Qu’est-ce que sont les pensées toxiques ? Comment des pensées toxiques peuvent-elles nous atteindre et provoquer des maladies ou des accidents dans notre vie ? Quelle est notre part de responsabilité vis-à-vis des pensées toxiques, et comment nous en protéger ?
La pensée déclenche l’émotion
La pensée déclenche des émotions, qui finissent par atteindre le corps de diverses manières :
- Quand les pensées sont « positives », elles déclenchent des émotions positives, qui elles-mêmes induisent des réactions physiologiques dans le métabolisme qui sont bonnes pour sa santé. Mais, au-delà de la santé, et des sensations de bien-être dans le corps, des pensées saines engagent une spirale positive, qui enclenche une chaine de réussites.
- En revanche, s’il s’agit de pensées toxiques, c’est-à-dire de pensées disqualifiantes vis-à-vis de nous-même (par exemple « je ne suis pas à la hauteur », ou bien « ça ne va pas marcher », ou bien « ils vont finir par se rendre compte que je ne suis pas légitime », etc…) et qu’elles « insistent » au point de revenir en boucle de façon récurrente, alors les émotions entretenues finissent par provoquer dans le corps et dans l’environnement physique des conséquences concrètes désastreuses. Nous allons voir comment.
L’impact des pensées toxiques
Cela commence avec une sensation oppressante, assez diffuse que l’on cherche inconsciemment à ne pas ressentir, en s’occupant à diverses activités et distractions, qui visent à recouvrir la sensation. Cette stratégie, que nous adoptons tous, sans en être conscients, risque de nous mener au pire, si nous n’avons pas l’occasion d’éprouver des émotions positives, pour équilibrer. Cependant, la fuite en avant consistant à trouver le moyen de s’oublier et de ne pas ressentir à travers des activités extérieures (sensées nous permettre d’éprouver des émotions positives et des sensations de bien-être), risque de nous mener progressivement à la dépendance de ces activités. Il s’agit là d’un processus d’accoutumance, qui « creuse notre tombe » (ou en tous cas notre dépendance), tant que les pensées toxiques ne sont pas vues et éliminées.
Quand la fuite devient compulsive
Tôt ou tard, les activités de fuite finissent par devenir compulsives :
- s’adonner à diverses addictions (jeu, sexe, travail au-delà de toute mesure, gagner ou dépenser de l’argent avec frénésie, etc…)
- consommer des substances diverses (de l’alcool, des drogues, des sucreries, des tranquillisants, etc…)
- s’abrutir d’informations – programmes télé, internet, etc…,
- ou tout simplement, s’étourdir dans une vie remplie de contraintes et d’obligations, qui empêchent la présence à soi-même et le ressenti de l’intérieur de soi.
Autant de comportements et d’activités, malheureusement assez banales, qui sont l’expression d’un mécanisme de fuite en avant, visant à éviter d’éprouver les sensations sous-jacentes désagréables, engendrées par les pensées toxiques.
Saturation
Pendant un temps, s’affairer ainsi suffit à s’empêcher de ressentir le malaise provoqué en soi par ces pensées toxiques. Mais au bout d’un certain temps, on arrive au bout de l’impasse du « trop » (trop d’aliments ou trop de régimes, trop de travail, ou trop de tout ce que vous voudrez… l’être humain est très créatif pour trouver des façons d’éviter de ressentir). Alors, le malaise s’accentue (dont on a généralement pas conscience de la cause, puisqu’on est justement allé dans le trop pour ne plus le voir, et tenter de l’oublier en l’enfouissant) et cela commence à s’accompagner de troubles plus visibles :
- obsessions, angoisses, insomnies, sur réactions émotionnelles
- se défendre de pseudo agressions, jusqu’ici supportées mais paraissant soudain insupportables, du coup : se disputer de façon répétitive avec son entourage proche, se montrer susceptible et irritable à l’excès,
- être accablé d’une fatigue chronique, qui confine à l’épuisement
- commencer à souffrir de maux bizarres, allant d’une baisse d’immunité qui fait qu’on attrape tout ce qui passe comme virus, jusqu’à diverses autres souffrances telles que : des acouphènes, des vertiges, des baisses de tensions soudaines, des accélérations cardiaques inquiétantes, etc…
- commettre diverses erreurs d’inattention, avoir sans cesse des petits accidents, se faire mal de différentes façons, tomber malade à répétition, avoir plein d’ennuis qui arrivent en même temps (en fait c’est une accumulation d’erreurs, qui finissent pas retomber en même temps sur la tête). Dans ces cas-là, il arrive que les plus « superstitieux » finissent même par se demander s’ils ne sont pas maudits, ou si une malveillance ne s’acharnerait pas contre eux… Il faut reconnaître que face à l’avalanche de tracasseries, on pourrait parfois s’interroger.
