Voici la traduction d’un texte de Barry Long, qui vise à démasquer l’imposture de la personnalité. Selon lui, nous nous prenons pour qui nous ne sommes pas, et nous souffrons de ne pas être nous-mêmes. Il n’a peut-être pas tout-à-fait tort… 🙂 Ce texte court illustre d’une autre manière le mythe de la caverne de Platon, dont nous avons déjà parlé, et qui campe bien le décor du coaching. D’abord, nous proposerons ce texte, et puis nous partagerons avec vous quelques commentaires à son propos, en lien avec le coaching et la supervision systémique…
Démasquer l’imposture du masque social
« Il y a très, très longtemps, lorsque les êtres humains n’étaient pas incarnés dans leur corps physique comme ils le sont aujourd’hui, un homme (où était-ce une femme ?) avait fabriqué un masque merveilleux – un masque qui pouvait avoir plusieurs visages.
Cet homme avait l’habitude de mettre son masque et de s’amuser en accostant soudainement les passants et en observant leurs réactions. Parfois, le masque souriait, parfois il pleurait, parfois même, il grimaçait et se renfrognait.
Ses victimes étaient toujours choquées à la vue de ce visage tellement extraordinaire, étrange et si peu naturel – même lorsqu’il souriait. Mais que ces personnes rient ou pleurent était sans importance pour notre homme. Tout ce qu’il voulait, c’était l’excitation due à leurs réactions. Il savait bien que c’était lui derrière le masque. Il savait que le farceur, c’était lui – et que la farce était à leurs dépens.
Au début, il sortait avec le masque deux fois par jour. Puis, s’habituant à l’excitation que lui procurait cette activité, et en en voulant encore davantage, il commença à le porter toute la journée. Finalement, il n’éprouva plus le besoin de l’enlever et le garda pour dormir. Durant des années, l’homme parcourut le pays en s’amusant derrière son masque.
Puis un jour, il s’éveilla avec une sensation qu’il n’avait jamais ressentie auparavant – il se sentait seul, divisé, quelque chose lui manquant. Bouleversé, il bondit hors de chez lui pour se trouver face à une très belle femme – et en tomba immédiatement amoureux. Mais la femme cria et s’enfuit, choquée par ce visage étrange et effrayant.
« Arrêtez-vous, ce n’est pas moi ! » cria-t-il en tordant son masque pour l’arracher. Mais c’était lui. Impossible de détacher le masque. Il était collé à sa peau. Il était devenu son visage.
Cet homme, avec son masque fabuleux, fut la première personne à entrer dans ce monde malheureux. Le temps passa. Malgré sa ténacité et les efforts qu’il déploya pour annoncer à tous le désastre qu’il s’était infligé, personne n’était prêt à le croire. D’autant plus que personne n’était intéressé à l’écouter, puisque tout le monde l’avait imité. Tous avaient mis leur propre masque – afin de connaître eux aussi la nouvelle excitation de jouer à être ce qu’ils n’étaient pas. Comme lui, ils étaient tous devenus le masque. Mais désormais quelque chose de pire était arrivé. Non seulement ils avaient oublié la farce et le farceur, mais aussi ils avaient oublié la façon de vivre joyeusement, en tant qu’être sans masque. »
Extrait tiré de l’ouvrage de Barry Long : « Seule meurt la peur » Les Éditions du Relié. Cette allégorie exprime la détresse, après l’excitation, que ressentent celles et ceux qui se prennent pour les personnages qui constituent leur personnalité.
Au passage, Barry Long a enregistré des vraies perles à propos de l’art d’arrêter de penser et de revenir à l’état de disponibilité, très précieux en coaching. C’est en anglais, tant qu’un éditeur ne l’aura pas ré-enregistré en Français, mais Barry Long parle distinctement et sa voix est d’une grande clarté. Pour ceux qui ont des notions, c’est super facile (et un peu exotique puisque « c’est en étranger ») d’écouter ses propositions en anglais… Cet auteur est mort, et je ne l’ai pas connu. Mais ce que je trouve très sain de sa part, c’est qu’il n’a pas fondé d’école avec des successeurs qui parleraient en son nom (et voici le début de la secte…). Il a encouragé chaque personne à s’assumer, comme lui-même l’a fait a priori, et à parler par eux-mêmes depuis leur propre expérience. C’est plutôt pas mal pour démasquer l’imposture de « successeurs ». Il n’y a pas besoin de succéder à quoi que ce soit, il suffit d’être soi, c’est bien suffisant et largement plus sain.
