Dans une vidéo précédente, nous avons expliqué en quoi consiste l’alignement d’une équipe ou d’un manager, et en quoi l’alignement en coaching est un facteur essentiel de réussite. Dans cet article, nous allons vous montrer comment s’y prend le coaching pour améliorer l’alignement personnel d’un client, individuel ou collectif.
Alignement en coaching individuel
Bérenger : Alors, justement Paul, quels sont les réflexes d’un coach individuel quand il est sollicité par un manager pour l’accompagner par exemple dans la conduite d’un projet ? Paul : On parle donc là d’un coaching individuel, c’est-à-dire de l’accompagnement d’un manager à potentiel sur lequel l’entreprise a décidé d’investir par exemple pour garantir ses premiers pas dans le lancement d’un projet ou pour optimiser sa conduite de projet. Le coaching étant réservé par définition à des “champions”, ce manager réussira son projet avec ou sans coach, mais le coaching va lui offrir une plus grande sécurité, un plus grand confort, une plus grande performance, en développant sa puissance par justement : son ALIGNEMENT ! Il y a deux niveaux où se joue l’alignement en coaching :
- D’abord l’alignement dans le système de visée (ou dans la tête, en quelque sorte)
- Ensuite l’alignement dans le mouvement (dans le corps en action)
Le coaching va travailler ces deux aspects complémentaires de l’alignement, souvent en deux temps consécutifs Sur le premier aspect, le coach va proposer à son client du miroir sur la clarté de sa vison, sa confiance en sa capacité à atteindre les objectifs et son désir de réussir. Explorer soigneusement ces 3 aspects, pour bien les aligner, va offrir au client la possibilité de ne pas partir perdant. Quand la course démarre bien, cela ne suffit peut-être pas à la gagner, mais ce qui est sûr c’est que partir mal, avec de la confusion, des doutes ou un défaut de motivation… ne permet pas non plus d’aller bien loin ! Après, quand l’équation de réussite est bien posée, avec les bons paramètres, le client va commencer à concevoir son plan de projet et le piloter. Dès lors, il sera en mouvement, et le coach pourra l’observer pendant qu’il évoque ses difficultés. Pendant qu’ils travaillent tous les deux sur les objectifs visés par le client, le coach va voir aussi comment le client incarne son projet quand il en parle, comment il le vit dans son corps, comment il est aligné, physiquement… C’est avec ces observations sur l’énergie du client, que le coach va pouvoir proposer des questions qui vont inviter le client à prendre du recul et à se voir lui-même en train d’agir et de fonctionner au sein de son projet, avec les autres notamment… Bérenger : A t’entendre, on dirait presque que le coach va travailler avec le client sur sa posture, son maintien, ses gestes, sa respiration…
Paul : Exactement. Il y a une sorte d’écho entre ce que vit le client dans son projet et la façon dont il se tient et respire quand il en parle. Et en effet, c’est en modiifiant son alignement physique : ici et maintenant, avec le coach, que le client va changer de qualité d’énergie, modifier son état d’esprit, et son attitude. Il va en quelque sorte pré-conditionner son cerveau pour se mettre par avance dans les meilleures dispositions. Si bien qu’ensuite, en situation opérationnelle, son cerveau retrouvera ces bons plis et pourra mobiliser les bonnes ressources en se plaçant comme il faut par rapport aux problèmes et aux solutions.
Bérenger : Mais tu fais vraiment “respirer” le client, pendant la séance ? En quelque sorte pour qu’il se mette en phase avec lui-même non seulement psychologiquement mais aussi physiologiquement ?
Paul : Bon, on en fait pas du yoga, tout de même… Mais oui, il peut arriver qu’on travaille sur le corps pour le réaligner, et cela a un impact immédiatement favorable sur le projet et la manière dont le client managera ensuite les situations. Par exemple, on peut envisager quelques minutes de relaxation…
Mais, on ne fait évidemment pas que cela : on travaille aussi sur les croyances, on envisage le point de vue d’autres protagonistes dont le client parle peu, on anticipe des scénarios de réussite, on prépare des situations importantes avec des méthodes de visualisation et de préparation mentale, etc… D’ailleurs, tu le sais bien, puisque tu le fais toi aussi avec tes clients.
Bérenger : Cela me fait penser aussi à la notion de “transfert » ( voir : échos systémiques), qui vient de la psychanalyse : le patient projette dans la relation avec le psy des éléments qui relèvent précisément de ce qu’il est en train de travailler en séance…
Paul : Oui c’est une notion qui ressemble… Pour revenir à l’alignement en coaching, on peut aussi le travailler avec l’équipe en mouvement. Comment travailles-tu l’alignement d’une équipe, quand par exemple tu leur proposes de faire entre eux un bilan de fonctionnement ?
