Faire face à la critique, c’est pas agréable. Si quelqu’un vous adresse  une critique, vous ne pouvez pas toujours l’esquiver. Restez calme et silencieux, n’interrompez pas votre interlocuteur, ne vous agitez pas. Respirez tranquillement… Nous allons voir comment faire face à la critique sans monter dans les tours, et aussi comment confronter son patron, si c’est lui/elle qui vous critique et que vous estimiez que ce n’est pas justifié.

LA BONNE ATTITUDE POUR ENCAISSER LA CRITIQUE

Ancrez-vous dans le sol, en visualisant des racines sous vos pieds et en sentant bien votre poids.

Respirez tranquillement, en insistant sur l’expiration. A la fin de l’expiration, attendez que l’inspire survienne de lui-même. Détendez-vous dans ce rythme, et écoutez votre interlocuteur expliquer son point comme s’il ne s’agissait pas d’une critique contre vous. Ne cherchez pas à vous défendre de la critique. au contraire accueillez la avec tout votre corps. Les boxeurs professionnels disent que la résistance aux coups est plus douloureuse que les coups eux-mêmes. Donc : ouvrez-vous, tout en vous protégeant des excès d’agressivité de votre interlocuteurs (s’il fait des grands mouvements, reculez vous un peu… Eventuellement, si vous sentez la personne agressive, mettez vous même un peu de profil et gardez une attitude modeste, ferme mais sans arrogance. Evitez de la fixer du regard. Toutefois ne baissez pas les yeux. Regardez au loin, à l’horizontale et croisez son regard de temps en temps. Mais regardez plutôt au-delà de cette personne, voyez-là sans la regarder vraiment, conservez un regard ouvert…Si la situation s’échauffe de trop, proposez une « suspension de séance » ou retirez-vous. Il n’y a aucune raison de subir un déferlement d’agressivité gratuite.)

Vous êtes pas toujours forcé de répondre tout de suite à chaud. Dans ce cas, dîtes que vous allez y réfléchir et n’hésitez pas à revenir vers cette personne après un petit délai. Mais dans ce cas, tenez parole : sous quelques jours maxi, revenez vers elle, pour lui faire part d’un accusé réception de ses critiques et d’éléments de solution à mettre en œuvre pour résoudre le problème qu’elle aura évoqué.

NE VOUS JUSTIFIEZ PAS.

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FAIRE FACE À LA CRITIQUE

L’autre jour, en voiture je devais m’arrêter sur le bas côté, je mets mon clignotant, je freine et je m’arrête sur une place autorisée, sans gêner personne. Mais l’automobiliste qui me suivait, et qui était peut-être pressé, me klaxonne, baisse sa vitre en passant à ma hauteur et me lance des injures… Comment faire face au reproche absurde lancé par cette personne ? Faut-il sortir de sa voiture en colère et prendre des allures menaçantes ? Faut-il lui expliquer poliment qu’on n’a rien fait de mal ? La justification face au reproche est un recours voué à « toujours davantage d’échec »… Elle consiste à entrer dans le jeu du reproche, en rejoignant l’autre dans l’espace problème, sans aucune avancée possible par rapport à la situation, ni pour l’un ni pour l’autre. Au contraire, même, elle relance la dynamique et vous expose à devoir de nouveau faire face au reproche : en cherchant à contrer le reproche, le reproche nourrit le jeu relationnel, tout en lui conférant davantage d’énergie… Pour autant, faut-il s’écraser et ne rien faire ?… En se justifiant, on tente d’expliquer à l’autre que son reproche n’est pas fondé (lui faisant implicitement là un reproche en retour !). Mais ce faisant, on se débat dans le « contenu », qui n’est en fait qu’un prétexte pour rejouer un processus sans fin, sans autre bénéfice que de se voler mutuellement de l’énergie. Manipuler ces contenus polémiques sans objet véritable, est en fait une manière inconsciente et involontaire de nourrir le processus de dispute. Un peu comme une pièce de théâtre qui mettrait en scène les mêmes émotions, et les mêmes relations quels que soient les situations et les dialogues, lesquels ne serviraient que de support pour jouer le véritable thème (la scène archaïque de la dispute), qui se déroulerait  de façon sous-jacente en toile de fond… Mais ce serait une pièce de théâtre dont visiblement les acteurs n’auraient pas le même livret, tant les histoires qu’ils racontent semblent différentes. Tout est question de point de vue : le mien ? le tien ? Quand nous intervenons en médiation, il est toujours étonnant de voir avec quelle force de conviction chaque protagoniste semble vouloir nous emporter dans l’histoire telle qu’il l’écrit … Si le reproche est un piège, dont le contenu n’est qu’un leurre pour mieux attirer sa proie, la justification en est le pendant du côté de la victime complice. En se justifiant, elle prend la place dans le scénario suggéré, dans lequel elle joue tour à tour et en boucle les rôles de victime et de bourreau. Dans le fond : qui cela intéresse-t-il vraiment ?