Démasquer l’imposture de la personnalité
Le mot personnalité vient du grec ancien « Per-sona » qui désignait les masques grecs, par lesquels passait le son pour être amplifié. Cela donne une idée de la fausseté de la personnalité, qui n’est qu’un masque social. Il en faut un probablement, mais le problème c’est qu’on s’identifie à lui au point de croire que nous sommes notre masque, ainsi que le suggère l’allégorie de Barry Long. La personnalité est une agrégation de pièces rapportées, comme l’habit du « bateleur » (voir cette image du tarot des imagiers du moyen-âge). La symbolique du Tarot indique d’ailleurs que le Bateleur (la personne qui se lance dans la vie horizontale et sociale) a mis son stand à la foire et montre à voir une façade aux badauds. Comme un camelot, il se met en scène pour vendre… Il cherche à éblouir, à capter l’attention, à commencer par la sienne. Comme un cabotin, il s’écoute et s’admire lui-même, se prenant pour l’image que lui renvoient les autres.
Pourtant l’être qui est dans l’habit du bateleur n’est pas ce qu’il montre à voir, de même que vous n’êtes pas votre personnalité. Votre personnalité n’est qu’un assemblage disparate et incohérent de pièces rapportées ça et là au gré des interprétations que vous vous êtes faites inconsciemment à partir des images que les autres vous ont renvoyées de vous-même…
Comme dans un jeu vidéo, où vous finiriez par vous prendre pour le personnage à l’écran, votre avatar, a une certaine antériorité dans cette vie, un caractère lié à sa trajectoire, des possessions, des personnes même dont il s’imagine qu’elles lui appartiennent (ses parents, ses enfants, ses amis…). Mais tout cela est très flou, très peu consistant. Une simple pichenette dans le système et tout s’effondre comme un château de cartes !
Si vous voulez démasquer l’imposture, vous réaliserez que vous n’êtes pas ce personnage, cette personnalité qui ne tient qu’avec de grosses ficelles, pourtant précaires… Mais alors, qui êtes vous vraiment ? Il vous appartient de vous laisser travailler de l’intérieur par cette question. Et il est possible, qu’il soit impossible d’y répondre avec des mots.
En revanche, il vous est déjà arrivé d’en faire l’expérience. Il suffit juste de maintenir le cap, pour l’approfondir, de coaching en coaching… Pour accéder à qui vous êtes vraiment, et passer par delà le masque social que vous contemplez vous-même, en vous prenant pour lui, il y a plusieurs approches amusantes :
- l’une d’entre elles est de descendre dans vos sensations corporelles, là les pensées n’ont pas accès et votre personnalité est comme désinvestie au profit de votre champ de conscience pure et alerte (voir à ce propos : « Une vie spirituelle »).
- une autre consiste à vous mettre au spectacle de la beauté, sous toutes ses formes : régalez-vous d’un plat délicieux, admirez un paysage sublime, observez la délicatesse d’une fleur des champs, embrassez vos enfants, caressez votre chat, admirez une oeuvre d’art, écoutez une musique qui vous fait vibrer… Mais soyez ouvert à l’admiration qui émerge, sans la qualifier. Ne commentez rien, restez juste comme suspendu dans la contemplation. Mais quand je dis suspendu, je parle des pensées, pas de vous. Vous , au contraire, en enracinez-vous dans la profondeur de l’expérience, toujours sans paroles intérieures
- une autre, un peu plus subtile, consiste à se demander qui se demande « qui suis-je ? ». Ou bien encore, quand je regarde cet objet : qui regarde cet objet ? Ne vous contentez pas de dire « moi » (c’est-à-dire la restriction de vous-même, que vous prenez pour vous.Voyez clairement que « moi » n’est qu’une histoire personnelle, mais qu’une histoire ne peut être « vous »). Laissez-vous un peu « creuser » par cette interrogation, en essayant de retourner votre regard vers vous-même…Essayez d’écouter celui qui en vous écoute, quand vous écoutez. Cette présence qui précède le regard, c’est vous, justement…
- une autre encore, pourrait consister à essayer de quitter qui vous êtes, à essayer d’être ailleurs que là où vous êtes, à tenter de quitter l’instant présent pour aller dans le passé ou le futur sans l’intermédiaire de la pensée. Vous voyez bien que c’est impossible. Vous êtes centré dans qui vous êtes ! En contact par l’intérieur avec qui vous êtes, comme on est adossé à sa chaise à l’arrière du corps, vous ne pouvez pas vous localiser, vous ne pouvez pas vous saisir mentalement, mais vous pouvez sentir depuis qui vous êtes.Vous laissez ainsi libre cours à l’épanouissement d’un vaste champ de conscience pure et alerte…
