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Je suis coach depuis 15 ans, certifié·e, accrédité·e PCC ou MCC, j’ai accompagné des centaines de clients… La supervision ? J’en ai fait au début, mais aujourd’hui, je m’auto-supervise.”
Cette phrase, on l’entend souvent dans les cercles de coachs aguerris. Et elle part d’un constat réel : à mesure que l’expérience s’accumule, la technique se fluidifie, la posture s’épure, et l’on croit (souvent à juste titre) qu’on sait gérer les situations.
Mais c’est justement là que le piège se referme.
Dans cet article, nous allons casser avec humour et exigence les croyances les plus fréquentes autour de la posture du coach expérimenté… et montrer pourquoi la supervision systémique senior est l’un des meilleurs investissements possibles pour continuer à évoluer, profondément.
1. “Je n’ai plus besoin de supervision, j’ai de l’expérience”
C’est un peu comme un chirurgien qui dirait :
“J’ai 2 000 opérations à mon actif, je n’ai plus besoin de revue de pratique.”
L’expérience ne vous rend pas moins faillible, elle vous rend juste plus habile à masquer vos automatismes.
Et parfois, vos angles morts deviennent… très bien déguisés :
- “Je sais gérer les résistances” = je ne les ressens même plus
- “Je m’adapte au client” = je sur-adapte sans oser confronter
- “Je suis dans l’être, pas dans le faire” = je suis dans une posture figée, mais élégante
La supervision systémique n’est pas un retour à l’école. C’est un terrain de décantation pour les coachs les plus mûrs. Elle ne vous apprend pas des modèles, elle vous invite à désapprendre ce qui s’est rigidifié à votre insu.
2. “J’ai mon propre espace de réflexion, je fais de l’auto-supervision”
Formidable. Vous êtes autonome, réflexif, structuré.
Mais si votre propre cadre de pensée ne vous dérange jamais, il y a fort à parier qu’il vous enferme doucement.
La supervision systémique, c’est un endroit où quelqu’un :
- Ne pense pas comme vous
- Vous questionne sans chercher à avoir raison
- Met en lumière des boucles que vous n’aviez pas identifiées
- Vous montre comment votre propre système intérieur entre en résonance avec vos clients
Un superviseur systémique ne vous “corrige” pas. Il perturbe avec bienveillance votre homeostasie professionnelle.
Et oui, même un coach expérimenté a besoin, parfois, d’être un peu secoué.
3. “Je supervise déjà d’autres coachs, c’est suffisant pour ma posture”
C’est noble. C’est utile. Mais c’est aussi… dangereux.
Parce que plus vous devenez référent pour d’autres, plus vous risquez de :
- Vous installer dans une posture d’autorité douce (“je n’impose rien… mais j’ai raison”)
- Inconsciemment, consolider votre propre modèle au lieu de le revisiter
- Ne plus vous autoriser à douter, parce que vous êtes désormais “celui ou celle qui guide”
La supervision systémique senior vous remet dans le rôle du praticien humble. Celui qui accepte de ne pas tout voir. De ne pas toujours comprendre. D’être, à nouveau, en chemin.
Et c’est là que la vraie posture mature se construit.
4. “Je n’ai pas le temps pour ça”
Argument classique. Et compréhensible.
Mais quand un coach expérimenté dit qu’il n’a pas le temps de se faire superviser, c’est souvent qu’il est trop occupé à être performant, à remplir son agenda, à “tenir la posture”. Il confond :
- Productivité et profondeur
- Maîtrise et conscience
- Succès apparent et intégrité silencieuse
La supervision systémique est un espace hors du temps, un sas pour décaper ce que l’expérience a parfois fossilisé.
Ce n’est pas une perte de temps. C’est un nettoyage professionnel.
5. “Je n’ai pas trouvé de superviseur qui me challenge vraiment”
Ça, c’est un vrai sujet.
