L’état de sommeil paraît contraint (vous ne contrôlez pas ce qui s’y passe, puisque vous dormez), alors que l’état de veille paraît libre. Du coup on a l’impression  de reprendre le contrôle de soi et de sa vie lorsque l’on s’éveille de l’état de sommeil. Mais à y regarder de plus près, l’état de veille est finalement beaucoup plus « contraint » que l’état de « sommeil », qui est peut-être plus proche qu’on le croit de la liberté de la vraie nature de l’être. La question se pose alors de savoir comment s’éveiller de l’état de veille, de même qu’on s’éveille le matin de l’état de sommeil profond après une bonne nuit « d’inconscience » ? Comment s’éveiller à la vraie nature de l’être profond que l’on est, à l’état de « Présence à l’instant présent » tout en étant parfaitement lucide et conscient ?

L’état de veille est contraint

A l’état de veille, on se croit libre, parce qu’on s’est imaginé être « quelqu’un », une personne bien identifiée, et séparée du reste du monde, lui-même constitué d’objets distincts les uns des autres. Mais au-delà du fait que cette vision de soi et du monde n’est qu’une représentation mentale, une croyance arbitraire et restrictive par rapport à la réalité de ce que nous sommes et de ce qui est, l’état de veille dont nous faisons l’expérience n’est généralement qu’une somme de choix contraints par des conditionnements issus d’expériences antérieures. Personne n’est libre d’aimer ce qu’il aime ni de vouloir ce qu’il veut. Ceci vient de la mémoire, donc du passé. Or, quand le présent est déterminé par le passé, on ne peut tout de même pas dire qu’il soit tellement libre. Cependant, la liberté est toujours dans le présent, au-delà des conditionnements…

Des idées pseudo personnelles.

Par exemple, quand nous croyons avoir une idée « personnelle » ce n’est peut-être qu’une pensée qui surgit dans le champ de la conscience, et qu’arbitrairement nous nous approprions en décrétant : « ceci est « moi » et cela est mon idée, que j’ai eue, moi »… comme si nous étions l’auteur de nos pensées, alors même qu’à l’évidence : « nos » pensées vont et viennent à leur guise, de façon automatique et conditionnée :

A l’état de veille, vous êtes pris par vos croyances, par vos mécanismes réactionnels (vos émotions), par vos habitudes comportementales, par les inclinations de votre corps, elles-mêmes issues de votre histoire. Il n’y a pas tellement de liberté dans tout ça.

S’éveiller de l’état de veille

S’il y a une liberté quelque part (et forcément c’est le cas, sinon le jeu ne serait pas complet, il n’y aurait pas de ressort à la vie, pas de dynamique, et finalement : pas de vie !), elle n’est probablement pas dans ce qu’on appelle ordinairement « l’état de veille », qui semble être un état d’assoupissement et d’amoindrissement de la conscience, du fait de tous les conditionnements, qui déterminent jusqu’aux plus petites inclinations (quand on est emporté par ses pensées, débordé par ses émotions, déterminé par ses habitudes : on n’est ni libre, ni conscient). Toutefois, on dispose tout de même d’une liberté par rapport à cet état de somnolence, qui est ordinaire et semble inhérent à l’état de veille : on peut le constater, l’observer, et reconnaître les limitations que nous posons nous-même.

Etre serein, trouver la paix intérieure ?

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Et cela nous réveille !

Dès lors, il ne nous prend plus de la même manière, puisqu’on le voit. Nous ne sommes plus inconscients du conditionnement, puisqu’on le voit l’oeuvre. Et quand on le regarde intensément, passionnément (parce que dans un premier temps, il n’y a que cela à voir quand on regarde), tout l’édifice mental artificiel est ébranlé et commence à se désagréger : il perd de sa consistance et de sa rigidité.   Et puis des pans entiers parfois s’effondrent. Et ainsi, lorsque un certain sursaut de la conscience se produit momentanément, on constate l’endormissement précédent, que l’on prenait à tort pour un état de liberté et de conscience. En fait la conscience était restreinte, tant que nous étions en train de « croire » aux pensées et de nous identifier au personnage que nous pensions être.

Pas obligé de croire aux histoires

Nous ne sommes pas tellement libres de choisir nos pensées et nos émotions, mais nous sommes relativement libres de ne pas partir avec, et de ne pas croire à leur contenu : « OK, une histoire se raconte, mais ce n’est qu’une histoire ! » Quand on lit l’histoire du petit chaperon rouge par exemple, on sait que c’est une histoire, et on n’a pas peur, on n’est pas pris par elle, au point de se prendre pour le loup, la grand-mère ou la petite fille. On reste en dehors, tout en reconnaissant en même temps qu’on pourrait s’identifier à tous les protagonistes, qu’il y a un écho, une résonance en nous de ces personnages, qui parlent peut-être des différents aspects de nous-mêmes. Mais lorsqu’on referme le livre, la conscience s’oriente sur une autre histoire, que nous ne sommes pas davantage et ainsi de suite… Pourtant, curieusement : la plupart du temps, on croit à nos histoires, au contenu des pensées qui tournent toutes seules dans nos têtes. On croit que ces histoires arrivent à nous-mêmes, et on s’imagine que tout cela est très grave…

Se réveiller est naturel et simple

A propos d’éveil, certains témoignent d’expériences fulgurantes. C’est sans doute possible, pourquoi pas. Mais un éveil discret et progressif est tout aussi authentique.