Et si c’était cela que vous êtes vraiment ? Et si c’était cela, la fameuse « présence » en vous qui coache votre client, malgré vos tentatives de vous en occuper ? Et si vous laissiez faire cette présence (que vous êtes) en délaissant vos projets à propos de votre client et vos propres histoires à propos de qui vous êtes en tant que coach ? Laissez-vous n’être que ce champ de conscience vaste, et laissez le coaching se dérouler à travers vous, sans y toucher, sans rien faire depuis la restriction de vous-même, cette foutue personnalité qui vous fait souffrir (et nous avec ! 🙂
Démasquer l’imposture en coaching
Votre client n’est pas un imposteur. C’est un être sincère qui cherche à s’en sortir, comme vous, comme « moi ». Mais il est victime d’une fascination, celle de ses personnages, pour lesquels il se prend. « Votre mission, si vous l’acceptez, sera d’exfiltrer votre client de son cadre de référence qui l’empêche d’exprimer pleinement ce qu’il est. » Voici le brief : Il ou elle est très excité ou anxieux à propos de la réussite de son projet, de sa place au Comité de Direction, de la reconnaissance qu’il ou elle obtiendra de ses pairs et de son patron, etc… Et il ou elle voudrait bien que vous l’aidiez à réussir ceci ou cela… Où cela? Dans l’écran du jeu vidéo ! Il vous demande cela sérieusement, alors que vous avez devant vous un adulte, qui n’est en rien concerné profondément par ce qui se joue en surface à l’écran du jeu.
Toutefois, vous « jouez le jeu » et accueillez la demande, telle qu’elle est proposée, afin d’entrer dans la danse. Après tout, qu’est-ce que vous risquez ? De vous découvrir ? Ce n’est pas si grave !
D’ailleurs, vous et moi, sommes pareils à ce/cette client/e, qui nous prenons sans cesse par ce qui se passe à l’extérieur. C’est à cause de cela que nous sommes malheureux, stressés, contrariés, fatigués, malades, etc… C’est donc avec beaucoup de respect et de bienveillance que vous pratiquez votre métier de coach.
Dans une perspective systémique, vous n’auriez jamais rencontré ce « frère humain » si vous ne pouviez pas quelque chose pour lui/elle, et si il/elle n’avait pas quelque chose d’utile à vous renvoyer sur votre propre chemin de libération. Démasquer l’imposture là où elle est (chez le client et chez vous) pour y voir clair et retrouver l’espace vital.
Comment créer de la valeur pour votre client ?
- Les problèmes du client viennent toujours de sa pensée (de son cadre de références qui est fait de deux sortes de pensées : les croyances et les valeurs. Les croyances sont des pensées auxquelles il croit, et les valeurs sont des concepts qu’il trouve importants)
- Les solutions du client sont toujours au centre, jamais dans le problème. Au centre de quoi ? Au centre de son être profond (et pas dans les histoires qu’il se raconte à travers sa personnalité) !
Votre travail consiste à descendre dans votre propre profondeur, pour y rencontrer votre client aspiré vers son centre par la manière dont vous accueillez ce qu’il partage avec vous depuis votre centre (voir à ce propos : « coacher en profondeur« ).
Autrement dit, vous-même, vous démasquez l’imposture de votre propre personnalité, pour accueillir votre vérité de l’instant, à chaque instant. Il faut que vous soyez vrai et authentique, pour engager une relation profonde et intime avec votre client, mais en étant attentif à rester à votre place. Il faut donc que vous trouviez bien cette place, la vôtre, dans la vie, dans le coaching et dans cette séance particulière à cet instant précis. Pour cela, vous devez être là, disponible, tranquille. (voir :
Supervision de coaching
En partant du cas de vos clients, nous explorerons à la fois ce qui se joue pour eux et en vous, par résonance systémique (voir : coaching et distance juste). Et en exerçant votre propre lucidité, vous contribuerez à apporter de la clarté dans le système du client. Ces séances joueront sur deux tableaux simultanément :
- celui du cas de vos clients et de vos séances de coaching, que vous verrez avec cette lucidité qui caractérise votre être profond (que nous stimulerons ensemble)
- mais aussi celui de votre pratique de coach qui progressera, tandis que vous expérimenterez la posture de client, tout en appréciant depuis cette posture inhabituelle pour vous : l’effet que la séance de supervision aura sur vous.