Stratégie d’évitement et somatisation
Les éléments de cette liste sont ce que j’appelle des « somatisations », dans le sens où la pensée initiale (ou un faisceau de pensées convergentes) suscite des émotions, qui finissent par déclencher non seulement des comportements d’évitement ou de défense, mais aussi des réactions du métabolisme (diverses maladies comme on vient d’en lister). Une maladie somatique n’est pas une maladie imaginaire, mais c’est une maladie dont l’origine n’est pas mécanique ou chimique extérieure, elle provient de réactions internes à nos pensées et nos climats psychologiques. Mais les conséquences en sont bien réelles, et pas que dans la tête. Ce qui est dans la tête, c’est les causes des phénomènes dont on souffre, les pensées auxquelles on ne fait pas attention, mais qui creusent leur sillon à travers les émotions pour se concrétiser dans le corps et dans les situations. La stratégie d’évitement est donc une très mauvaise option puisqu’elle débouche sur des conséquences très préjudiciables, et encore plus inconfortables que les sensations qu’elles visaient à étouffer.
Toxicité incrustée
Mais le pire, c’est que les activités extérieures ne parviennent jamais à éliminer les pensées toxiques sous-jacentes. Si bien qu’à la fin, on les retrouve encore plus fortes qu’au début, comme si elles avaient poussé comme de mauvaises herbes, pris de l’ampleur, et que le bilan désastreux de nos échecs (issus de la tentative de fuite) venait encore confirmer leur pertinence et leur force ! En effet, ce qui était à l’origine de ces maux, et que l’on cherchait à ne pas voir, est finalement exactement ce face à quoi on finit par se retrouver à la fin du cycle des vaines esquives. On en revient toujours à un moment ou un autre à :
- se sentir coupable,
- se juger sévèrement,
- se faire des reproches à soi-même,
- se sentir minable,
- se sentir désespéré,
- et se sentir finalement perdre pied…
Voici un exemple de séance de coaching, qui illustre précisément les effets de cette fuite en avant.
Résultat des pensées toxiques
Voici une première amorce de séance de coaching, déclenchée en catastrophe par une cliente, qui, après avoir largement réussi à « percer » dans son entreprise, au point de faire une remarquable trajectoire de carrière, a finalement décidé de la quitter.
Mais, au moment de passer à l’acte, et de retrouver un meilleur équilibre de vie auquel elle aspire, elle se voit rattrapée par le doute et le malaise qu’elle avait tout d’abord cherché à fuir en s’évadant à travers le travail et la carrière avant tout.
Voici comment cette personne excellente formule sa situation :
« Cela fait longtemps que je ne me sens plus bien dans mon travail. Trop de pression, pas assez d’espace d’expression pour mes aspirations profondes, trop de charge et plus assez de vie privée, des contradictions insupportables dans la culture et dans le management de cette boite… après 10 ans de lutte intense, j’ai enfin décidé de partir pour me donner une chance de mener une vie plus épanouissante. Le problème, c’est qu’avec la sortie qui approche, je me rends compte que je suis tellement épuisée, que je n’ai finalement pas de projet (plus je m’en rapproche, plus celui que j’avais m’apparaît factice) et une grande angoisse s’empare de moi, avec une sensation de panique et un fort sentiment de culpabilité qui me submergent. Je m’étais construit une identité à travers la réussite de ma carrière, et je suis en train de tout foutre en l’air. Derrière, je vais me retrouver sans rien, personne ne voudra de moi… et j’aurai tout perdu ! »
Assaillie de troubles sévères
Ainsi, cette cliente se voit soudain assaillie de troubles sévères, au moment de toucher au but et d’enfin oser quitter cette entreprise qu’elle n’aime pas et dans laquelle elle est malheureuse depuis des années (mais dans laquelle elle est restée, envers et contre toutes les difficultés, persuadée qu’elle était de n’avoir rien d’autre dans sa vie que le travail, et de ne pas mériter mieux que cette entreprise) :
- crises de panique et d’angoisse
- débordement par des pensées désordonnées et obsédantes
- immense fatigue et insomnies matinales
Voilà, c’est ainsi que le doute de soi qui a poussé cette personne dans le travail avec frénésie, la retrouve lorsqu’elle veut se sortir de son addiction. C’est logique, de se retrouver face à face avec ce qu’on avait caché sous le tapis, lorsqu’on décide un jour de retirer celui-ci !