IDÉES POUR FAIRE FACE A LA CRITIQUE

REMARQUES : Remarque 1 : Parfois, il pourra être utile de revenir à froid sur un reproche qui vous aurait été adressé, et de donner à la personne d’autres clés de lecture, qui lui permettront de comprendre autrement la situation au sujet de laquelle elle avait adressé des reproches. Il faut veiller à choisir un moment où le processus de reproche est « désenclenché » (tout en sachant qu’il peut se réenclencher très vite), sinon le jeu relationnel reprend de plus belle immédiatement, et tout le bénéfice éventuel de l’explication sera perdu. Remarque 2 : Il arrive que certaines relations soient malheureusement trop profondément infectées par la compulsion de  « plainte-reproche-justification », pour que des remèdes simples puissent agir. Quand de nombreuses tentatives n’ont finalement réussi qu’à échouer davantage, il peut s’avérer nécessaire d’interrompre, ne serait-ce que provisoirement, de faire appel à une médiation extérieure non interventionniste ou de mieux choisir à l’avenir les partenaires avec qui l’on souhaite partager des relations simples et positives. Dans certains cas, quand une relation finit par coûter plus qu’elle n’apporte, ou quand elle met trop en danger son propre équilibre, il peut arriver de devoir accepter l’échec (car c’en est un), pour passer à autre chose qui sera toujours plus profitable que de poursuivre sans fin dans des complications s’envenimant toujours davantage. Et n’a-t-on pas le droit de faire des choix selon ses priorités dans la vie ? A chacun sa dose de résilience, après tout… Et que faire si c’est votre boss qui vous fait des reproches, et que ses critiques soient injustifiées ?

FAIRE FACE A LA CRITIQUE DE VOTRE BOSS

Faire face à la critique de votre boss et le confronter est nécessaire et indispensable dans de nombreuses situations :

  • il (ou elle) ne respecte pas lui-même les règles qu’il vous impose
  • il (ou elle) ne tient pas ses engagements
  • il (ou elle) ne reconnaît pas vos contributions à leur juste valeur
  • il (ou elle) ne vous accorde pas les ressources dont vous avez besoin
  • il (ou elle) fait preuve de partialité à votre égard
  • etc…

Confronter votre patron est un acte courageux (à manier avec précaution et utiliser avec subtilité) mais nécessaire. Surtout si votre patron a tendance à ne pas vous respecter. N’importe quels patrons apprécieront des personnes qui savent à bon escient leur rappeler que vous n’êtes pas toujours de leur avis et que vous osez faire des contre propositions, exprimer un désaccord, voire même : entrer en conflit de temps en temps… Nous avons vu récemment comment exprimer une critique de façon constructive, nous allons maintenant voir ensemble comment confronter son patron intelligemment et de façon professionnelle… La méthode pour faire face à la critique de votre patron, en le confrontant est simple. Elle procède en 4 étapes :

