Les effets du Qi Gong sont nombreux, profonds et précieux. Loin de moi l’idée d’en faire ici une liste exhaustive. Néanmoins je vous proposerai ici, en complément de mon précédent article sur les Principes du Qi gong, une liste indicative des premiers effets du Qi Gong, du moins les plus simples et les plus évidents.
Les effets du Qi Gong ne sont pas directement l’objectif
Le Qi Gong ne vise pas forcément des effets pré-définis. Comme le dit Eric Baret avec beaucoup d’humour à propos du yoga, il est presque dommage que le yoga fasse tant de bien, parce que du coup les gens le pratiquent pour obtenir des effets sur leur santé, leurs psychisme ou que sais-je d’autre… Alors que, dans son essence, le yoga n’est pas conçu pour être instrumentalisé et produire des « effets ». A l’origine, le yoga n’est ni un gymnastique ni une thérapie, ni même un corpus de moyens pour atteindre à l’éveil spirituel. Cette discipline ne vise en fait aucun résultat, ni aucune performance :
- Ni dans la tenue de postures dans le temps ou dans leur intensité.
- Ni dans l’amplitude de mouvements, ou de celle de la respiration ou encore de la maîtrise de l’énergie.
- Pas même des effets sur la conscience.
Même si la pratique provoque tout ces effets positifs là !
- Libération de l’emprise de l’ego
- Calme des agitations mentales
- Assouplissement et tonification générale du corps
- Captation consciente des pranas, et circulation amplifiée des énergies
Le paradoxe des pratiques sacrées
Le Yoga et le Qi gong, à mon humble avis, sont des pratiques sacrées, qui ne visent, au sens propre, aucun objectif. Ces approches de l’Unité en action ne sont que l’expression de la grâce spirituelle, une simple expression gratuite d’amour et de conscience, incarnée à travers des mouvements et des pauses, qu’on appelle à tort : des postures (et l’on voit bien ici, à travers ce mauvais choix de traduction, que la perception moderne de l’approche traditionnelle est empreinte de volontarisme et de rigidité… et que, si l’on n’y prend garde : « l’imposture » n’est pas loin !). Mais en disant cela, je ne vise personne, en particulier aucun de mes professeurs de yoga , qui parlaient tous allègrement de « postures ». D’ailleurs, je le dis moi aussi, par habitude. Mais je trouve le mot « pause » bien plus approprié. Comme le suggère Thierry Jansen en jouant sur les mots, « profiter d’une pause pour se déposer et de reposer » ! Ainsi, on ne devrait pas « chercher à prendre une posture » mais au contraire se laisser trouver par une pause, à laquelle on se donne. C’est tout à fait différent et cela donne, pour le coup, des effets tout-à-fait différents ! Ce n’est qu’une nuance, mais elle est capitale. Soit il s’agit d’une pratique qui incarne l’esprit, soit c’est une sorte de matérialisme spirituel (comme le nommait Chögyam Trungpa) : une activité de « l’ego qui fait de la spiritualité », comme d’autres fois, il ferait de la peinture sur soie 🙂
Patanjali a pourtant l’air de dire le contraire…
Cela dit, à la lecture superficielle des célèbres et formidables « Yoga sutras de Patanjali » (un des textes de référence du yoga en Inde), on pourrait croire que son auteur propose une vision linéaire et duelle de la pratique. Il pourrait sembler en effet, qu’il y serait question d’une démarche « progressive » faite d’efforts intenses (Tapas). Il s’agirait de réaliser l’équilibre des énergies Ha et Ta, soleil et lune, afin d’aller, étape par étape, vers l’expérience du Samadhi (état ultime de la conscience de l’Unité). Après être passé par :
- des réfrènements et des observances (Yamas et Niyamas),
- les fameuses « postures » et les exercices sur le souffle (Asanas et Pranayamas),
- le retrait des sens extérieurs,
- la concentration,
- la méditation (ouf ! on se rapproche enfin du but 🙂
- et enfin : l’état de complétude (Samadhi), fin du voyage et établissement en trois étapes dans la profondeur suprême du yoga, de l’union !
