Dans cet article, je vous propose un éclairage personnel, et peut-être un peu décalé par rapport à ce qu’on lit parfois sur le sujet, sur le cheminement intérieur. J’y explique que les prises de conscience ne sont pas toujours liées à des évènements marquants situables dans le temps, et que le travail d’intégration prend un certain temps pour s’incarner dans le quotidien avec solidité.
Je veux ainsi encourager tous ceux qui éventuellement se demandent que faire pour vivre « une grande expérience d’Unité », un Samadhi, un Satori, une montée de Kundalini, etc… Je voudrais leur dire, que ce n’est à mon avis pas nécessaire, et que ce ne devrait en aucun cas être un objectif sur le Chemin spirituel.
Pour moi la spiritualité authentique doit être stable et constante, si on souhaite qu’elle soit solide et puissante. Pas besoin de coups d’éclat. Au contraire, cela déstabilise et fait perdre souvent pas mal de temps à ceux à qui cela arrive.
Spiritualité incognito
Amis lecteurs, je me suis toujours un peu comme un « passager clandestin » dans le monde professionnel. Passionné par la spiritualité depuis ma plus jeune adolescence, je me suis senti appelé à diverses pratiques telles que le yoga, la méditation, puis le Qi Gong plus tardivement.
Pendant longtemps, j’ai vécu une forme de dichotomie entre la nécessité d’une vie professionnelle, horizontale et profane et mes aspirations à la clarté, l’harmonie et la paix. Ne trouvant jamais assez de temps pour approfondir ce qui me paraissait une absolue priorité, et devant par ailleurs faire face à des contingences matérielles, je ne voyais pas encore comment concilier les deux polarités de ma vie.
Il a fallu que le coaching entre dans ma vie, pour commencer à entrevoir comment l’un pouvait être au service de l’autre (et réciproquement d’ailleurs). Cet antagonisme entre ces deux impératifs (gagner sa vie et honorer ses aspirations spirituelles), tout d’abord pesante, m’a offert une forge intéressante, et finalement permis de dépasser par le Fronton ces deux colonnes du Portique 🙂
Avant de devenir coach, j’étais malheureux de ne pouvoir communiquer ce qui comptait le plus à mes yeux, et de devoir me compromettre dans des métiers que je trouvais inintéressants. Cette contradiction s’est résolue d’elle-même peu à peu, à travers les métiers du coaching. Aujourd’hui, je n’ai rien à cacher ni rien non plus à révéler. Ce qui est à l’intérieur se témoigne de soi-même, à qui y est réceptif. C’est déjà un premier résultat d’intégration. Laissez-moi vous en dire quelques mots, même si c’est un peu personnel et toujours un peu gênant de parler de soi.
Le quotidien comme exercice
Tout d’abord inspiré par K.G Dürkheim, qui proposait le quotidien comme exercice spirituel, et à force de lire les textes de grands ténors modernes de la non-dualité chacun dans leur style, tels que Nisargadatta, Eckhart tollé, Jean Klein ou Jacques Breyer, j’ai peu à peu intégré la spiritualité à ma vie ordinaire. Sans faire d’effort pour cela. C’est venu petit à petit, assez naturellement.
L’idée du quotidien comme support de pratique spirituelle est que chaque acte, même insignifiant, a une résonance et une portée plus vaste, spirituellement y compris.
Ainsi :
- Laver la vaisselle contribue à laver le monde ;
- Commencer une tâche (ou démarrer sa voiture) est l’occasion de découvrir la nouveauté, de « démarrer » l’instant présent, comme si on y entrait pour la première fois.
- Rencontrer un quidam, c’est faire la rencontre du « Soi universel », à travers l’autre, et en même temps lui offrir la vue de lui-même au Miroir.
- Aimer nos proches, en dépersonnalisant partiellement ce sentiment, c’est se découvrir être soi-même l’Amour, qui n’est plus quelque chose de distinct de soi que l’on éprouve parfois et parfois pas. Cela se découvre comme étant soi-même, l’état de notre nature intrinsèque, indépendant des circonstances extérieures. Ainsi, je n’aime plus seulement quelqu’un, j’aime tout court. Je suis dans cet état, presque sans objet… et donc également sans sujet. C’est l’amour qui s’aime à travers nous… (j’y faisais référence il y a quelques années dans cet article sur « l’amour vrai »).
