèle. En l’explorant, elle a pu reconnecter avec la puissance d’une écoute pleine, avec le fait que le vrai levier du coaching n’est pas dans les outils, mais dans la qualité de présence.
Peu à peu, elle a arrêté de surjouer. Elle a osé laisser respirer les séances, poser des questions plus simples, plus profondes. Les retours clients sont devenus plus riches, plus authentiques. Elle a retrouvé la joie et la dignité du métier, sans avoir besoin de se justifier.
Une invitation à aller plus loin : supervision systémique individuelle
Je propose des accompagnements de supervision pour coachs qui souhaitent :
- renforcer leur posture dans les situations délicates
- clarifier leur rôle, leur cadre, leur impact
- explorer les résonances personnelles qui influencent leur pratique
- développer leur présence, leur finesse et leur puissance d’intervention
Il ne s’agit pas seulement de “corriger” une séance. Il s’agit de grandir dans sa posture de coach, d’affiner son art, de devenir plus libre, plus fin, plus ancré.
Si vous sentez que certaines situations vous bousculent, si vous avez envie de progresser sans vous déformer, si vous souhaitez offrir à vos clients un coaching plus juste, plus profond, plus puissant : ce travail est fait pour vous.

Je vous propose un premier échange sans engagement pour poser vos enjeux et voir quel cadre serait le plus adapté. Écrivez-moi pour en parler, ou prenez directement rendez-vous par téléphone : Paul Devaux 06.71.84.97.06
Vous n’êtes pas seul. La supervision, c’est l’espace où l’on cesse d’avoir à “faire semblant d’aller bien”, pour redevenir un professionnel en mouvement, humble, curieux, en quête d’excellence.
Voici quelques articles sur la supervision systémique :