Dans les deux cas, vous travaillerez sur vous-même, et je vous accompagnerai de la périphérie au centre :
- de vous-même d’abord
- de la séance client ensuite, pour que vous puissiez voir ce qui se joue pour lui dans votre relation (et aussi ce qui s’y joue pour vous, en écho systémique)
Ainsi :
- Vos séances de supervision seront l’occasion d’atteindre les résultats que vous souhaitez, pour vous même et pour vos clients.
- Mais en même temps, et surtout, elles vous entraîneront à :
-
- Aller à l’essentiel, plutôt que de vous perdre dans des analyses sans fin
- Vous projeter de façon pragmatique vers vos objectifs, en partant des résultats précis que vous visez (ce que vous visualisez avec précision exerce sur vous une attraction naturelle, qui vous tire de l’avant, presque « mécaniquement » en direction du résultat projeté)
- Travailler avec légèreté : envisager vos appuis, plutôt que vos difficultés, vous concentrer sur les options qui fonctionnent plutôt que de faire l’inventaire de celles qui n’ont pas abouti, être pragmatique et positif, sans vous arrêter à des jugements téméraires sur vous-même
Ce qui est génial en supervision, c’est que pendant que vous travaillez sur les objectifs de la supervision, vous vous entendez réfléchir, vous vous voyez pratiquer, et vous observez le coaching du superviseur, tout ça à la fois, comme si vous étiez dans un dispositif de miroir multifacettes, pour vous voir sous tous les angles !… J’aime beaucoup cette activité, m^me si elle est nettement moins rémunératrice que le coaching en entreprise, parce qu’elle est pétillante et gaie. Coacher et superviser me met en contact avec la joie de ce métier, la joie de l’être et de la relation. Cette joie est communicative. ensemble, nous l’explorerons, tranquillement. Récemment, il m’est venu une phrase à propos de la paix et de la joie, que je partage avec vous ici :
- La joie est de la paix qui pétille
- La paix est de la joie qui se tient tranquille…
J’aime bien les deux propositions, l’une éclairant l’autre, et les deux ensemble pointant vers l’unité de la paix et de la joie, qui contient tout. C’est cela que vous êtes, et que je suis, et dans lequel nous pouvons nous rencontrer parfois un instant…
Qui suis-je ?
La célèbre affirmation “Je suis”, répond à la question Traditionnelle “Qui suis-je ?”. Vous savez : c’est cette phrase de Platon, faisant référence à une inscription au frontispice du Temple Grec de Delphes : “Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers !” (gnothi-seauton) ?
La maïeutique du coach
Comment le coaching peut aider à répondre à la question “Qui suis-je ?”. Une démarche de maïeutique simple et efficace…
Les grands leaders savent répondre à la question “qui suis-je ?”
Dans une perspective systémique, celui qui entraîne les autres, est celui qui se met le mieux en phase avec l’onde du groupe, avec ses aspirations profondes, pour les exprimer tout haut et “révéler” à chacun ce qu’ils ressent en lui-même sans pouvoir encore s’en rendre compte et le verbaliser. Les grands leaders charismatiques et visionnaires, sont ceux qui portent la vision dont le collectif est sur le point d’accoucher. De quelle vision peut-il bien s’agir, fondamentalement ? Toujours la même : “Qui suis-je ?”, “Qui sommes-nous ou qui voulons-nous être” ?
Qui suis-je ? Le bon moment pour se poser la question
Dans toutes les traditions, on s’intéresse aux grands cycles de la nature, et on s’aligne intérieurement avec eux, pour se laisser inspirer par l’Unité du Tout.
Au solstice d’hiver, le 21 décembre, après que la lumière solaire soit descendue au plus bas dans les profondeurs du calendrier, et juste avant qu’elle ne remonte, il y a ce moment clé pour se poser la grande question “Qui suis-je ?”, ou cette autre variante, “qui est-ce que je veux être ?”.
En effet, c’est le moment où tout bascule, pour l’année en cours. Et ce peut aussi être l’instant charnière où la question “qui suis-je ?” posée profondément et au bon moment, va laisser place à la remontée de la Lumière du jour, avec l’affirmation progressive du “Je suis”, solaire et vertueux, avant l’apparition de tout ego.
A ce propos, voici une vidéo d’isabelle Padovani, très inspirée et inspirante, notamment pour parler de la symbolique des dates de l’année. https://www.youtube.com/watch?v=x8192Cwx9js
Cela nous intéresse, à nous qui sommes branchés par le coaching de l’énergie, parce que se mettre en phase avec les courants énergétiques du macrocosme, permet au microcosme que nous sommes de bénéficier des forces de la nature pour être portés dans l’action (tel un surfer porté par la vague…)
Le meilleur moment pour progresser est maintenant. Découvrez comment notre supervision systémique peut optimiser votre pratique du coaching et faire évoluer votre business.
