Quel est le rôle des émotions positives lorsque l’équipe réussit ? L’article d’un coach sportif, qui inspirera les managers à la recherche de performance…
Les émotions positives déclenchent et entretiennent la performance
Fredrikson (2003) a réalisé des travaux qui montrent toute l’importance des émotions positives dans l’amélioration de la performance. Il a fait passer toute une batterie de tests à des personnes à qui il avait fait visionner des films :
- Le 1er film engendrait des émotions négatives
- Le 2ème engendrait des émotions positives
- Le 3ème n’engendrait pas d’émotions particulières
On a pu observer chez les personnes qui avaient visionné le film qui provoquait des émotions positives :
- une augmentation de la résilience et de l’optimisme
- une facilité accrue à prioriser
- une amélioration de l’estime de soi
- un développement de la créativité et des tâches de résolutions de problème
- une amélioration de la coordination motrice
Dans le même style d’expériences, les travaux d’Alice Isen (2000) mettent en avant que les émotions positives s’accompagnent sur le plan social d’une meilleure prise en compte du point de vue d’autrui, de plus de coopération, plus de générosité, plus d’aptitude à la responsabilité sociale et à la négociation. Les émotions positives permettent plus facilement de passer du « je » au « nous ». Inversement, les émotions négatives entraînent un réflexe de repli sur soi. Au vu de ces éléments, on comprend mieux l’importance de générer des émotions positives pour atteindre une performance collective ! Une autre étude réalisée par Daniel Goleman auprès des équipes les plus performantes montre que celles-ci reçoivent entre 3 et 11 messages positifs pour seulement 1 message négatif. Au-delà de 11, l’équipe est dans une forme de béatitude contre-productive et en dessous de 3 les émotions négatives prennent le dessus (avec un effet désastreux sur la performance). Et vous, dans votre équipe, combien y at-il de messages positifs pour un négatif ?
Dans une équipe, les émotions positives sont contagieuses
Les chercheurs ont récemment découvert l’existence de neurones dans le cerveau, appelés « neurones miroir », qui reproduisent dans notre cerveau des connexions analogues à celles qui se produisent dans le cerveau des personnes qui ressentent devant nous des émotions. C’est ainsi que chacun d’entre nous peut ressentir en lui-même, de manière réflexe, une émotion qu’il observe chez un autre. C’est ce ce que l’on appelle la contagion émotionnelle. B. Rimé, dans son livre « le partage social de l’émotion », explique que ce phénomène de contagion émotionnelle est particulièrement fort au sein des équipes. En effet, le fait de se côtoyer régulièrement et de partager un but commun, favorise ce phénomène involontaire. Et il semble que les leaders ont un impact plus important que les autres. Dans les sports collectifs, par exemple, on peut observer comment la confiance collective, peut retourner des situations et engendrer des dynamiques et des résultats super positifs… Et ce, quel que soit le niveau de pratique ! (Malheureusement, la peur et le doute ont ce même pouvoir dans le sens inverse…) Ce qu’il y a de spectaculaire c’est de voir à quelle vitesse une situation peut basculer, à quelle vitesse les émotions peuvent devenir contagieuses. Voici un extrait du livre de B. Rimé : « Des études expérimentales ont démontré que l’exposition à l’émotion (ou une information provoquant de l’émotion) provoque le partage social de l’émotion (ou de l’information) [..] La personne confrontée à cette émotion va la partager avec 4 ou 5 individus (le jour même dans 60% des cas). Les cibles de ce premier partage entreprendront un partage secondaire dans un délai court également, et ce auprès de 3 ou 4 personnes par cible. Dans un tiers des cas, le partage secondaire est initié moins d’une heure après l’écoute de départ (Curci et Bellelli, 2004). Les cibles s’adresseront à leur tour à 1, 2 ou 3 autres personnes, et ce toujours dans des délais très brefs. […] plus d’une cinquantaine de personnes seront donc informées de l’événement qui a touché un membre de leur communauté. » Il faut donc faire très attention aux émotions qui se propagent dans un groupe. On n’apprend pas cela aux managers dans les formations classiques. C’est une carence, car le management des émotions est une compétence essentielle pour piloter la performance de façon durable.
Le manager, chef d’orchestre des émotions positives
La performance est une somme de détails savamment orchestrée par le manager, qui doit être ajustée et adaptée quotidiennement. Il y faut une vigilance de chaque instant… Voici ce qu’en dit Claude Onesta (2 titres olympiques, 2 Mondiaux, 3 Européens) : « Sur le terrain je suis de moins en moins intervenant et de plus en plus analyste. Quand je dis analyste, ce n’est pas pour analyser les dégâts, mais justement pour les éviter, en anticipant à l’avance les grains de sable qui pourraient bloquer la machine […] Je crois que quand on est au plus haut niveau, on a pratiquement tous le même niveau donc tous les paramètres rationnels se neutralisent entre les meilleurs. Je crois alors que tout va se jouer sur des petits détails et le fait d’être moins attaché à régler les problèmes quotidiens (délégation-responsabilisation) permet d’anticiper ces problèmes et de les résoudre… Il n’y a pas de solution toute faite. (Silence) Moi tous les matins je me réveille et je me rends compte que la clef que j’ai trouvée hier pour résoudre tel problème, elle ne va pas être fonctionnelle aujourd’hui. Parce qu’il faut bien comprendre qu’à chaque fois qu’on a utilisé une clef pour solutionner un problème, on a modifié les éléments du problème, donc ça veut dire que le lendemain, la même clef elle va rentrer dans la serrure, mais elle ne va pas l’ouvrir. Tous les jours, il faut trouver la clef, la construire, parfois même l’inventer, et je trouve qu’en entreprise, on n’aime pas se placer dans ce type de situation instable. Je dis toujours que l’entraîneur s’il veut être en charge de performance, il faut toujours qu’il soit sur un fil. Tous les jours, c’est l’équilibre instable qui vous permet de garder la vigilance. Dès que vous êtes bien stable, bien assis, vous allez perdre tout ce qui va permettre la lucidité et vous allez commencer à merdouiller. Plus on est en danger, plus on doit être capable d’affronter les dangers et de les dépasser. Le monde de l’entreprise a souvent peur des dangers et tendance à vouloir se jeter sur les grandes règles qui vont s’appliquer à tout le monde. Ça ne marche pas comme ça. Alors évidemment moi je gère 30 personnes, c’est plus facile. Mais même dans une boite de 3000 personnes, j’imagine qu’il y aura 30 managers dont on peut envisager la gestion humaine sur ce principe de vigilance permanente. » Bérenger Briteau
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