Qualité de Présence est un exemple de fiche de lecture, partagée par un participant aux cycles coaching d’équipe et coaching individuel (Laurent Lévy). Synthèse personnelle de 3 émissions « sur les épaules de Darwin » animées par JC AMEISEN : « Soi même en train de vivre» (18/04/2015, 25/04/2015, 02/05/2015) L’auteur de ces émissions : Jean Claude AMEISEN est médecin et chercheur, professeur d’immunologie à l’université Paris Diderot. Il est engagé dans la réflexion éthique depuis 2012, président du Comité Consultatif National d’Éthique. Il est impliqué dans le développement des relations entre science, culture, société, membre du Conseil scientifique du collège International de Philosophie.
Qualité de présence et relation authentique
Au cours de la série de trois émissions intitulées « Soi même en train de vivre », Jean Claude AMEISEN aborde l’importance de la présence à soi-même et de la qualité de présence dans des relations authentiques à l’Autre. Bien que ces émissions ne traitent pas directement du coaching, elles abordent en profondeur les fondements et l’importance de la qualité de l’instant présent.
L’importance de la qualité de présence
L’élément central de la présence tient probablement dans le fait de se sentir en train de vivre à travers sa propre expérience, pleinement conscient de la vie, et de soi même en train de la vivre. C’est cette qualité de présence permet de percevoir chez les autres ce qu’il y a de plus profond (comme nous l’expérimentons en coaching). La qualité de présence à soi-même et à l’autre amènent à découvrir des mondes intérieurs qui semblaient initialement inaccessibles.
Le récit pour se réinventer
Le récit donne un sens à l’existence. Le développement de l’identité est directement lié à son aspect narratif, le récit permettant d’appréhender le temps et de donner une dimension à l’expérience humaine. La narration rend ainsi le temps sensible, visible et préhensible. Chacun se reconstruit son identité en se racontant, en se figurant son expérience, en incarnant à la fois l’auteur, l’acteur et le lecteur de sa propre vie. Comme chacun d’entre nous ordonne ses souvenirs en établissant des liens entre les fragments disparates de la vie à travers le récit, c’est l’aspect narratif qui produit une forme de sens, quelque chose qu’on trouve, qu’on invente en passant par une réinterprétation qui donne tout sens.
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En savoir plusAccompagner le récit par la qualité de présence
Accompagner revient à entendre le récit que la personne fait émerger de l’expérience qu’elle est en train de vivre, à permettre à ce récit de se transformer et donc permettre à la personne de se transformer et de nous transformer en tant que coach. Il faut juste être là, une présence par-delà les mots et en-deçà des mots. L’art du coach tient probablement dans sa capacité à aller au delà de ce que les yeux voient et de ce que les oreilles entendent, en s’appuyant plutôt sur l’émergence de la surprise de sa propre vie à partir du regard qu’il porte sur lui-même et sur le client.
Relation systémique
Lorsqu’il existe une altérité dans la relation à l’Autre c’est la plénitude qui rejaillit entre ces deux êtres qui leur permet de se dépasser, de s’inventer. Ce qui se passe entre ces deux êtres est aussi important que ces deux êtres eux-mêmes . C’est dans cet « entre deux » que ce construit la liberté ; la reconnaissance et l’acceptation profonde de la liberté de l’Autre sont fondamentales. En soi, elles ont valeur de « permission », de validation et d’encouragement, qui favorisent et amplifient l’autonomie du client. « D’une liberté partagée émerge une vision plus riche et plus profonde, la liberté de l’Autre étant aussi importante que la mienne… » Se soucier de la liberté de l’Autre, c’est se soucier de la parité de la relation (voir : relation de coaching et parité). Nos libertés se construisent ensemble et s’influencent réciproquement. Tout se passe ici et maintenant : l’échange est réciprocité et partage, dans un instant unique et singulier. Cet éclairage montre l’importance d’offrir au client un espace d’élaboration, accentué par des interventions [im]pertinentes, des questions fortes, des insights (voir : favoriser l’insight en coaching)… autant d’interventions qui expriment le silence de coach et le ponctuent de quelques reliefs. Lors d’une séance de coaching, alors que le client avance vers ses objectifs, il formalise des éléments de visée, ouvre son cadre de référence, imagine des options pour finalement concrétiser la solution qui lui convient le mieux ; c’est l’existence même du récit et l’espace qui lui est réservé qui amènent le client à se construire, à chaque instant de nouveau. Je vous engage à écouter les émissions de Jean Claude AMEISEN, qui sont très inspirantes pour des coachs. Bonne écoute… Laurent Lévy