En savoir plus“Qui suis-je ?” est la grande question du coaching
Finalement, en coaching, derrière les formes infiniment variées que peuvent prendre les demandes et les objectifs de coaching, il y a toujours la recherche de la réponse à la question “Qui suis-je ?”
Parfois, il s’agit parfois de chercher à être soi-même, à trouver sa vocation, ou à cesser de se compromettre pour faire plaisir aux autres, etc…
Mais le plus souvent, il est question en fait de faire l’expérience d’être pleinement soi-même, pour être vraiment heureux. Que ce soit à travers une prise de décision délicate ou courageuse, ou à travers une lente décantation de ce que l’on veut vraiment, dans une situations que l’on cherche à transformer de l’intérieur, il est toujours question d’éprouver la jouissance d’être ce “je suis” sans qualificatifs, qui s’inscrit dans l’instant présent, en toute conscience et sans restrictions mentales…
Platon, père du coaching ?
Nombre d’interlocuteurs et de disciples de Socrate interprètent la formule “Qui suis-je ?” au premier degré et cherchent à connaître leur identité et leur personnalité. Or, la question ne renvoie pas à une introspection psychologique : il ne s’agit pas d’apprendre à se connaître comme une personne avec laquelle on passerait du temps pour mieux la connaître. La question “Qui suis-je ?” ne renvoie pas non plus à la connaissance de la psychologie humaine valorisée par les sophistes. Au contraire, Socrate ne veut pas se perdre, par passion ou par intérêt, dans la recherche de l’utilité immédiate : « Je ne veux pas paraître à moi-même comme l’un de ceux qui se conforment aux désirs de la majorité ; je veux seulement me conformer à ce qui m’est apparu à moi après un examen rigoureux » (Gorgias, Platon).
“Gnothi Seauton”
Le précepte « connais-toi toi-même » appelle l’homme à revenir à lui-même. Ainsi, l’effet de la maïeutique ne s’arrête pas à la découverte de l’ignorance ; il se prolonge dans la réconciliation de la conscience avec elle-même. L’interlocuteur converti doit dorénavant la maintenir dans une direction compatible avec le scrupule de l’esprit. Autrement dit, c’est la cohérence de la conscience qui sert de référence à toute valeur. Pour Socrate, l’injonction « connais-toi toi-même » demande à l’individu de rester en accord avec lui-même.
Quelques citations à propos de non dualité
- Lorsque je ne cherche plus à modifier ma vie, une forme de clarification, de détente a lieu. Je commence à pouvoir « regarder » et « voir ». Tant que je veux changer, je ne regarde pas, je ne regarde que mon projet. Tant que j’en ai assez d’être violent, je ne regarde que ma haine de cette violence, mon inconfort vis-à-vis d’elle ou mon espoir de n’être plus violent demain. En fait, je suis absent à moi-même…
- Un jour, vous allez voir profondément que tout ce que vous avez à faire va vous fatiguer. Vous allez être trop fatigué pour faire quoi que ce soit, y compris des choses à faire pour être léger… Vous allez voir que tout ça : c’est une activité qui vient uniquement quand vous prétendez avoir une histoire, avoir un passé et avoir un futur. Vous aurez beau être plus sage tous les jours, plus libre tous les jours : c’est une misère constante, parce que vous ajournez constamment l’essentiel.
- À un moment donné, vous ne cherchez plus à être moins ceci et plus cela, à être sans peur, à être sans désir : vous ne cherchez rien. On peut appeler cela une forme de respect, un respect pour la réalité, pour ce qui est là dans l’instant. C’est le respect pour l’essentiel. L’essentiel ce n’est pas quelque chose qui est caché derrière l’apparence, l’essentiel c’est ce qui est là, c’est ce que vous sentez dans l’instant. Il n’y a rien d’autre que ça. Là il n’y a rien à comprendre, il n’y a tout simplement « rien de mental » et tout du mystère de la vie. À un moment donné, vous arrêtez de vous prendre pour Dieu et de vouloir régler les problèmes de l’humanité – ou le vôtre, parce que c’est la même chose dans le fond… Ce n’est qu’une histoire dans les deux cas.
- Quand je suis à l’écoute, je ne demande plus rien à la société, ni au monde extérieur. Au contraire, selon mes compétences, je fais ce que je peux pour l’environnement. Je remplis mon rôle avec mes modestes moyens. C’est à chacun selon ses capacités. Je ne suis ni plus, ni moins que ce que je suis : je suis exactement comme je suis. Je reviens à moi-même : il y a clarté, non-besoin.