Tout cela peut paraître présomptueux, mais je vous assure que c’est pourtant très « banal » et ma vie ne me semble pas être exceptionnelle (hormis la présence centrale de la spiritualité, alors que je suis né au sein d’une famille plutôt peu intéressée par la spiritualité).
L’intérêt des pratiques spirituelles
- L’habitude de chercher à comprendre par moi-même, à partir de la page blanche comme le propose la scolastique du moyen-âge, m’a éloigné des sectes de tous genres et de toute prétention dogmatique.Je trouve au contraire que mon parcours est très modeste.
- La pratique du Qi-Gong me permet de célébrer la vie, à travers le plaisir que j’ai à la caresser dans des mouvements amples, doux et conscients que la Chine ancestrale nous à transmis.
- La méditation m’exerce à voir les pensées sans les suivre, à repérer les émotions et à les vivre intensément et tactilement, sans me raconter d’histoire à leur propos.
- La réflexion métaphysique m’aide à purifier le mental de ses biais cognitifs, pour voir la vie d’une manière neuve et débarrassée des idées toutes faites que sont les croyances.
Pour autant la vraie vie est aussi ailleurs que dans ces pratiques :
- faire les courses pour manger, faire son ménage, ainsi que diverses tâches domestiques réputées fastidieuses, peut se révéler une vraie Joie, quand on voit une expression de l’Unité dans toute chose.
- comme presque tout le monde : tomber diversement amoureux, faire diverses expériences, se mettre en ménage, avoir éventuellement des enfants, divorcer (ou l’équivalent, chacun à sa manière), tout cela prend du temps, et prend la tête, assez longtemps dans une vie. Cela dit, c’est tout particulièrement là qu’on se révèle, pour le meilleur et pour le pire.
- perdre des proches, vivre l’amertume de quelques échecs, et remonter la pente, sans en faire toute une histoire, représente souvent une belle expérience, quoi que très commune.
- gagner enfin de quoi partir en vacances, après avoir perdu sa vie à la gagner (accessoirement en polluant la planète par exemple avec des trajets en avion) : cela amène à faire des choix, à repenser nos consommations, à se montrer responsable…
- etc…
C’est dans toutes ces situations dérisoires et ordinaires que se joue la spiritualité, mieux que de fréquenter une église quelconque ou un gentil tapis de yoga. La vie, c’est maintenant, au travers de chaque micro situation et chaque activité, aussi modeste soit elle. C’est donc là que se joue la vraie spiritualité, au miroir du Réel, après l’entraînement sur le tapis de yoga ou le coussin de méditation. C’est là que le naturel revient au galop, l’imposture filtrant à travers les postures, l’égo se manifestant sous de multiples facettes : ennui, impatience, mépris, petits égoïsmes ordinaires, tensions relationnelles, micro vexations, défenses dérisoires, remords, ressentiments, etc… C’est là le terrain de jeu du véritable travail sur soi.
Expérience d’éveil spirituel : facultative et optionnelle
Je disais qu’il m’a fallu beaucoup de temps, et que les transformations ont infusé en moi imperceptiblement (malgré des moments d’intensité évidemment). Cahin-caha, des changements radicaux ont bien eu lieu en moi. Je ne peux que le constater. Ils ont profondément changé mon rapport à la vie et ma vision du monde. Quoi que cela soit à proprement parler « extra-ordinaire », je n’ai pourtant pas vécu de matin d’un grand soir, marqué par un grand feu d’artifice intérieur, une expérience d’éveil avec fanfare et trompettes.
Cela s’est plutôt distillé, goutte à goutte, sans crier gare. Ce qui a d’ailleurs permis que l’ego ne s’empare pas trop de cela pour se croire être quelqu’un d’important (J’aurais ainsi pu me raconter que j’étais « quelqu’un de secrètement spirituel », ou « quelqu’un d’éveillé discrètement », certes « philosophe inconnu » selon l’expression consacrée, mais tout de même frustré de rester incompris des autres…). Mais, je n’en ai pas eu le temps, trop occupé que j’étais à « chercher », sans ambitionner autre chose que de me libérer du poids de mes conditionnements.