Dans toutes les traditions il y a ce jeu entre duel et non duel
Nous n’approfondirons pas ici cette dialectique de la non dualité versus la vision duelle de la vie. Ajoutons simplement que l’occident, pour sa part, connaît également très bien ce jeu entre voie sèche et voies humide (en Alchimie Traditionnelle). De son côté, Jean Klein, éminent yogi Français, proposa en son temps une approche qu’il qualifia de voie directe. Le bouddhisme tibétain aussi, avec son état de Rigpa, et ses écoles ésotériques, propose également une segmentation entre deux approches complémentaires, abrupte ou progressive. J’en passe et des meilleurs, n’insistons pas davantage sur les effets visés ou non par les démarches initiatiques, qui en fait sont complémentaires et doivent se concevoir sans antagonisme, malgré les contradictions apparentes. Dans une perspective non duelle, qui contient à la fois l’absolu métaphysique de l’Origine et la relativité de nos existences : on est à la fois dans l’Unité depuis toujours et à jamais, et en même temps en train d’expérimenter la limite, en s’incarnant dans le complexe corps/mental. C’est cette superposition de plans de conscience simultanés, qui donne un profond sens du relief, pour apprécier la vie dans toutes ses dimensions. Donc la Voie est Une, à la fois progressive et directe, sèche et humide.
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Voir les offresEt le Qi gong alors ?
Le Qi gong n’échappe pas non plus à cette même ambiguïté. Mais c’est très bien ainsi, et ce n’est que la vie. Par exemple, le Qi gong est considéré comme une des branches de la médecine chinoise pluri millénaire. Et, dans cette perspective clairement thérapeutique et pragmatique, il vise des effets de :
- rétablissement de la santé,
- renforcement de l’immunité,
- rééquilibrage des fonctions vitales
- et même d’augmentation de la longévité.
On ne peut pas faire plus pragmatique. Cependant, dans son approche Taoïste, le Wu-wei considère le Qi Gong comme un art gratuit, sans objet et fondamentalement : sans intention. Un peu comme une prière en mouvement, une sorte de prière du corps, une prière sans demande explicite, qui ne vise donc aucun objectif. Ce serait plutôt comme une danse de gratitude. Un peu comme un chat qui s’étire. Il le fait de nature, pour RIEN, juste parce qu’il se sent bien de faire ainsi.
Deux approches complémentaires du Qi Gong
Le Qi gong est un art magnifique et profondément intelligent, dans lequel on trouve donc deux approches complémentaires et intimement mêlés :
- comme on vient de le dire, une approche médicale et thérapeutique, dans laquelle les mouvements sont pensés en fonction des principes du Qi Gong, rodés eux-mêmes à partir d’une expérience de plus de 5000 ans
- une approche métaphysique et mystique, à travers laquelle on s’offre à l’énergie qui circule librement au gré des sollicitations extérieures. Dans cette perspective, l’ego s’efface au profit de l’Essence primordiale. C’est elle-même qui procède aux éventuels réajustements nécessaires, pour que le corps puisse être encore plus transparent à la signature de l’Esprit, comme le dirait un Alchimiste occidental de la Renaissance.
La longue histoire de la chine a voulu que les deux approches se fécondent mutuellement, pour notre plus grande joie.
Vivre l’expérience de l’unité
Il en va de même, d’une manière expériencielle, pour la respiration, qui est constituée de 2 phases (inspire, et expire) elles-mêmes subdivisées en deux avec à chaque fois une partie active et une partie passive (rétention du souffle). Il est un fait, dont chacun peut se donner la joie de faire l’expérience, que la respiration donne l’opportunité de vivre cette unité des contraires, qui cessent de s’opposer pour se rejoindre et s’unir. En écoutant profondément et suffisamment longtemps l’inspiration qui se meurt dans la rétention poumons pleins (même imperceptible, car nous ne parlons pas là de « Kevala Kumbhaka », exercice consistant à se perdre dans une rétention longue du souffle comprimé dans la cage thoracique), puis le début de l’expiration qui pointe timidement et s’épanouit pleinement pendant toute la descente du souffle, jusqu’à s’amenuiser à son tour et se perdre dans le vide des poumons qui semble s’éterniser. Eh bien là dans ces passages à vide, vide d’inspiration et vide d’expiration, il y a comme la sensation d’une fusion entre les deux phases, comme s’il n’y avait plus qu’une seule chose, le souffle, mais plus de distinction aussi marquée qu’auparavant entre l’inspiration et l’expiration.