Beaucoup de superviseurs restent dans l’analyse bienveillante, le retour rassurant, l’écoute sans profondeur. Ce qu’un coach expérimenté recherche, c’est souvent :
- Un regard vif, sans jugement
- Une capacité à travailler avec la complexité
- Un positionnement au service de la posture, pas de la méthode
La supervision systémique senior, quand elle est bien menée, répond à ce besoin. Elle s’adresse à des professionnels qui ne veulent pas “faire mieux”, mais “voir plus loin”.
Et ça, c’est rare… mais précieux.
En résumé : ce n’est pas votre technique qui a besoin de supervision. C’est votre maturité.
La supervision pour coach expérimenté, ce n’est pas du perfectionnement.
C’est un retour à l’essentiel. C’est un miroir exigeant, pas une validation.
Un superviseur systémique vous aidera à :
- Déjouer vos zones de confort “invisibles”
- Travailler votre relation au pouvoir, au vide, au résultat
- Réinterroger votre impact réel
- Vous réaligner avec ce que vous êtes devenu·e aujourd’hui (et non ce que vous étiez au moment de votre certification)
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J’aimerais maintenant vous raconter un bout se séance de supervision avec Jean-Michel, un coach senior brillant, un coach puissant comme on aimerait en avoir dans mon équipe…
Jean-Michel, ou l’art discret de sortir de son propre cadre
Jean-Michel a 53 ans.
Polytechnicien. Ancien directeur général d’une business unit d’un grand groupe industriel français.
Coach depuis douze ans. Individuel et d’équipe. Certifié, expérimenté, reconnu. Son carnet de commandes est bien rempli, grâce à un solide réseau d’anciens pairs devenus DRH, dirigeants ou entrepreneurs.
C’est un homme affûté. Il parle peu, écoute beaucoup, formule avec précision. Il évite le superflu, valorise l’essentiel. Et pourtant, depuis plusieurs mois, quelque chose l’agace. Non pas dans sa pratique — ses clients sont satisfaits, ses missions se reconduisent — mais dans la sensation persistante de ne pas aller “au bout”. D’être utile… sans être percutant. De faire du bon coaching… sans déplacer les lignes en profondeur.
Un coach stable, mais trop sage
Il le sait. Il le sent. Il contourne parfois ce qu’il faudrait frontaliser. Il choisit, avec élégance, les mots qui ne froissent pas. Il reste souvent dans le cadre implicite de ses clients, au lieu de bousculer leurs structures mentales. Il leur offre de la clarté, du soutien, de l’analyse… mais pas ce petit vertige intérieur, cette bascule de perception qu’il admire tant chez d’autres praticiens.
Jean-Michel a toujours été intelligent. Ce qui lui manque aujourd’hui, ce n’est pas de mieux comprendre ses clients. C’est de les déplacer. D’oser faire émerger l’énergie cible qu’ils cherchent, sans la nommer. D’incarner, lui, dans sa posture, ce que ses clients doivent oser devenir.
Et c’est précisément pour ça qu’il a décidé de solliciter Paul Devaux, après avoir lu tous ses articles et suivi plusieurs de ses webinaires. Ce qui l’a convaincu ? Le langage simple mais incisif, l’absence de dogmatisme, la capacité à mettre du vivant dans du concept, et l’approche systémique incarnée.
Une supervision pas comme les autres
Ce jour-là, Jean-Michel arrive pour sa 4ᵉ séance de supervision. Les trois premières ont déjà secoué quelques certitudes, mais cette fois, quelque chose bascule.
Il arrive avec un cas client classique en apparence : une équipe de direction bicéphale, avec un DG charismatique et un DGA très structurant, qui se neutralisent mutuellement. Jean-Michel les accompagne depuis six mois. De la fluidité relationnelle a été retrouvée, les arbitrages sont plus clairs, mais… « il manque de l’élan, une impulsion », dit-il.
Paul écoute. Puis il lui demande :
« Et toi, tu es entré dans leur équipe comment ? Tu as pris quelle place dans ce système bicéphale ? »
Jean-Michel réfléchit. Hésite. Puis répond : « Une place de médiateur, je suppose. J’essaie de les faire se parler sans se heurter. »
Silence. Paul le regarde. Ce regard sans filtre, sans complaisance, mais sans dureté non plus. Juste pleinement présent.