Au contraire, j’ai maintenant la joie de n’être qu’un brave coach, qui gagne sa vie honnêtement, et suis bien content de mon sort, heureusement « perdu dans les profondeurs du classement ».
Il paraît qu’Eliphas Lévi disait quelque chose du genre : « Heureux celui qui dispose d’une aisance souple, et peut dès lors s’adonner pleinement à l’art royal »… C’est bien : ni pauvreté, ni richesse, car les deux coûtent très cher, mais une situation intermédiaire, en sachant se stabiliser sur une certaine orbite de dépenses et de revenus, pour apprécier le voyage à sa mesure, sans ambitionner d’être toujours quelqu’un d’autre.
Faut-il « prendre refuge » auprès d’un maître ?
Je crois que la réponse n’est pas dans nos mains. Certains le font, et en reviennent parfois, tandis que d’autres s’en portent très bien et d’autres encore ne font jamais cette rencontre décisive.
Pour ma part, j’ai croisé dans ma jeunesse l’homme qui m’a profondément bouleversé et que j’entends toujours au fond de mon coeur. Pour autant, jamais il ne s’est permis un conseil ou la moindre ingérence dans ma vie. Et il m’impressionnait tellement que je n’ai jamais osé lui poser de questions personnelles (ni sur moi, ni sur lui. D’ailleurs, je ne suis pas sûr qu’il aurait répondu… Et, incrédule comme je suis, je ne suis pas sûr non plus que je l’aurais cru ! Donc à quoi bon ?). J’ai préféré tout réfléchir par moi-même, m’inspirant de son exemple majestueux.
Une authentique école de liberté
Pour moi, la révélation doit être directe et intérieure, sinon elle ne m’intéresse pas. Du coup, c’est un peu ce qui m’est arrivé, dans une certaine mesure du moins…
J’ai pris mes décisions par moi-même, assumant mes erreurs. Cela aurait pourtant été pratique d’avoir auprès de soi un wikipedia du Sentier, à qui j’aurais pu poser toutes sortes de questions (un peu comme Donald Walsch dans ses « Conversations avec Dieu », qui pose toutes les questions qui lui passent par la tête … Dieu ! :-).
Mais, c’est probablement trop naïf pour moi, qui suis fondamentalement un mécréant.
Si Jacques n’était pas décédé depuis 30 ans, j’aurais bien encore quelques questions de derrière les fagots à lui soumettre… Mais que ferais-je de ses réponses, finalement ? Une réponse n’est utile que si on l’intègre. Il ne s’agit donc pas d’y croire ou non, il s’agit plutôt de « réfléchir » par soi-même au miroir. Et l’école de liberté qui m’a séduite m’a toujours renvoyé à moi-même. Pour moi, c’est à l’intérieur que doit se témoigner la Vérité. Ce qu’en disent les autres leur appartient. C’est parfois intéressant, mais cela doit me plonger en moi-même, sinon c’est qu’on est dans une secte de plus, et c’est sans intérêt.
En ce sens j’aime bien Yogani, qui signe toutes ses leçons en écrivant « Le guru est en vous », en guise de salutation et de bénédiction. Ce gars-là a compris quelque chose, je crois…
Le romantisme initiatique
Parfois, étant encore vert, je me disais avec une pointe d’envie et de nostalgie, que si j’avais été une sorte de « moine de Shaolin », j’aurais été plus vite sur le Sentier, je me serais entraîné à fond, ne faisant que ça.
Et bien maintenant, je pense exactement le contraire.
A moins qu’il ne s’agisse du destin particulier de quelqu’un, c’est plutôt une vision « romantique » du Sentier… Je sais dorénavant d’expérience de première main que la voie sèche n’est pas romantique, elle est pleine d’amour et de conscience, mais beaucoup plus discrète que ça. Et beaucoup plus « directe » finalement.
Apprécier sa chance, chaque jour
Je n’aspire pas à une vie plus éclatante. En revanche, je me suis toujours organisé avant tout pour me rendre disponible pour ma queste intérieure. Et ce que j’apprécie plus que la « réussite » (ou la notoritété embarrassante), c’est d’avoir du temps pour cultiver l’Essentiel, au lieu de devoir aller me disperser en allant « à l’usine », pour gagner de quoi payer mon loyer.