- Quelques que soient les situations que la vie m’envoie, elles s’avèrent favorables. Toute situation m’enrichit, elle est l’initiation que je dois recevoir.
- Pour cela, il faut que cela percole au niveau énergétique, émotionnel.
- Puis cela doit impacter le niveau corporel et concret du quotidien.
- à la fois les grands choix de vie structurants,
- et les micro gestes du quotidien. (voir à ce sujet cet article : “Prendre sa vie en mains“)
- Lorsque l’on travaille la métaphysique, on en aborde l’aspect abstrait.
- Et lorsqu’on travaille sur soi, on les pratique concrètement.
- quand a-t-il commencé, et pris la place de l’instant d’avant ?
- quand va-t-il s’arrêter, pour laisser place à l’instant d’après ?
- Combien y a-t-il eu d’instants présents depuis que vous lisez ces quelques lignes ?
- vous l’avez probablement suivie un peu (qu’est-ce qu ‘on vient pourtant de vous dire ? Désobéissants !)
- vous êtes déjà revenu (sinon vous y seriez encore :-). Alors : bon retour parmi nous…
Conscience de soi
Comment développer la conscience de soi ? Une prise de conscience est toujours forte et instantanée. Ce qui est long c’est l’intégration, le processus d’assimilation de la prise de conscience.
Une compréhension nouvelle est une sorte de lucarne qui s’ouvre vers la lumière au sein d’un tunnel obscur dont on ne verrait pas le bout. Une prise de conscience, cela fait du bien : comprendre soudain quelque chose de nouveau, cela redonne du courage et de l’inspiration…
Mais cela ne suffit pas à nous sortir du tunnel !
La transformation doit en effet opérer jusque dans les comportements :
Tout ce processus de conscience de soi s’inscrit dans le temps.
Nous allons donc parler un peu du temps si vous le voulez bien…
Considérer la vie telle un Jeu
Dès lors que le processus de conscientisation commence, le voyage n’est plus le même : on n’a pas encore le mode d’emploi complet, mais on sait qu’il s’agit d’un jeu, et le pressentiment qu’il s’agit d’un Jeu merveilleux. C’est le jeu du je qui s’éveille à sa véritable nature et prend enfin sa place dans la vie.
Bienvenue mes amis, la vie, c’est juste votre vie !
Il y a l’expérience de l’instant présent, qui est instantanée évidemment. Et puis il y a l’hygiène de vie, si je puis dire, qui fait que l’on se maintient dans cette conscience, comme si maintenant se maintenait… En quelque sorte un instant qui s’étire et ne finit pas.
Concret ou abstrait ?
Les vraies questions spirituelles sont toujours à la fois abstraites et concrètes :
A ce moment là, on ne se pose plus des questions spirituelles, ce sont les questions qui nous travaillent, concrètement, et qui opèrent une transformation au sein même de notre quotidien, sans que nous ne fassions d’effort direct pour cela. La conscience de soi s’épanouit sans effort volontaire. C’est la grande énergie impersonnelle qui agit à travers notre petite vie individuelle, parce qu’on s’est rendu disponible au questionnement essentiel…
Qu’est-ce que le temps ?
Ce dont on ne peut pas douter c’est qu’il y ait des cycles de croissance et de décroissance : naissance de quelque individu, croissance, maturité, dégradation du corps et mort de ce dernier. Ceci s’observe aussi à propos du soleil que l’on voit apparaître l’est, puis parvenir à son zénith, et enfin se coucher à l’ouest… Ces évènements sont indubitables. Cependant, nous avons l’impression qu’ils surviennent consécutivement, à travers une sorte de ligne de temps, qui elle n’est qu’une représentation mentale, que je qualifie d’illusion au sens où elle n’existe pas vraiment dans notre expérience présente. Je m’explique….
Il n’y a que maintenant
Depuis toujours et à jamais, on ne peut vivre que l’expérience de l’instant présent. La preuve : allez donc quelques instants dans le passé ou dans le présent, on vous attend pendant ce temps là dans l’instant présent…. C’est impossible ! On peut évidemment envisager, imaginer le futur, on peut aussi se remémorer le passé, mais ce ne sont là que des pensées, qui prennent place dans notre expérience présente : nous vivons maintenant l’expérience de nous souvenir du passé, ou de nous extrapoler dans le futur.