Un autre exemple
Un autre cas de figure se présente sous une forme assez proche : Un homme, lui aussi très volontaire et brillant, se jette à corps perdu dans le travail, jusqu’à atteindre un certain sommet. Là, il se rend compte qu’il n’aime pas ce qu’il fait, qu’il a l’impression d’avoir appris tout ce qu’il pouvait apprendre là où il est, a coché sur sa liste les avantages qu’ils souhaitait obtenir et l’image de lui-même qu’il voulait construire (grosse voiture de fonction, gros salaire, place très en vue dans l’organisation, voyages autour du monde en 1ère classe, grande équipe à manager sur des projets complexes d’envergure, etc…) et que son prochain job ne sera que la même chose en plus gros. Mais à quoi bon ?
C'est beaucoup plus simple que vous ne l'imaginez. Quelques séances de coaching peuvent vous aider à vous recentrer, à y voir clair et à prendre quelques décisions salutaires. Ne restez pas seul(e) avec votre difficulté. Voyez courageusement comment la résoudre, ou comment vivre avec !
Voir l'offre de coachingLe prix fort
Le prix à payer pour tout ça est tout de même assez fort : beaucoup de pression et peu d’espace intérieur pour éprouver du bien-être, une réduction de soi-même au point de se prendre pour son image et de ne plus trop savoir qui on est ni ce qu’on veut…
Cette trajectoire pourtant très performante amène finalement cette personne a être assez malheureuse, alors que par ailleurs tout va bien : santé, famille, etc… C’est à n’y rien comprendre ! Sauf, si on considère, ce qui à l’origine a poussé cette personne à vouloir devenir cette image de réussite.
En l’occurrence, mon client est très lucide qu’il a dorénavant accompli ce que ses parents attendaient de lui, à la fois pour lui, et pour eux-mêmes (afin de réussir eux-mêmes à travers lui peut-être…).
En fait les pensées toxiques invisibles qui sous-tendaient sa trajectoire de réussite et de souffrance étaient probablement quelque chose du genre :
- « je ne mériterai l’amour de mes parents que lorsque j’aurai accompli la mission de réussite qu’ils m’ont implicitement confiée »
- « je ne pourrai être moi-même que lorsque d’abord j’aurai accepté de leur faire plaisir en étant ce qu’ils espèrent pour moi, ce qu’ils attendent de moi »
- « je ne m’aimerai moi-même, que lorsqu’ils seront enfin fiers de moi »
L’auto-sabotage
On voit bien que des pensées toxiques telles que « je ne suis pas digne de mon propre amour », malheureusement très répandues, ont pour conséquence d’empêcher de vivre sa vie, d’empêcher le pleine présence à soi-même. On vise à être aimé des autres quand on l’aura mérité en ayant réuni des conditions extérieures. C’est comme si il y avait la croyance que le contenu du cadeau ne sera apprécié que si l’emballage le met en valeur, au point même qu’on met toute l’énergie sur l’emballage (l’image, le paraître) au détriment du contenu du paquet… Au lieu de vivre pour soi, on vit par rapport à l’autre, dans l’espoir d’attirer son attention. Ceci est évidemment symbolique, et la dynamique subsiste, tant que les pensées toxiques sous-jacentes n’ont pas été repérées et vues comme fausses. Même quand il est mort ou parti, on continue à se démener pour mériter la reconnaissance de l’autre, parce qu’on a intégré cette personne en soi-même. On est alors divisé entre une partie de soi qui ne mérite pas et une partie de soi qui nous juge. Ainsi le peu pervers peut-il continuer toujours, sans besoin de l’autre !).
Rien à « mériter »
Autrement dit, par moi-même, je ne suis pas suffisant, puisque je dois d’abord faire quelque chose pour mériter l’amour de l’autre. Et ceci est une croyance fausse et éminemment toxique, parce qu’à cause d’elle : je ne m’aime pas. Je m’aimerai sous conditions : conditions que les autres m’aiment d’abord… On va ainsi pouvoir mener toute une vie de séduction et de manipulations diverses, consistant à se montrer attractif pour être aimé.