On me dira peut-être : « Le Karma yoga » (yoga de l’action, spiritualité à travers le quotidien) n’est-il pas justement une voie assez proche de celle que tu décrivais à propos de la spiritualité pratique, la spiritualité quotidienne ? ». Oui, c’est exact. Mais il faut bien un temps pour tout.
Aller à l’Essentiel
Et j’aspire dorénavant, à me concentrer encore davantage.
Non plus seulement « l’Essentiel au coeur de l’important », mais plus directement « l’Essentiel au coeur de l’Essentiel » !
Il n’y a certes pas de sot métier, ni de sotte activité (tout dépend avant tout de notre propre regard porté sur les choses), mais il en est qui nous correspondent davantage, et on a bien le droit de faire des choix en fonction de notre signature. C’est même nécessaire, sinon ce sont « des choix par défaut » qui se font malgré nous. Quand on ne prend pas de décision par soi-même, c’est la vie qui s’en charge, et ce n’est pas toujours la meilleure option !
Contre-sens non duel
A mes yeux, la perspective non-duelle montre ses limites, quand elle dénie tout libre arbitre et toute responsabilité. Pour moi, à l’évidence, c’est une erreur. A chacun de voir pour soi-même.
La dissolution de l’ego, c’est-à-dire la fin de l’illusion d’un moi séparé, ne signifie pas disparition de l’individu. Et le fait que Tout soit dans Tout, n’implique pas qu’il n’y ait pour l’individu (qui existe bel et bien, un certain temps du moins, et en surface peut-être…) aucune liberté, aucun choix, aucune responsabilité. Il y aurait là un contre-sens absurde, et nuisible même, parce qu’il inciterait à plus que du détachement : à du renoncement. Pour moi, un Chevalier doit « Accepter », pas se « résigner » (surtout pas sans comprendre), et donc ne jamais renoncer ! La désertion, dans une indifférence trop rapide, serait à mon avis une erreur.
Laisser la vie être ?
Bien sûr ! « Laisser la vie être » : quel magnifique programme. Mais au sein de cette vie, il ya un « je », qui prolonge le « Beau Plan de l’Architecte » comme diraient mes cousins. Et c’est justement au « Fils » d’assumer la décision que lui insuffle le « Père » (pour parler un peu Biblique si vous me permettez cette fantaisie).
La Créature parachève la Création du Créateur. Sinon à quoi bon l’incarnation, s’il n’y avait rien d’autre à faire qu’à laisser faire. Le « Wu wei » est ici à bien entendre, et certainement pas comme de la passivité, au prétexte qu’il n’y aurait « personne » (comme je le lis trop souvent à mon goût).
Dans mon expérience, il y a bien quelqu’un : cette Présence. Et, sans être l’ego pour autant, elle n’est pas sans désir. Son désir est juste celui de Dieu (« Le Père et moi ne faisons qu’Un » aurait dit Jésus, l’Enseigneur comme l’appelle malicieusement Jean-Yves Leloup)…
Spiritualité ordinaire
J’estime avoir déjà beaucoup reçu, et n’aurai déjà pas assez du reste de mes jours pour mettre à profit les miettes qui m’ont été offertes. Elles représentent pour moi un festin, qui me nourrit profondément.
Certes, je suis toujours « moi », mais je ne me prends plus totalement pour ce personnage. Il y a des pensées qui me traversent la tête, j’ai souvent la fantaisie de vouloir quelque chose ou de vouloir éviter autre chose, mais « cela est vu ». Et cela ne me dérange pas qu’il en soit ainsi. Ce sont comme des vagues à la surface de l’océan, elles s’inscrivent sur un fond assez tranquille. Et ce ne sont plus ces impulsions fantaisistes qui gouvernent ma vie.
On dirait même que c’est la vie elle-même qui s’occupe d’elle-même, en elle-même, par elle-même et pour elle-même… à travers ce corps. Et comme je le disais, il n’y a pas « personne » pour autant, puisque je suis là 🙂 …
Certes, à l’avant-plan, le personnage gesticule encore, mais c’est comme si (et je suis bien conscient que cela paraît contradictoire) : l’agitation se manifestait sur un état fondamentalement tranquille, affectueux et amusé.
Une vie magnifique
Dans cet état, j’adore la vie, je trouve tout « intéressant » (même si certaines circonstances me font me sentir plus à l’aise que d’autres, qui me correspondent moins).