« Est-ce que tu accompagnes leur puissance… ou est-ce que tu la contiens ? »
Le point de bascule
Jean-Michel se redresse légèrement. Il ne s’attendait pas à cette formulation. Il la trouve forte. Juste. Inconfortable aussi.
« Je crois que… je les empêche de se heurter, oui. Je crois que j’anticipe leurs clashs pour ne pas perdre le fil. »
Paul ne commente pas. Il garde l’espace ouvert. Puis il relance, avec douceur mais sans ménagement :
« Et à quoi tu sers, en faisant ça ? »
Jean-Michel sourit, comme à son habitude quand une question touche juste.
« À maintenir une paix fonctionnelle. »
« Mais ce n’est pas ce qu’ils cherchent, Jean-Michel. Tu le sais. Ils veulent du mouvement. Du vivant. Du courage. Et tu leur offres de la stabilité. »
L’homme qui rassure… et qui s’oublie dans la régulation
La supervision prend alors une autre tournure. Paul ne décortique pas le cas. Il invite Jean-Michel à regarder ce qui, en lui, a besoin de maintenir la paix.
« Quand as-tu appris que tu étais utile en arrondissant les angles ? »
Jean-Michel pense à son parcours. Sa formation scientifique. Sa carrière de dirigeant. Les fusions, les réorganisations, les tensions managées avec doigté. Il comprend que sa capacité à pacifier a été récompensée toute sa vie. Mais qu’aujourd’hui, dans son métier de coach, cette posture lui coûte.
« J’ai développé une élégance qui empêche parfois la rugosité nécessaire. »
Paul sourit. Pas de grand effet. Pas de validation pédagogique. Juste un léger :
« Voilà. »
L’ombre du coach expérimenté : la maîtrise comme prison douce
Jean-Michel réalise alors qu’il est devenu un coach tellement maîtrisé, tellement fluide, qu’il a expulsé l’imprévisible. Il a, sans s’en rendre compte, réduit sa palette émotionnelle à un espace balisé, professionnel, respectable. Et… un peu lisse.
Il dit : « Je crois que je suis devenu inattaquable. Mais aussi… un peu inoffensif. »
Et c’est là que Paul introduit, avec une simplicité désarmante :
« Et si ton prochain mouvement, ce n’était pas d’être plus précis, mais plus sauvage ? »
Ce que la supervision systémique permet : démasquer le rôle, libérer l’énergie
Le reste de la séance est un travail fin, mais percutant. Paul n’explique pas. Il fait sentir.
Il invite Jean-Michel à rejouer, à voix basse, une scène avec le DG. Mais cette fois, sans chercher à modérer. En incarnant l’impertinence qu’il n’a jamais osé leur offrir.
Jean-Michel s’essaye à une reformulation plus directe, plus provocante. Et là, dans le silence qui suit, il sent une montée d’énergie, de clarté. Pas une attaque. Une verticalité assumée.
« Tu vois ? Ce n’est pas une violence. C’est une présence. »
Sortir du coach performant pour devenir le coach vivant
En sortant de la séance, Jean-Michel est un peu secoué. Pas épuisé. Pas humilié. Juste… touché dans un endroit encore vivant.
Il a compris que sa posture de coach expérimenté était en train de devenir un rôle. Que son intelligence pouvait le protéger de la transformation, plutôt que l’y conduire. Et que pour accompagner ses clients vers une posture d’autorité vivante, il devait lui-même commencer à l’incarner.
Épilogue : une parole nouvelle, une présence plus dense
Dans les semaines qui suivent, Jean-Michel tente. Doucement. Il introduit des phrases plus tranchantes. Il confronte plus tôt. Il se laisse traverser par des intuitions plus crues. Ses clients ne fuient pas. Au contraire. Certains le remercient de “dire ce que tout le monde ressentait”. D’autres le regardent autrement. Il déplace ses clients, en les décadrant.