Alors, pour cela, on va déployer tout un arsenal de moyens pour démontrer aux autres qu’on les aime, afin de leur faire plaisir, dans l’espoir qu’ils nous aiment un peu en retour.
Et souvent, on trouve un partenaire, qui accepte cet amour dont il croit lui-même avoir besoin. Le couple est alors fondé sur un commerce : je te donne l’amour dont tu as tant besoin, en échange de quoi tu me donnes ce dont moi j’ai besoin.
Autrement dit ce qui compte dans cette transaction n’est pas tant ce qu’on se propose d’offrir que ce que l’on espère recevoir. Et la relation fonctionne, apparemment bien… Mais en fait : elle fonctionne parfaitement de travers.
Fuir attire
Comme on l’a dit plus haut : tout ce qui est fait pour éviter de ressentir l’effet des pensées toxiques invisibles, les renforce ! Ainsi, « l’association de malfaiteurs », qui ne visait qu’à masquer le manque d’amour et d’estime de soi, ne fait malheureusement que renforcer la déchirure intérieure et le sentiment profond de manque. Plus la carrière est belle, plus elle apparaît vide, plus la vie de couple et de famille semble satisfaisante, plus elle apparaît finalement insatisfaisante, insuffisante, creuse, factice, etc…
C’est étrange comme le sentiment de vide intérieur (ne pas se sentir aimé) nous pousse à chercher le plein à l’extérieur, alors que celui-ci ne sera évidemment jamais obtenu et ne représenterait de toutes façons pas une solution au problème intérieur.
Ainsi, se sentant faible, on se construit un personnage fort (qu’on n’est évidemment pas) pour se rassurer, tandis que cela ne nous rassurera jamais ! (voir à ce sujet : Vulnérabilité et force intérieure)…
Quand cela ne suffit plus…
Et puis un jour, vient fatalement le moment où l’autre (ou soi-même) a tellement besoin pour lui-même de se sentir aimé, que les démonstrations extérieures ne lui suffisent plus pour rassurer ses doutes de soi et compenser son manque d’estime. Le besoin devient tellement grand, qu’il n’y a plus de place pour donner, ni pour recevoir, il n’y a plus de place que pour PRENDRE !
Et là le manque apparaît, la tyrannie de l’addiction et de la dépendance dévoile son vrai visage, et le bel amour apparaît pour ce qu’il était : une demande d’amour et pas un don d’amour (le don n’était qu’un moyen pour obtenir, un prix à payer en quelque sorte).
Pourtant il y a eu des « élans d’amour » des deux côtés, voire de vrais « efforts d’amour »… mais il s’agissait d’un don intéressé, qui n’était pas un véritable don gratuit, mais un placement, l’expression d’une attente et d’une dépendance.
La force apparente n’était qu’une faiblesse
Le rayonnement n’était qu’une façade qui masquait un trou noir, finissant par aspirer tout sur son passage. Dans les deux cas de coaching, que j’ai cités, les clients font preuve de beaucoup de maturité et de lucidité. Ils en auront peut-être encore plus dans quelques temps, quand ils auront exploré plus avant ce qui leur arrive.
Mais s’ils n’étaient pas déjà ultra compétents et prêts à vivre ce voyage intérieur, ils ne ressentiraient aucun malaise, et poursuivraient leur courbe dans l’infini jusqu’à ce qu’ils commencent à se réveiller. C’est justement ce qui leur arrive, et c’est la raison pour laquelle nous nous rencontrons (voir l’article » s’éveiller de l’état de veille« ).
Se libérer des pensées toxiques
S’il y avait un remède miracle, cela se saurait ! Depuis le temps que les générations successives d’êtres humains viennent au monde, se prennent les pieds dans le tapis, et vivent toute leur vie à tenter vainement de compenser leur malheur intérieur par des gesticulations diverses. Notre humanité est étreinte de cette souffrance immense. Pour autant, on peut en sortir, depuis toujours.
Et certains ne s’en sont pas privés, depuis toujours aussi. Ceux-là ne suivent forcément pas les conseils à deux balles qu’on lit partout à propos du bonheur en boite et des bonnes recettes pour faire bien comme il faut. Ils osent forcément aller au-delà des habitudes mentales.