Il m’est arrivé de belles rencontres, j’ai vécu de chouettes expériences, et traversé divers paliers de compréhension en cascade. Mais je ne me souviens pas d’avoir vécu de déclics spécifiques, qui me permettraient de dater un « grand évènement spirituel ». Beaucoup racontent des expériences, plus ou moins fulgurantes. Ce n’est pas mon cas. C’est la vie toute entière qui me paraît fulgurante, même si la mienne ressemble souvent à un long fleuve tranquille, où il ne se passe rien de tellement romanesque.
J’ai bien quelques croyances qui subsistent, mais elles ne me captent plus. En fait, je ne crois plus à mes croyances comme si elles étaient des vérités. Et encore moins des vérités à défendre.
Zéro sens de la conversation
Déjà que je n’étais jamais été très porté ni sur les « small talks », ni non plus sur les « grandes conversations » (hélas, les grands « débats d’idées » sont toujours fondés sur des prémisses matérialistes et dualistes. Du coup, cela tourne en rond et ne résout rien, c’est fatigant pour rien. Les gens défendent leur ego, en soutenant diverses positions, toujours partisanes. A quoi bon écouter, quand on a déjà compris que cela est vide ? A quoi bon répondre, quand l’autre ne veut manifestement pas regarder plus loin ? C’est comme une série TV, dont j’aurais l’impression d’avoir déjà vu tous les épisodes !) …
Avec mon « grand âge », c’est devenu encore pire qu’avant : je n’ai plus rien à dire du tout. Je crois avoir entendu assez de bêtises comme ça. Donc, sans juger ni rejeter personne (car chacun a bien le droit de vivre comme ça lui chante), j’entre encore moins qu’avant dans les discussions, même en famille ou entre amis.
- Seule m’intéresse la conversation directement spirituelle, quand elle est bien centrée, avec quelques intimes, avec qui les échanges procèdent de l’état de Présence en soi.
- Et, étonnamment, je trouve aussi cette qualité dans les séances de coaching, où l’esprit du coaching semble s’emparer de moi ,en quelque sorte.
- Non, je ne tombe pas en transe :-). J’écoute et réponds, menant la conversation de coaching comme n’importe quel professionnel le fait.
- Mais comme je le disais, je n’ai plus d’objectif. Pas de projet pour mon client, pas le souci non plus de lui convenir, je fais ce qu’on me demande : coacher ! Cela n’a rien de personnel, même si c’est bien ce client en particulier, et moi qui l’accompagne (et non pas un autre coach).
- Il semble que c’est la relation qui « soigne les bobos du client. Je n’y suis quasiment pour rien. Cela semble venir d’au-delà de moi et s’adresser à au-delà du client. Du coup, c’est très vivifiant pour moi. Je veux dire que « cela coache à travers moi », sans que je ne m’approprie les résultats (échec ou réussite de la séance), ni les interventions de coaching.
- Pour autant, je suis sur le pont, concentré, bien présent, et attentif à l’échange. Mais avec beaucoup de recul intérieur probablement, parce que tout cela ne m’apparaît pas grave du tout. Important, certes, mais pas grave. Cela reste léger et joyeux, comme la vie est légère et joyeuse. Même à l’occasion d’un deuil par exemple, dans le fond, même ressentir la tristesse, c’est joyeux.
- Et dire que « le coach ne fait rien » est une ineptie : bien sûr que le coach fait quelque chose ! Et il n’y a pas non plus « personne » (comme j’y ai déjà fait allusion plus haut). Tout ça ce sont des formules toutes faites. Même si ce sont à mon avis des erreurs, elles sont répétées à qui mieux mieux par des gens, qui ont peut-être mal compris leurs maîtres, ou qui n’ont pas encore constaté par eux-mêmes que ces derniers se trompaient. Disant cela, je suis conscient que certains enseignants de la non-dualité ne seront pas d’accord avec « moi ». C’est leur droit.
Concilier vie spirituelle et vie professionnelle
Progressivement, ma vie spirituelle et ma vie publique, ou pour le dire autrement : mon monde intérieur et mon activité professionnelle, ont en quelque sorte fusionné. Le rat des villes et le rat des champs se sont alignés, et ne sont plus devenus qu’un seul individu, avec deux facettes poreuses et très en lien l’une avec l’autre.