L’instant présent n’a pas de durée mesurable
En fait, comme le propose Rupert Spira, l’expérience à vivre inclut tout les évènements simultanément, que le mental classe artificiellement en passé, présent, futur. Mais ce n’est là qu’une représentation, une convention. Il prend l’exemple d’un roman dont toutes pages sont superposées et parallèles. Toute l’histoire écrite dans le roman est déjà là dans sa totalité sous nos yeux, tandis que le mental n’en prend connaissance que page après page, d’où cette illusion du temps linéaire qui s’écoule de la première à la dernière page…
La conscience n’a ni début ni fin.
La conscience de soi est non seulement “dans” l’éternité, mais comme il n’y a pas deux choses séparées qui seraient d’une part l’éternité et d’autre part la conscience (parce qu’on ne peut parler d’une chose si on n’en est pas d’abord conscient…), on pourrait aller jusqu’à dire que la conscience EST l’éternité (… et donc elle serait éternelle)…
Et on ne parle pas là de croyances religieuses dogmatiques de droite ou de gauche, nous ne répétons pas ce que quelqu’un de plus intelligent que nous aurait expérimenté tandis que nous en serions nous-mêmes incapables : nous nous référons à votre propre expérience, directe de tout de suite.
Et le raisonnement qui en découle est le vôtre, celui qui s’impose comme une évidence expériencielle, sans argument pour ou contre. C’est un constat qui s’impose à notre évidence, malgré les “apparences”, c’est-à-dire malgré nos habitudes mentales, faites des divers biais cognitifs constitutifs de notre filtre mental…
A la fois direct et progressif
Cette prise de conscience, à la fois brutale, directe, et également progressive, a évidemment d’énormes conséquences sur la vie de tous les jours. Car tout notre quotidien est construit sur cette illusion, nous souffrons à cause d’un passé que nous croyons révolu, alors qu’il est toujours là, et nous craignons un futur à venir, alors qu’il est déjà là…
Nous croyons mériter ou démériter, nous faisons des efforts, nous essayons, nous nous jugeons et nous sentons coupables, etc… (voir à ce sujet : sentiment de culpabilité)
Nous nous projetons sans cesse par la pensée, nous vivons dans notre tête à force de penser, au lieu d’être dans nos sensations corporelles et d’accueillir la pensée comme un simple événement parmi d’autres.
Au lieu de cela, nous sommes fascinés par nos pensées, au point d’y croire, et de ne vivre que par procuration de nos pensées, comme quelqu’un qui ne vivrait pas sa vie, mais en lirait un compte rendu ou ne ferait que de regarder un film biographique à propos de sa vie, le film de ses propres pensées…
C’est bien étrange, cette fascination exercée par les pensées. Platon, en avait déjà fait la remarque, au mois d’octobre je crois…
La caverne de Platon
Le mythe de la caverne est une allégorie exposée par Platon dans le Livre VII de La République.
« Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. »
Platon raconte qu’un jour, un des prisonniers est conduit à la lumière du jour, et là, il voit les objets naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord aveuglé, il sera ensuite ravi par cette connaissance et refusera de redevenir esclave. Cependant, quand il y retournera tout de même, par solidarité avec les autres esclaves, il leur expliquera l’erreur qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est qu’illusion. Mais ils le prendront pour un fou et tenteront de le punir pour de telles affirmations mensongères et hérétiques !
Comme le suggère le mythe de la caverne, le simple fait de se retourner ne suffit pas à voir la vérité, mais constater l’illusion vous met déjà sur le chemin qui permet de sortir de la caverne.
Une bonne séance de supervision favorise la conscience de soi
Le rôle du coach n’est certainement pas d’expliquer, mais de questionner, pour inviter le client à retourner son regard vers ses propres filtres, et constater la part du problème qu’il crée lui-même par ses projections. L’extériorité du coach et sa dextérité à accompagner par la maïeutique des questions, sont une aide précieuse pour cet éveil du client.
Pour maîtriser l’art du coaching, il faut vous entraîner en pratiquant beaucoup.
Vous pratiquez déjà cela avec vos clients. Mais pratiquer avec un superviseur est aussi un bon exercice, dans lequel vous prenez provisoirement la place du client, puisque vous travaillez en mode coaching avec un coach sur le cas de vos clients.
Vous le savez bien, par effet systémique, quand vous travaillez sur l’autre, vous travaillez sur vous-même !
Prise de conscience de soi même
Il est très important d’être soi-même, et donc de cesser de vouloir ressembler aux autres, cherchant à leur plaire, à leur faire plaisir pour se donner une chance d’être un tout petit peu accepté et aimé…
Ceci est humain, mais tellement misérable. Vous ne trouvez pas ?