Une sacrée expérience
Eh bien dans la vie, il en va de même :
- tantôt on est pris par le dynamisme des objectifs, des résultats, et oui : on vise bel et bien des effets positifs.
- et tantôt cela nous quitte, et nous vivons des instants d’unité, sans tension intérieure vers un quelconque objectif…
Aucune de ces deux expériences n’est meilleure que l’autre, mais c’est l’unité des deux qui procure parfois cette joie des profondeurs qui rejoint la paix. A cet égard, ne pourrait-on pas dire quelque fois, que la joie est une paix qui pétille ? C’est comme si, à l’instar du va et vient du souffle, qui nous inspire et qui nous expire (en fait il nous vit), nous oscillions entre deux dynamiques :
- l’une qui nous fait croire à un dynamisme du temps, avec une recherche de mieux être dans l’instant d’après (et ce n’est pas une folie ni une ineptie, mais ce n’est qu’une seule des facettes de l’expérience)
- l’autre qui nous fait apprécier que tout est déjà là, maintenant, et que l’idée de l’instant d’après n’est qu’une pensée, sans consistance comme toutes les pensées…
Et vivre cette alternance, et bientôt cette superposition, n’est pas une folie, c’est juste une « sacrée expérience ». On pourrait même parler d’un état, qui va et qui vient, l’accent étant mis parfois sur une polarité, parfois sur l’autre, sans qu’on n’oublie pour autant l’autre … Un peu comme la marche, on passe d’un pied sur l’autre, et ça avance comme ça, dans l’unité de la marche.
Et si tout n’était qu’une question de résonance ?
Finalement, pratiquer ou non le Qi Gong n’est qu’une question de résonance intime avec cet art intemporel (ancestral et moderne tout à la fois). Même si ces pratiques révèlent le meilleur de notre nature originelle, qui s’actualise à travers des comportements alignés avec cette dernière et engagés dans le monde, pratiquer ou non le Qi Gong est une question finalement sans importance. Dans l’approche non dualiste qui sous-tend le Qi gong (ou le yoga), les choses sont parfaites comme elles se présentent et il n’y a pas besoin d’intervenir pour s’occuper de savoir ce qui serait mieux (mieux pour que l’ego puisse faire de la spiritualité sans doute ? mieux pour que le mental se libère du mental ? C’est impossible…).
- Si vous avez la chance de vous sentir en affinité avec tout cela, vous profiterez de la générosité des effets bénéfiques du Qi Gong
- Si vous avez la chance d’être davantage attiré par une autre approche, une autre activité, c’est parfait également. Qu’il s’agisse d’une autre formulation culturelle de la spiritualité pratique, ou qu’il s’agisse tout simplement d’une approche non spirituelle, vécue avec toute la passion dont vous êtes capable, c’est aussi bien.
L’essentiel est d’être vrai, d’être soi-même, et de se donner pleinement à ce qu’on fait.
Les effets du Qi Gong
Mais venons en aux effets du Qi Gong, trêve du fait qu’ils seraient directement visés, ou bien offerts de surcroît…
- Renforcer de la vitalité,
- Equilibrer les énergies,
- Soutenir une supra santé,
- Prolonger la longévité,
- Rendre plus heureux,
- Conscientiser ses actes,
- S’harmoniser avec l’environnement,
- Etc…
Qu’est-ce qui déclenche les effets du Qi Gong ?
Même sans aller très loin dans des considérations sur les méridiens ou les équilibres entre énergies, la cause des effets du Qi Gong se comprend aisément :
- Etirer le corps et respirer amplement procure une détente profonde.
- Le simple fait de marquer une pause dans le rythme effréné de sa journée, pour s’accorder un peu de temps à soi-même est déjà extrêmement salutaire et représente un remède contre le stress et le burn-out. Pratiquer les mouvements en conscience et dans la lenteur est déjà en soi un changement bénéfique dans nos vies trépidantes et marquées par la suprématie du mental. Cette « pause profondeur », cette parenthèse de lenteur consciente, nous permet de revenir au corps et à ses ressources ancestrales, plutôt que de rester en exil dans la tête, à vivre nos vie par procuration de nos pensées. Ainsi, accorder son attention aux sensations corporelles nous enracine dans la vitalité, et semble procurer une véritable recharge de nos batteries (comme celles d’un smartphone).