J’ai ainsi naturellement importé du monde de la métaphysique occidentale la notion des 4 Éléments Traditionnels (Feu, Air, Eau, Terre) dans ma pratique du coaching. Cette structure en 4 énergies m’a énormément inspiré, et il semble qu’il m’ait fallu en tirer le fil. Et nous avons largement décliné cette symbolique dans nos formations pour les coachs (partagée et co-construites avec les associés de l’école NRGy – voir le site de cette école de coaching d’équipe : nrgy-training.fr). Cela donne de la cohérence et de la structure à ce métier naissant, qui reste très approximatif.
Nous en avons déduit notamment :
- 4 aspects de la posture de coach,
- 4 niveaux d’écoute,
- 4 sortes d’insights,
- 4 étapes dans un coaching bien structuré,
- 4 besoins fondamentaux des équipes,
- etc…
Ce n’est là qu’une minuscule contribution, mais elle me plaît.
Puis, ma pratique du coaching s’est encore approfondie (mais je ne suis pas le seul à qui cela arrive. C’est tout-à-fait normal, qu’en pratiquant un métier pendant de nombreuses années, on y découvre des paliers. On y progresse vers des niveaux plus subtils qu’à nos débuts).
Et j’ai ainsi pu observer qu’une écoute non-duelle, était peut-être l’ultime de l’approche systémique d’un coaching holistique.
Qu’est-ce que l’écoute non-duelle ?
C’est une écoute, où il n’y a plus conscience de soi en train d’écouter. Il n’y a plus que l’écoute elle-même, qui s’actualise à travers des oreilles. Une relation de coeur à coeur entre un client et celui (ou celle) qui l’accompagne, dans laquelle l’intérêt sincère pour le client et la concentration dans l’ouverture, ne laissent parfois plus trop d’espace pour que persiste la sensation d’être quelqu’un en train de faire quelque chose.
On dirait que la Présence se manifeste sous forme d’écoute. C’est tranquille, cela n’a plus d’objectif, plus d’attente, plus de questions. Toutefois, des questions surgissent naturellement de la conversation de coaching, qui semble se dérouler d’elle-même.
C’est une écoute, depuis laquelle on ne juge absolument pas. On ne manipule pas, on n’analyse pas, on ne réagit pas, on ne compare pas, on ne discute pas, on ne négocie pas intérieurement, on ne cherche pas à se situer soi-même par rapport au discours du client, on ne se réfère à rien, on écoute simplement, avec fraîcheur.
L’individu que je suis est bien là, mais il n’y a rien de personnel à cette présence attentive. Pourquoi y a-t-il coaching ? Je pourrais dire que je n’en sais trop rien. C’est l’infinie créativité de la vie qui produit cela. Mais je suis là pour participer à la mise en acte de son intention.
Cette exploration est sans fin, et je n’en suis qu’au tout début. Donc, il me reste plein de choses magnifiques à découvrir, à l’écoute profonde des autres.
Quelle vocation de coach ?
A défaut de projet, mon impulsion actuelle semble être de poursuivre à explorer dans mon coin une spiritualité de mieux en mieux incarnée, et de faire encore des passerelles entre la spiritualité pratique et le coaching. J’aime ça.
Je me verrais bien explorer des champs d’investigation tels que :
- Métaphysique des profondeurs au service d’un coaching de surface ?
- Energétique et coaching (l’importance du magnétisme personnel dans la relation de coaching, au-delà d’éventuelles passes magnétiques qui n’y ont pas leur place).
- Tarot et coaching (rien à voir avec un oracle de tarot psychologique, mais plutôt « comment les Archétypes peuvent donner de la puissance aux actes de coaching », comme une « Magie de haute-science », toute simple et accessible, pourrait résoudre les petits maux du quotidien)…
A tout hasard, s’il se trouve des coachs intéressés par cette jonction entre leur spiritualité et leur pratique du coaching professionnel et qui cherchent une supervision systémique, qui va dans ce sens, je pourrai peut-être leur convenir.
Là encore pas question de « parler de spiritualité ». Les séances ne servent pas à cela.
Il y sera question de pratiquer une approche directe qui touchera les personnes sensibles, à travers les usages classique du coaching conversationnel.