C’est la première fois que je tombe sur YouTube sur cette personne, qui partage un témoignage personnel qui sonne juste à mes oreilles. Je vous propose cet extrait parce qu’il illustre bien mon propos (mais je ne la connais pas plus que ça et je ne sais pas ce qu’elle dit peut-être par ailleurs). A ce propos, je trouve intéressant de ne pas se projeter avec l’imaginaire sur un fantasme d’ « éveil », de « satori », de « samadhi », d' »expérience d’Unité », toujours envisagés comme plus ou moins « extraordinaires »… parce que sinon, sans s’en rendre compte, on va essayer de « créer » mentalement cette expérience alors qu’elle n’est pas mentale. Du coup, elle risque plutôt d’être empêchée de survenir d’elle-même, si on cherche à la susciter avec son mental.

Chercher midi à 14 heures

Quand on cherche ailleurs quelque chose qui est là, on a de fortes chances de ne pas le trouver… 🙂 Si nous devons vivre le fameux « éveil spirituel » que recherchent tant de personnes, cette expérience est libre par essence, et elle se présente forcément de soi-même, sous une forme inédite, toujours différente d’une fois sur l’autre, et toujours différente de ce qu’en ont vécu et raconté d’autres. Il n’y a donc pas à « essayer » quoi que ce soit, et encore moins à visualiser ce que serait une expérience d’éveil. Cette expérience ne peut que se vivre, elle n’appartient pas au domaine de la pensée. Cet éveil, ou cette liberté, est au contraire le silence, ou le champ au sein duquel émergent les pensées : les pensées peuvent éventuellement le décrire comme un doigt pointe vers la lune, mais pas l’exprimer, et encore moins le susciter. Dans le témoignage de cette femme (Armelle de la vidéo), je trouve intéressant le côté simple qu’elle exprime, et la démystification de l’éveil, qui le rend accessible et ordinaire. Il n’a rien d’excitant ou d’exotique, auquel le mental puisse s’accrocher pour le récupérer. il s’agit d’une ouverture naturelle à ce qui est, une ouverture étonnée et passionnée sur quelque chose de passionnant.

Qu’est-ce qui permet de s’éveiller ?

Certainement pas des pratiques, même spirituelles, comme la prière ou la méditation, si elles sont pratiquées dans la perspective de l’éveil. Parce que dès lors qu’il y a projet, il y a vouloir, et celui-ci vient des mécanismes de la mémoire qui se projette dans le futur. Il n’y a donc toujours pas de fraîcheur et de nouveauté : aucune véritable présence à soi-même. Les pratiques spirituelles ne servent pas à atteindre l’éveil : en fait, elles ne servent qu’à le célébrer !

S’il doit y avoir méditation, ce n’est pas « POUR » vivre l’éveil, car alors il ne surviendra pas (nous l’avons déjà évoqué) mais plutôt : « PAR » intérêt passionné pour ce qu’il y a à voir dans cet éveil, qui est déjà là. Je médite pour la joie de méditer et parce que j’aime regarder. Je ne cherche pas à tenir une posture, à respirer d’une certaine façon, à concentrer mon attention d’une certaine manière, car ce sont là des partis pris, des filtres, des restrictions.

Se rendre disponible

En revanche, je me rends disponible (et pourquoi pas au travers d’une posture corporelle qui y prédispose) pour apprécier ce que est là, tranquillement, sans recherche, sans autre intention que d’accueillir ce qui est là, déjà là, dans le champ de la conscience que je suis… La seule manière de vivre cet état d’éveil, maintenant (et non pas un jour quand vous serez suffisamment entraîné, parce que ce jour n’arrivera jamais tant que vous le chercherez ailleurs que maintenant), c’est de regarder ce qui est là, en soi, tout de suite. Regarder sans juger, sans commenter, sans classer. Et comme ceci est presque impossible, il reste la possibilité de regarder le mécanisme mental : Comment l’ego s’ingénie à récupérer l’expérience du réel, qui le transforme pour en faire sa « réalité en boite ». Voir cela c’est s’ouvrir à l’état de lucidité et d’honnêteté, sans intention, sans projection.

Coaching et état de veille : aller là où c’est chaud !

La plupart des clients en coaching ne viennent pas avec une demande explicite d’éveil de l’état de veille, mais finalement cela revient toujours à cela quand même. Et, de mon point de vue, le coaching est toujours spirituel. La demande est généralement parfaitement « matérialiste » et les objectifs du coaching purement opérationnels.

Et de mon point de vue, c’est très bien comme ça. Au moins, on ne s’embarrasse pas avec tout le folklore pseudo spirituel, on va directement là où ça chauffe pour le client, vers ce qui l’intéresse, ce qui l’excite (ou qui le contrarie, et lui fait mal éventuellement). Le travail que fait le client ne porte pas l’étiquette de « démarche spirituelle ». Heureusement, car cela compliquerait probablement tout pour lui.

Néanmoins, il s’agit toujours de se reconnecter à la profondeur de soi-même. Se connecter, ensemble maintenant, aux ressources présentes, pour s’aligner sur l’objectif, en s’assurant qu’il est bien conforme à la vocation profonde du client. Il s’agit toujours de sortir des contradictions d’une équation interne limitante, de retrouver la fluidité d’options plus simples. Il s’agit donc toujours d’un déconditionnement, d’un éveil à la solution, d’une ouverture au Réel pour faire Un avec la réussite espérée…

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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