Quand doit-on refuser un coaching ? Heureusement, dans la très grande majorité des cas, nous avons la grande joie d’accepter un coaching ! Cependant il y a quelques cas, où il est préférable ou impératif de refuser un coaching. Il s’agit-là d’une extrémité, qui relève de cas heureusement forcément assez rares. Listons-en quelques uns, en précisant, pour illustration, qu’en 22 ans de coaching, il ne m’est arrivé que très rarement de devoir refuser un coaching.
Refuser un coaching pour une question de compétence
Il se pourrait que vous ne vous sentiez pas à la hauteur de la demande :
- qu’il s’agisse d’un complexe de votre part (ou de la part du client, qui vous ferait vous sentir insuffisant)
- ou bien qu’il y ait vraiment des raisons objectives qui fassent que vous ne parveniez pas à coacher de façon suffisamment performante ce client (manque d’expérience ? manque d’empathie ? incapacité à prendre un recul personnel sur le cas du client ? etc…)
Faut-il cependant refuser un coaching dans ces cas-là ? Personnellement je ne crois pas qu’il le faille, mais ce peut cependant être une option à choisir avec humilité, à la fois par confort personnel et par respect du client. C’est à chacun de voir. La supervision peut vous aider parfois à discriminer et oser prendre une décision courageuse, dans un. sens ou un autre, après avoir bien pris le temps de réfléchir et de ressentir… Exemple personnel : Il m’est arrivé d’avoir coaché quelqu’un 4 ou 5 séances et que le client n’ait rien mis en oeuvre des décisions qu’il avait prises, et vienne me challenger sur l’efficacité de notre travail. J’ai indiqué que je ne me sentais pas compétent ni motivé à continuer si la personne ne passait pas à l’action de son côté. Mais ce blocage du passage à l’acte relevait à mon avis d’un travail profond en psychothérapie, ce que j’ai indiqué gentiment avant de dire que je voulais bien faire une séance de plus, mais qu’elle ne donnerait aucun meilleur résultat si la personne ne changeait pas concrètement ses comportements à la suite des séances… La personne a donc préféré arrêter, en me remerciant de ma probité mais en ne voyant toujours pas comment passer à l’acte (il s’agissait en l’occurrence de vaincre une addiction au travail : c’est un sujet que je travaille souvent, et avec des résultats rapides et significatifs… sauf cette fois-là !)
Refuser un coaching pour une question de trop grande proximité
Une proximité familiale par exemple… Vous pourriez être sollicité par un proche, et reconnaître qu’il y a tellement de proximité entre vous, que le recul de vous-même et celui du client vous soit difficile voire impossible, à l’un ou à l’autre (il en suffit d’un pour affaiblir le coaching, ou le rendre caduque) :
- si vous entretenez ou avez entretenu des relation affectives, intimes d’ordre privé, avec le client. Cela peut interférer évidemment pour l’un ou pour l’autre (et probablement pour les deux). On sait par exemple qu’une relation trop fusionnel le induit de nombreuses confusions. Dans ce cas, les deux pourraient se faire coacher ensemble par un tiers, pour s’aimer davantage peut-être en retrouvant une distance juste entre eux, où chacun ait une place à part entière… (voir à ce sujet : « Coaching et distance juste« )
- si vous avez une relation de dépendance ou de subordination (un parent, un patron)
Dans ce genre de cas, il n’y aurait plus indépendance suffisante pour le client vis-à-vis du coach, qui ne se sentirait plus libre de s’exprimer par peur de décevoir ou par désir de plaire (et idem pour le coach). Les contenus de la séance pourraient influencer le processus relationnel en dehors des séances, et ceci pourrait être préjudiciable à un ou aux deux aspects de la relation. Cela pourrait aussi être votre entourage à tous deux qui se mêlent du coaching en exerçant des pressions d’influence sur l’un ou l’autre… Mais pensez aux conséquences : « elle a coaché mon mari et je ne suis pas sûr qu’elle ait été objective, ou qu’elle soit restée honnête, je lui en veux, c’est un peu à cause d’elle que…. »; « Mon cousin a coaché mon frère, et n’a pas été capable de lui ouvrir les yeux sur… du coup, je ne lui parle plus » Un minimum de discrétion est de mise pour éviter ce genre de débordements néfastes et déplacés. Exemple personnel : il m’est arrivé de refuser un coaching téléphonique avec une personne que je sentais trop isolée, trop fragile et trop fusionnelle avec moi, et qui habitait à 600 kilomètres de chez moi. Lors de la séance exploratoire, cette personne a quasiment pleuré toute la séance, par moments sans pouvoir s’interrompre. Sans être gêné personnellement par cette émotivité, il m’a semblé qu’elle traduisait tout de même un « danger » : je n’étais pas rassuré sur l’équilibre de cette personne et sur ce qu’elle serait susceptible de faire après une séance qui risquait d cela bousculer. Autre exemple : le client essaie de vous faire parler, revient tout le temps à une demande de conseil, ou ne décolle pas du mode descriptif et vous noie d’informations, comme si vous étiez sa bonne copine à qui ont fait des confidences. Il se trouve que je ne suis pas une bonne copine, et que je ne suis pas super bon à l’exercice de l’écoute emphatique, patiente et silencieuse. Dans ces cas-là, j’interrompt, je provoque, je recentre sur les objectifs, je refuse de conseiller, etc… Et parfois, cela amène un coaching un peu confrontant. Il m’est arrivé de dire que je ne savais faire que du coaching, et pas autre chose (du conseil, ou de l’écoute affective ou de, l’écoute de psy). Généralement, on parvient assez bien à remettre la conversation sur les rails du coaching.