- Le fait d’ouvrir les diaphragmes favorise les circulation du corps : le sang, les informations nerveuses, la lymphe, etc… (on ne connaît généralement qu’un seul diaphragme, ce grand muscle en forme de coupole qui sépare la cage thoracique de la cavité abdominale. Mais il en existe plusieurs. Les trois plus connus sont le diaphragme pelvien (composé des muscles du périnée), le diaphragme thoracique (évoqué ci-dessus) et le diaphragme crânien qui sépare le cerveau et le cervelet). La détente des diaphragmes est donc essentielle. Les contractions chroniques du diaphragme thoracique provoquent notamment :
-
- une impression de ventre gonflé due à la pression continue dans l’abdomen et une sensation de crispation au niveau du plexus solaire, situé en dessous du sternum (noeud) éventuellement douloureux qui peut s’étendre jusqu’à la colonne vertébrale. Cette sensation d’oppression est angoissante.
- l’apparition d’un dos vouté (le ventre gonflé fait plier le dos), car les attaches du diaphragme sur la colonne vertébrale sont communes à d’autres muscles comme le psoas ou l’iliaque. Une tension du diaphragme a donc une répercussion globale sur le corps et sur la posture, avec une respiration plus réduite car le mouvement du diaphragme est plus limité. L’expiration du CO2 est également incomplète.
- un dérèglement du système neurovégétatif (système de régulation de la digestion, de la respiration, de la circulation artérielle, sécrétion des hormones…) et une digestion ralentie car le diaphragme abaissé exerce une pression continue sur le foie, l’estomac et bien d’autres organes comme le pancréas, les intestins. L’estomac peut être douloureux (boule au ventre), le transit intestinal déréglé (constipation, transit accéléré, douleurs..). Une hernie hiatale peut en découler (déplacement de l’estomac par pression continue du diaphragme) avec de possibles remontées acides dans l’oesophage.
- l’oppression du coeur avec les perturbations qui peuvent en découler (palpitations, sensation de malaise cardiaque, sensation augmentée des battements du coeur, accélération du rythme…) et, bien entendu, le stress que ces malaises engendrent.
- un mauvais retour veineux notamment au niveau des jambes. Le mouvement de va-et-vient du diaphragme ainsi que la pression exercée sur l’abdomen favorisent la circulation du sang (expulsion vers le cœur et aspiration par le foie). Le mouvement de compression et de décompression du foie assiste celui-ci dans son fonctionnement qui est notamment d’épurer le sang.
- divers soucis au niveau du périnée (incontinence, difficulté à vider sa vessie, descente des organes, dysfonctionnements sexuels, douleurs pelviennes etc…)
- Se calmer, se réaligner et se recentrer, permet de retrouver son équilibre intérieur et de stabiliser nos émotions, à la fois sur sollictées et réprimées dans leur expression naturelle, du fait des conventions sociales.
- La pratique procure énormément de plaisir (à ceux qui aiment ça, évidemment !) : si une pilule existait dans le commerce, qui pourrait donner autant de sensations délicieuses, elle vaudrait des fortunes. Eh bien, d’une manière gratuite et parfaitement licite et bonne pour la santé, on peut vivre cela naturellement, sans artifice ! Personne ne peut vous en empêcher, car il n’y a pas besoin de matériel, ni de tellement d’espace. Disons : un peu d’air pour respirer et de quoi étendre les bras…
Ne jamais profiter des effets du Qi gong : serait-ce dommage ?
Quelques minutes de pratique suffisent pour ressentir immédiatement le début de ces effets du Qi Gong. C’est bien pour vous si vous avez la fantaisie de vouloir pratiquer ces mouvements lents et conscients. Mais, en lien avec le début de notre texte, si vous avez la chance de ne jamais connaître cette expérience, c’est très bien aussi. Il ne vous manquera rien ! Allez donc faire plutôt faire vos courses au marché, promenez-vous sur une plage, jouez aux échecs, ou bien faites de la cuisine ou du jardinage, tout est bien. A vous d’être vrai, et d’écouter les résonances en vous, pour déterminer ce qui vous rendra heureux, et vous y adonner librement…