D’âme à âme : un bel exemple de qualité de présence
A Boston (Etats-Unis), Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont conservé leur couronne mondiale en danse sur glace. Je vous laisse apprécier la beauté des images et la fraîcheur des commentaires. Une vidéo inspirante pour des coachs à la recherche de cette présence à l’instant présent… C’était un pur état de présence à l’instant présent :
- « On est hyperconnecté. Je n’avais plus la sensation d’avoir des patins au pied »,
- « On était comme au-dessus de notre corps »
Merci à Bérenger Briteau, coach du réseau Orygin, qui a repéré et partagé cette vidéo avec ses collègues du Club Orygin : http://www.dailymotion.com/video/x41qcii_stade-2-papadakis-cizeron-les-secrets-d-un-sacre-mondial_sport Le rapport à l’objectif est intéressant, mais surtout la qualité de présence à l’instant présent :
- « Un être humain en face d’un autre être humain, hyper connectés : c’était purement d’âme à âme… »
- « On est là, mais plus vraiment là, on sort un peu de notre corps…
- « Tellement de présence à l’instant présent, que le temps semble s’étirer, passer très lentement, dans une totale maîtrise de nous-même…
- « C’est quelque chose au-dessus du patinage
- « On est dans la beauté, la beauté du moment, on a du mal à en sortir…
Appréciez la beauté du regard partagé à la fin de la séquence, assorti de la réflexion :
- « le moment d’après on va mourrir, tout ce qui suit est accessoire… »
Expérience d’unité et état de grâce
Ils semblent bien avoir vécu ce qu’on appelle « une expérience d’unité » ces deux-là ! (voir : éveil spirituel) Un état de grâce, partagée à deux dans un instant de totale présence à l’instant présent… Appréciez au passage le jeu du préparateur mental et le partage d’énergie en préparation de la prestation. Tout ceci mme rappelle furieusement la relation de coaching (en plus démonstratif bien sûr, parce que c’est les jeux Olympiques, parce que c’est de l’art, parce que c’est du sport, et qu’il y a un spectacle devant des millions de spectateurs). En coaching, il n’y a pas les spectateurs, mais il y a l’art, et le corps aussi (quoi que plus en retrait)… Quelle place réservez-vous au corps dans votre pratique du coaching ? En supervision de coach, c’est un sujet fin qui peut être abordé, tout en le vivant pendant la séance. Personnellement, je travaille beaucoup par téléphone, c’est dire si la présence dans le corps peut être à la fois subtile et nécessaire. En tous cas, elle n’est pas trop gênante, puisqu’on ne le voit pas. Mais le corps est évidemment toujours très présent, puisqu’il est en nous, dans notre champ de conscience ! Où pourrions-nous être ailleurs que dans notre corps et dans l’instant présent ? Elle l’a dit la championne Olympique : on est à la fois dedans et un peu au-dessus … ça vous dit quelque chose dans votre expérience de coach ? Dans la qualité de présence, on peut juste explorer au fur et à mesure qu’elle se déploie, à son rythme, à sa manière, il se passe quelque chose en soi : C’est que cette qualité de présence (que vous êtes) est contagieuse. Elle irradie en quelque sorte et contamine positivement votre client. Quand vous êtes dans cette qualité de présence à vous-même, à l’autre et à la situation, cela invite le client à vous rejoindre dans ce même état, depuis l’intérieur de lui-même, où il mobilise naturellement ses ressources de lucidité et de sérénité. Cet état on n’y entre pas pour « faire » quoi que ce soit en rapport avec le client, on y entre de nature (et c’est votre job). Cette qualité de présence à soi-même permet à la situation de se clarifier d’elle-même, de se desserrer, de devenir elle aussi plus vaste et beaucoup moins grave et dramatique. Dans cette qualité de présence partagé, on peut facilement prendre de la distance par rapport aux émotions et aux enjeux, parce qu’il apparaissent comme des contenus, des phénomènes passagers et de moindre importance. Dans cet état de présence, même un dragon passant dans le ciel semant la terreur derrière lui, ne ferait que passer et ne serait qu’un nuage qui apparaît, puis disparaît, tandis que vous êtes là et que ses flammes ne vous atteignent pas. Qui est là, quand vous êtes là (dans cette qualité de présence) ? Qu’est-ce que la Présence en coaching, qui se manifeste, en quelque sorte, quand vous cessez de penser pour être enfin là, calme et clair ? On ne sait pas ! Mais ce qui est sûr c’est que c’est là quand vous êtes là, que cela respire, cela est conscient, cela vit, cela comprend, cela aime…