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En savoir plusRefuser un coaching pour une question de motivation insuffisante de la part du client
C’est personnellement un des autres cas que j’ai rencontrés. Le client ne veut pas être coaché, mais vient en coaching par soumission à la pression de quelqu’un de son entourage (qui joue alors le rôle de prescripteur, comme un RH dans une entreprise) :
- un jeune homme envoyé par sa maman, mais qui n’a pas de motivation profonde et personnelle
- un cadre qui ne voit pas où se remettre en question ni pourquoi progresser où que ce soit
Parfois, le coaching pourra tout de même apporter quelque chose, et la motivation viendra comme l’appétit vient en mangeant. Mais si au bout d’une ou deux séances, le même jeu de non motivation se reproduit, c’est au coach de ne pas perdre son temps et se retirer du jeu, avec tact, en expliquant, en proposant de refaire un essai plus tard quand la personne sera décidée…
Quand le cadre n’est pas clair
Il y a aussi le cas du cadre, qui pourrait être insuffisamment clair ou pas adapté au coaching :
- quelqu’un qui voudrait sortir avec le/la coach, en dehors des séances
- quelqu’un qui voudrait que son coach coach aussi sa famille, ou s’occupe de ses affaires privées en plus du coaching
- quelqu’un qui voudrait coacher le coach, ou le conseiller sur son business, ou lui offrir des prestations diverses…
- etc… (la liste est longue des cadres inappropriés)
Bien évidemment, il y a le cas, en entreprise, du coaching de la dernière chance, avec diverses coquetteries, qui empêcheront le coaching :
- « On vous confie cette personne, pour que vous nous disiez ce que vous en pensez…
- « Dîtes-nous un peu si elle est loyale
- « Je me permettrai de vous appeler pour vous dire sic je vois des progrès
- « On a l’intention de le virer, mais on ne lui dit pas. Ceci dit, peut-être qu’un coaching de la dernière chance pourrait le sauver…
Honnêtement, en 22 ans de pratique professionnelle du coaching en entreprise, ce genre de cas ne m’est jamais arrivé ! Tous les DRH ne sont peut-être pas compétents (je n’en sais rien), mais en tous cas tous ceux que j’ai eu l’honneur de rencontrer étaient honnêtes et respectueux du coaching, du coach ET du bénéficiaire du coaching. Ces cas sont cités dans les exemples de déontologie pour éduquer le marché, et (peut-être en partie grâce à cela) ils ne se présentent que très rarement : je n’ai entendu qu’une seule fois, en supervision, d’un cas comme un de ceux-ci. Parfois, on n’en est pas si loin, mais il suffit de le recadrer gentiment et précisément, et tout se passe bien. Pour aller plus loin sur le cadre, voir cet article : L’importance du cadre du coaching
Refuser un coaching pour une question de conditions de santé ou de sécurité insuffisantes
J’ai également rencontré ce cas de figure. Le cas de personnes dépressives, insuffisamment stables et équilibrées qui n’auraient peut-être pas supporté la relation de coaching dans ce qu’elle peut avoir parfois de corrosif et de subversif. Exemple : en évoquant un traumatisme, le client ne voit que son ressentiment à l’égard d’un agresseur qu’il juge coupable (tout en se culpabilisant lui-même finalement). Le cadre d’un coaching n’est pas forcément suffisant pour amener aux prises de consciences qu’il faudra assumer pour se libérer du poids du trauma :
- reconnaître sa colère vis-à-vis de l’autre sans le juger, et finalement sans lui en vouloir (et ne pas pardonner trop vite…),
- reconnaître sa colère vis-à-vis de soi-même sans se juger, et finalement sans s’en vouloir à soi-même (et ne pas se pardonner non plus trop vite), prendre le temps de ressentir à fond et de traverser l’émotion jusqu’au bout (voir à ce sujet : « Ecouter les émotion, c’est tout !« )
- Idem avec d’autres émotions comme la peur et la tristesse
- mener peut-être ensuite les démarches extérieures vis-à-vis de la justice…
Par contre, même dans ce cas, on peut évidemment coacher une personne ayant subi un traumatisme… sur un autre sujet que le traumatisme lui-même. Il faut laisser leur métier aux psys, qui sont formés et supervisés d’une manière sérieuse pour ces cas de souffrance intense, comme nous le sommes nous-mêmes coachs sur des cas plus superficiels (confiance en soi, travail, stress, etc…) même si les frontières ne sont pas aisées à délimiter. Par exemple, les tendances suicidaires ou la dépression (voir le burn-out, qui est un autre mot plus moderne, pour dire parfois la même chose) ne relèvent pas d’un coaching mais d’une thérapie. On peut accepter de coacher une personne dépressive, mais à condition :
- qu’elle soit suivie médicalement
- et que son médecin ou psychothérapeute approuve cette démarche (ou en tous cas en soit informé)
A défaut de prendre ces précautions,, on risque de mettre en danger la personne, soi-même en tant que professionnel, et l’image de la profession aussi. Refuser un coaching relève parfois de la déontologie du coaching. Si vous avez besoin d’une supervision sur un sujet comme celui-ci, le format d’une seule séance existe, qui peut vous permettre d’y voir clair et d’aller de l’avant, en sécurisant votre décision : Tarifs de supervision de coach