  • 1- Dire les faits : ce que vous constatez
  • 2- Exprimez vos émotions : ce que vous ressentez
  • 3- Expliquez votre besoin : les conditions qui vous sont favorables
  • 4- Formulez une demande : la proposition que vous lui faîtes

Prenons un exemple pratique : Imaginons que votre boss vous a contredit 3 fois dans une même réunion, et que vous estimez que ce n’était pas juste de sa part… Au lieu de ne rien dire et de ruminer dans votre coin ou de l’invectiver avec véhémence : “je ne sais pas ce que tu as ce matin, tu as quelque chose à me reprocher, ou quoi ?” (voir à ce propos la différence entre reproche ou recadrage) Dîtes-lui plutôt : 1- Je constate que par trois fois ce matin tu t’es opposé à ce que je disais :

  • Au début de cette réunion, tu as qualifié ma suggestion d’inopportune, sans expliquer davantage en quoi elle ne te convenait pas
  • Ensuite, quand j’ai évoqué l’optimisation du planning de production, tu m’as coupé la parole pour changer de sujet
  • Et à l’instant, juste avant que nous ne quittions la salle de réunion, quand tu as demandé si quelqu’un avait une suggestion pour cet après-midi, tu as écouté attentivement deux de mes collègues et tu as conclu la réunion alors que je demandais la parole aussi…

2- Je ne me sens pas pris en compte et pour tout te dire, agacé, par cette situation répétitive. Vis-à-vis de mes collègues, tu as l’air de me désavouer ! 3- J’ai besoin de sentir que tu respectes mon avis, en l’écoutant jusqu’au bout et en accusant réception de ce que je propose. 4- Je ne te demande pas d’être d’accord, mais au moins de me répondre, et d’argumenter ta position quand tu es en désaccord avec un point. Par ailleurs, si tu as quelque chose d’autre à me reprocher, je te prie de me le dire maintenant, je suis prêt à l’entendre et à en tenir compte. Cette façon de procéder est non agressive et respectueuse des deux parties. Vous avez le droit de dire cela et celui ou celle à qui cela s’adresse n’a pas de raison objective de le prendre mal. Bien sûr c’est toujours possible, comme on peut toujours se mettre un tourne-vis dans l’oeil, mais avouez que ce n’est pas fait pour… Autrement dit, si vous avez affaire à une personne normale, cette technique est efficace, à condition que vous soyez sincère et restiez calme. Autre exemple : Cela fait deux fois que votre manager décale un point qu’il a fixé avec vous. 1- Quand tu déplanifies deux fois de suite ce mois-ci le point individuel que tu as avec moi… 2- J’ai l’impression que ce point individuel n’est pas important pour toi, et je ne sens pas que tu respectes mon agenda. 3- Je n’ai pas besoin d’être ta priorité, mais nous étions d’accord pour que nous ayons un temps d’échange régulier pour avancer sur nos dossiers communs. 4- Je me libère donc de la disponibilité à ta demande, et je voudrais bien que tu fasses la même chose…

LES EFFETS POSITIFS

Confronter son patron c’est renforcer votre propre estime de soi, c’est exister face à la hiérarchie qui ne vous en voudra pas si vous le faîtes proprement et avec parcimonie. Et c’est aussi exister face à vos collègues, qui constatent que vous êtes intègre et oser vous ériger pour vous faire respecter, même si c’est face à votre supérieur hiérarchique. Ils sauront que vous êtes juste, et que vous ne vous laissez pas faire : avis aux amateurs ! Ne confrontez pas en public, faîtes le évidemment de préférence en privé. Faîtes le si possible à chaud. Mais le lendemain, à la Colombo (“j’ai repensé cette nuit à ce que vous m’avez dit hier…”), c’est mieux que de ne jamais le dire ! Ce que nous disons là à propos de confronter son patron est vrai pour n’importe quelle confrontation. Mais qui peut le plus peut le moins ! Ceci dit, allez y doucement, on ne voudrait pas avoir des ennuis avec votre patron ! ?

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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