Attention au langage
Ainsi,, vous lirez partout qu’il faut faire attention aux mots que vous employez (évitez les mots « négatifs »), qu’il faut vous faire plaisir, que vous le méritez bien, etc… C’est sans doute pas faux, mais tant que tout cela ne vise qu’à combler de l’extérieur votre manque d’amour intérieur, pour et par vous-même, tout cela ne fera que renforcer la béance qui hurle de peine à l’intérieur de vous.
Le vrai travail de fond
La seule solution est courageuse et singulière (différente pour chacun dans sa forme de cheminement pour accéder à sa vérité). Elle consiste à se voir, très honnêtement, à constater nos compromissions, à voir le dessous de nos prétendus amours, à voir le vide qui sous-tend nos carrières dérisoires et nos absurdes projets de loisirs.
Nous ne sommes que fuite et faux-semblants, y compris quand on se raconte qu’on est très attaché à l’authenticité et à l’honnêteté. Justement, cet attachement à ces valeurs, marque peut-être un effort désespéré de s’y accrocher par l’extérieur, tandis qu’on sent bien qu’à l’intérieur : on se ment à soi-même, on est infidèle à soi-même, en ne s’aimant pas soi-même.
C’est trop facile…
Mais au lieu de voir cela, on se dit que c’est la vie, qu’on n’y peut rien et on évite soigneusement de se poser des questions, en décrétant un peu trop vite, qu’elles n’ont pas de réponse.
Au contraire, les questions nous creusent, elles nous mettent en contact avec le vide de nos vies factices : c’est ingrat, mais c’est le seul chemin pour accéder à la plénitude de la vie que nous sommes, et à l’amour de soi-même.
On croit qu’on aime les autres, qu’on aime la nature, ou qu’on aime Dieu, mais on n’aime rien du tout tant qu’on ne s’aime pas d’abord soi-même ! On aspire à s’aimer soi-même, et cette quête occupe tout l’espace. Au lieu d’ignorer ce besoin intérieur impérieux, en cherchant des réponses externes qui ne résoudront rien, si on accepte juste de s’aimer un peu, alors là, oui, on commence à aimer les autres, la nature et toute l’Unité, dont on prend conscience progressivement qu’on est une cellule consciente (voir à ce propos : « Une vie spirituelle »).
Comment s’aimer soi-même ?
Rien à faire, juste voir, juste oser voir. C’est tout. Cet amour n’est ni narcissique, ni égoïste. Au contraire, il n’est même pas « personnel », c’est un amour universel en quelque sorte, qui s’adresse aussi bien à soi-même qu’à l’autre, puisque les deux sont intiment liés dans un sentiment d’unité (qu’on appelle précisément : l’amour !).
Et puis, il ne s’agit pas de se mettre à regarder le monde avec des yeux de cocker. Il s’agit d’autre chose… C’est un mouvement du coeur, qui est d’abord déclenché par l’intelligence : il s’agit de voir le processus de mensonge et de fuite en avant (que nous avons expliqué plus haut). Mais pas juste le voir intellectuellement comme un processus, il faut le voir appliqué à sa propre vie :
- voir en soi-même toute l’étendue du désastre,
- voir l’immense gâchis, la confusion et le malentendu fondamental, engendrés par la fuite.
- Voir cela honnêtement, et oser creuser encore plus profond en-dessous même de l’éventuel dégoût pour soi-même, pour laisser émerger une immense source de compassion : on comprend alors son propre mécanisme de pensée, on en voit progressivement l’invraisemblable tricherie.
- On la voit chez soi, sans s’en vouloir à soi-même, et on la voit chez les autres, sans les juger.
- On la voit et aussitôt : on n’en est plus dupe.
Quitter les mauvaises habitudes
Là commence un chemin pour s’individualiser, pour désapprendre toutes nos habitudes de pensée, une exploration de nos émotions et de nos sensations, au lieu de les fuir. C’est tout un travail d’accueil. En soi, les pensées toxiques, il n’y a rien à en faire. Rien à faire non plus « contre » elles.
Il suffit de les constater et de les reconnaître pour ce qu’elles sont : des pensées auxquelles on n’est pas obligé de croire ! Elles ne sont donc pas un virus contagieux dont il faudrait se prémunir, il suffit d’en voir la nature mensongère, pour que leur effet cesse de nous atteindre. D’ailleurs, en fait, il est faux de penser que je ne m’aime pas.