Précisons qu’ici, on ne juge pas, et on ne se moque pas, mais on essaie de regarder les choses en face, et de corriger le tir, si l’on peut afin d’être mieux aligné et davantage heureux.
Mais il se trouve que ce n’est pas si simple, parce qu’il y a des automatismes, et le mécanisme de la pensée nous empêche de vivre pleinement la prise de conscience du Soi profond.
Alors voici un petit exercice très simple pour être soi, avant de revêtir sa peau habituelle, la peau de la personnalité pour laquelle on se prend.
Mourir un peu chaque soir, cela vous dit ?…
Vous savez, tous les soirs avant de s’endormir, on abandonne tout ! On accepte de quitter la plus belle des maîtresse, toutes nos passions, notre chat, notre jardin, notre dromadaire (pour ceux qui en possèdent un évidemment), nos chers soucis, nos ennuis, tout ! On meurt absolument à toutes ces préoccupations, pour juste, se laisser aller dans les bras de Morphée et s’endormir du sommeil du juste. Même les insomniaques, n’échappent pas à la règle générale, quand ils parviennent enfin à sombrer dans le sommeil, ils lâchent enfin tout !
Et, un matin, se réveiller pour de vrai…
Mais évidemment, le matin au réveil, sans même s’en rendre compte, on reprend nos croyances de la veille, nos fausses identités, on retrouve notre chien et ses croquettes, notre fiancée et sa jalousie, notre patron et ses exigences, nos choses à faire aujourd’hui et leur lot de contrariétés associées… Autrement dit, on n’a pas seulement mis un orteil hors du lit qu’on a déjà repris notre manteau de fumées, dont on s’affuble tout seul, croyant que ce manteau c’est “nous-même”, et que c’est la seule chose à faire…
Seulement voila, dans ces conditions, au mieux vous serez l’ego que vous croyez être, vous serez ce “moi” pour lequel vous vous prenez et que vous donnez à voir aux autres (qui d’ailleurs voient autre chose que ce vous croyez qu’ils voient, alors qu’ils regardent ce que vous leur montrez ? ).
La conscience de soi, c’est aussi simple que ça !
Alors, pour être “Le Soi, impersonnel et fondamental” de notre nature originelle, avant qu’elle ne soit affublée de faux semblants, il faut s’en donner les moyens. En voici un très simple. Essayez-le et s’il vous plaît, laissez des commentaires pour partager votre expérience, demain matin après votre réveil, qui pourrait bien vous mettre sur la voie d’un “éveil spirituel« . Il s’agirait là d’un réveil des plus ordinaires et naturels qui puissent être…
Avant de vous lever, avant de penser à quoi que ce soit, voyez si vous pouvez simplement rester sans identité, neutre en quelque sorte. Demeurer simplement dans votre corps, appréciant les sensations corporelles, sans aucune intention de quelqu’ordre que ce soit, juste : se maintenir dans le “maintenant” sans se l’approprier, sans l’instrumentaliser au profit d’un quelconque objectif. Si une préoccupation s’élève, laissez la s’élever, sans la suivre. Si vous vous êtes rendu compte qu’une pensée s’est élevée… c’est que :
Donc, revenez simplement à la sensation, sans vous l’approprier, sans mettre d’étiquette dessus.
Puis levez-vous et observez la sensation de la verticale, et ne partez pas tout de suite dans les automatismes, comme celui d’aller à la salle de bains. Restez encore quelques secondes ainsi, sans durée de temps, debout, les yeux fermés par exemple. Et attendez, respirez. Ou plutôt : laissez-vous être respiré. Ne faites rien. Jouissez de la quiétude, lorsqu’il n’y a personne. Personne pour faire, personne même pour être. Il y a juste l’être, sans personne pour dire “c’est moi qui suis”.
Dans ces quelques instants de grâce, vous serez conscients de la vie qui se manifeste à travers vous, avant même d’être re-devenu “vous”. Vous serez ainsi simplement dans la conscience de soi, avant l’appropriation inopportune par votre petit “moi”
Bon allez, maintenant allez prendre une bonne aspirine et promettez-vous de ne plus jamais remettre les pieds sur ce site qui débite autant d’inepties ? J’espère, pour nous tous et pour la santé mentale de notre humanité, que ceux-la ne seront pas trop nombreux, mais pour ceux qui seraient probablement un peu « dérangés » (comme nous), et qui seraient intéressés par ce genre de micro-pratiques pour accéder à la prise de conscience de soi, n’hésitez pas à laisser des commentaires …