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En savoir plusAlignement en coaching d’équipe
Bérenger : En coaching d’équipe, l’alignement se travaille de façon assez proche de ce que tu décrivais en coaching individuel. Par exemple, pendant que les équipiers travaillent sur leurs interactions et la fluidité de leurs communications par exemple, plusieurs d’entre eux peuvent se mettre à parler tous en même temps, à ne pas s’écouter, à se couper la parole, faire du hors sujet, tandis que d’autres ne disent rien depuis un bon moment… Bien au-delà du contenu de ce qu’ils échangent à propos de leurs interactions, la façon même dont ils interagissent, ici et maintenant, est en soi un matériel que je soumets à leur attention. Je leur tends le miroir sur leur manière de fonctionner pendant leur bilan de fonctionnement, et cela leur permet de se voir faire, de réfléchir à ce qui se joue entre eux, et de modifier tout de suite quelque chose dans leur manière de travailler ensemble. Il y a plein d’exemples de ce phénomène : L’équipe met en scène la difficulté dont elle parle, pendant qu’elle en parle ! C’est sytémique. Pour le coach d’équipe, c’est du pain béni, il suffit d’interroger l’équipe sur ce que cela rendrait possible pour eux s’ils s’y prenaient différemment, puis de transposer leurs propositions à leur vie de tous les jours. Et c’est vrai qu’en modifiant leurs comportements avec le coach en séance de travail, ils modifient leur qualité d’énergie comme tu disais. Et ils peuvent se transformer, en modifiant la forme de leurs interactions…
Paul : Merci de cet exemple, parce que c’est une bonne manière d’illustrer le travail d’alignement. Il y a aussi le travail de partage des représentations que l’on peut proposer sur la raison d’être, la mission, l’ambition, la vision, les valeurs, la stratégie, les feuilles de route, etc… Quand l’équipe travaille vraiment sur le fond de ces sujets structurants avec un coach d’équipe, non seulement elle peut se voir fonctionner grâce aux petits coups de miroirs et aux clins d’oeils qu’il va leur adresser, mais ils peuvent s’aligner les uns les autres, viser enfin tous la même cible, partager la même compréhension des enjeux, du chemin et des priorités des uns et des autres. Grâce à cela, ils vont pouvoir se coordonner, se mettre en phase dans des rythmes compatibles. C’est cela aussi l’alignement…
Bérenger : Donc en conclusion, travailler l’alignement en coaching individuel ou d’équipe, c’est travailler avec le client sur sa manière “d’être au présent”, pendant la séance. On pourrait dire que l’alignement : c’est maintenant !
Paul : Oui c’est toujours maintenant le meilleur moment pour ajuster son alignement…
L’alignement en coaching est une mise en cohérence
Il y a plusieurs facteurs de réussite à aligner : la vision, le désir, et la confiance.
- Je vois où je dois aller,
- j’ai envie d’y aller,
- je me sens capable d’y aller.
Si un des ces trois facteur n’est pas dans l’alignement des deux autres : une partie des forces vives de la personne sera mobilisée pour fuir ou rester immobile, alors que son projet est d’aller de l’avant. Un peu comme si vous rouliez avec le frein à main. Cela ferait chauffer le moteur, cela userait le frein et le véhicule irait moins vite ! (Supposons que la personne voie la cible, qu’elle ait bien envie de l’atteindre, mais qu’elle ait peur de se lancer par peur de l’échec ou de la réussite : on voit bien que le dés alignement est facteur de difficulté, voire même d’échec !) Voici un autre exemple d’alignement : Un manager qui demande des efforts supplémentaires à ses équipiers, devra être parfaitement aligné lui-même avec le contenu de sa demande, en montrant l’exemple des efforts supplémentaires auxquels il consent. Sinon, on observera une discordance entre son discours et ses actes. Ainsi, un politique qui prône l’intégrité et l’équité, et s’offre la permisssion de transgresser lui-même les règles qu’il prétend imposer aux autres, ne sera plus crédible… (s’il est démasqué !)
Soyez vous-même le changement que vous souhaitez voir dans le monde !
Cette sagesse, énoncée par Gandhi, part du même principe que l’alignement : Il y aurait un phénomène d’osmose ou de vases communiquants, entre l’intérieur et l’extérieur, un alignement entre ce que vous pensez à l’intérieur et ce qui se passe à l’extérieur. (voir cet article : « conflit extérieur conflit intérieur« ) Le même personnage proposait le raisonnement suivant : si vous faîtes la guerre pour obtenir la paix… ce sera une guerre de plus tout de suite, à l’issue de laquelle vous obtiendrez encore la guerre ! « La fin justifie les moyens » était selon lui une phrase de terroristes totalitaires, il lui préférait son opposée, renversant le paradigme : « les moyens justifient la fin ! ». Autrement dit, si vous voulez la paix, faîtes la paix. Et pour faire la paix : soyez vous-même en paix ! Son exemple a inspiré de très nombreuses personnes, en inde et dans le monde entier. Il est le premier (et peut-être le seul) à avoir remporté une victoire sur un colon oppresseur, sans livrer une seule guerre.
Par la suite, son propos sur l’alignement s’est approfondi, s’étendant à la manière d’incarner la spiritualité. Il considérait ainsi qu’il était inutile de réaliser des « exploits spirituels » en procédant par acoups, mais qu’en revanche il était largement nécessaire d’incarner l’état d’esprit spirituel, dans une non nuisance extérieure, et une non violence intérieure, au travers de tous les micro gestes du quotidien. Par simple souci de cohérence personnelle, rien ne sert de délivrer des sermons grandioses aux autres, si à côté de cela on s’énerve pour des broutilles, on a peur, ou on s’afflige pour un rien, on perd pied à chaque instant à cause du manque d’alignement entre les convictions de fond et la qualité de l’engagement à chaque instant, dans chaque détail de la vie quotidienne.
Etre authentique c’est être profondément et durablement aligné, sans rigidité, de manière mobile. L’alignement se rejoue à chaque instant, il se perd et se retrouve sans cesse, il s’ajsute en permanence, mais n’est jamais le même ! Dans d’autres articles sur le même thème, nous indiquerons comment travailler votre alignement en coaching, quelles sont les points de vigilance à propos de l’alignement. Nous proposerons aussi un zoom sur la manière d’effectuer un alignement intérieur au niveau des émotions.