Si j’ose approfondir en-dessous, j’accède à la vie, la vie que je ne peux cesser d’être et qui ne peut cesser de s’aimer, puisque c’est a nature. Je découvre qu’au fond, tout en croyant que je ne m’aimais pas : je m’aimais depuis le début.
Mais en surface je me racontais un film d’horreur, d’exil et de bouc émissaire (je me sens en exil de moi-même et, par manque de lucidité, je cherche une cause extérieure sur qui faire peser la responsabilité qui est pourtant la mienne !).
Expérience à vivre
Ce n’est pas une chose à croire, une nouvelle pensée à entretenir, c’est une expérience qui s’impose quand le moment est venu de passer à autre chose que le renouvellement absurde de la souffrance (voir à ce sujet, notre article : Les deux sortes de souffrance)
Pour cela, il faut probablement avoir souffert un certain temps de l’illusion, pour éprouver suffisamment intensément le manque de satisfaction et se mettre en recherche de la vérité de soi-même, en soi-même, et par soi-même… (quand vous en êtes là, vous ne cherchez plus une autorité à l’extérieur de vous-même pour vous « sauver ». Vous vous prenez en charge : tant pis pour les faux gourous qui devront passer leur chemin ! ).
Un coaching pour aller de l’avant
C’est souvent là que commence un coaching ou un travail sur soi en profondeur. De très nombreuses personnes sont déjà sur ce chemin sans le savoir, j’en rencontre tout le temps. Vous-même qui lisez cet article, et avez eu la patience de le lire jusque là, vous en êtes là probablement. Vous cherchez à vous trouver dans votre profondeur, parce que vous avez ressenti un appel intérieur. Vous êtes lassé d’attendre l’amour des autres et lassé de constater que vous ne parvenez pas non plus à les aimer authentiquement.
C’est horrible ! Mais en même temps, depuis les abysses de cette solitude dépitée, vous ressentez la nostalgie d’un amour inconditionnel. Cet amour de vous-même par vous même, est la seule condition, qui vous permettra d’aimer les autres et de recevoir leur amour, sans aucune attente, aucun regret (voir l’article : « éveil spirituel ordinaire« ).
Vous constaterez alors l’effondrement de tous vos projets, de toutes vos ambitions, vous ne ressentirez plus aucune peur, ni aucune angoisse. Tout cela s’évaporera au profit de la Présence sous-jacente à tous ces décombres de votre vie d’avant.
Ça brasse un peu ?
Vous serez peut-être secoué pendant un bout de temps, avec encore des hauts et des bas, au travers desquels vous constaterez l’inertie des pensées toxiques encore actives, mais elles seront vues assez vite et leur impact se dissipera aussitôt. Vous ne serez pas gêné par ce nouvel état qui ne fera que s’approfondir dans la paix et la joie intérieure, inexorablement. Vous vivrez l’expérience extraordinaire que « vous êtes ». Vous êtes vous-même l’amour que vous espériez trouver à l’extérieur. Il vous suffit de vous mettre à l’écoute de votre profondeur, pour laisser rayonner ce que vous êtes. Rien à faire, juste à laisser faire…
De quelle joie parlons-nous ?
Ce ne sera peut-être pas le reflet de la joie délirante qu’on voit chez les supporters quand leur équipe marque un but. Ou cette joie superficielle et éphémère des personnes abreuvées qui vous bousculent pour vous embrasser au premier de l’an !
En effet, au début, cette joie ne se traduira pas par une gaieté à rire tout le temps. Il me semble plutôt que la joie transparaît comme des rayons de soleil qui vous touchent subrepticement, au fur et à mesure que les nuages de pensées s’éclaircissent, et que la paix s’approfondit.
Une paix qui pétille
C’est parfois une joie empreinte de mélancolie, mais c’est une joie tranquille, une paix qui pétille…
La paix profonde est de la joie qui se tient tranquille, tandis que que la joie authentique est de la paix qui pétille. L’amour est l’expression de la liberté, et la liberté est l’essence de l’amour.
- L’essence même de la Liberté, c’est quand il n’y a pas de limite….
- …Quand il n’y a pas de limite, c’est l’Unité.
- …Ce qui fait l’Unité c’est l’Amour
- …L’Amour est donc le ressort de la Liberté, et réciproquement.