A Retenir

Introduction

Il arrive souvent qu’entre un client et son coach des transferts aient lieu à leur insu. Dans cet article, je vais mettre en parallèle deux séances :

Et nous verrons les échos entre les deux séances, ainsi que les déductions que pourra en faire le coach pour préparer sa prochaine séance de coaching avec son client suite à cette supervision.

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La séance de coaching : quand la légitimité du coach est remise en question

Marie-Claire, coach certifiée depuis trois ans, accueille Thomas dans son bureau pour leur quatrième séance. Thomas, directeur commercial dans une entreprise de taille moyenne, était venu initialement pour travailler sur son leadership et sa gestion d’équipe. Dès les premiers échanges, l’atmosphère semble tendue.

« J’ai réfléchi depuis notre dernière séance », commence Thomas en s’installant dans le fauteuil, « et franchement, je me demande si ce coaching va vraiment m’apporter quelque chose. Vous me posez des questions, mais j’ai l’impression que vous ne comprenez pas vraiment les enjeux de mon secteur d’activité. »

Marie-Claire sent une pointe d’anxiété monter en elle. Elle tente de reprendre la main : « Qu’est-ce qui vous fait dire cela, Thomas ? Pouvez-vous me donner un exemple concret ? »

« Eh bien, la semaine dernière, quand je vous ai parlé de mes difficultés avec mon équipe de vente, vous m’avez suggéré d’organiser des points individuels plus fréquents. Mais vous ne semblez pas réaliser que dans notre métier, c’est le chiffre qui compte. Mes commerciaux n’ont pas besoin de papouilles, ils ont besoin de résultats. »

Thomas poursuit, le ton devenant plus critique : « J’ai fait quelques recherches sur vous depuis notre première séance. Vous n’avez jamais dirigé d’équipe commerciale, n’est-ce pas ? Comment pouvez-vous me conseiller sur quelque chose que vous n’avez jamais vécu ? »

Marie-Claire se sent déstabilisée. Son expertise est remise en question frontalement. Elle ressent un mélange de colère et d’insécurité qu’elle peine à dissimuler. « Thomas, il est vrai que je n’ai pas d’expérience directe en management commercial, mais ma formation et mon expérience en coaching me permettent d’accompagner des dirigeants de tous secteurs… »

« Justement », l’interrompt Thomas, « votre formation. Combien d’heures de formation avez-vous suivies ? Quelle est votre supervision ? Parce que moi, dans mon domaine, j’ai quinze ans d’expérience terrain. »

Marie-Claire sent ses défenses se dresser. Elle a soudain l’impression d’être une débutante face à un expert qui la juge. « Écoutez Thomas, si vous doutez de ma compétence, peut-être devriez-vous chercher quelqu’un d’autre… »

« Ce n’est pas ce que je dis », réplique Thomas, « mais j’ai besoin de comprendre sur quoi je peux m’appuyer avec vous. Dans mon travail, quand quelqu’un me dit qu’il peut m’aider, je vérifie ses références. »

La séance continue dans cette dynamique tendue. Marie-Claire se surprend à être sur la défensive, à justifier chacune de ses interventions, à douter de ses intuitions. Elle propose des outils qu’elle maîtrise habituellement avec aisance, mais se sent constamment évaluée, jaugée.

« Vous savez », finit par dire Thomas vers la fin de la séance, « j’ai l’impression que vous appliquez des recettes toutes faites sans vraiment comprendre ma réalité. Dans mon équipe, j’ai des profils très différents : des jeunes commerciaux ambitieux, des seniors expérimentés qui en ont vu d’autres, des profils techniques qui détestent la vente… Comment votre approche ‘généraliste’ peut-elle s’adapter à tout ça ? »

Marie-Claire termine la séance avec un sentiment de malaise profond. Elle a l’impression d’avoir été constamment en justification, de ne pas avoir réussi à créer l’alliance thérapeutique habituelle. En raccompagnant Thomas, elle se demande si elle est vraiment légitime pour l’accompagner.

Le soir même, elle appelle sa superviseure pour programmer une séance d’urgence. « J’ai besoin de comprendre ce qui s’est passé aujourd’hui », explique-t-elle au téléphone. « J’ai l’impression d’avoir complètement perdu mes moyens. »

La séance de supervision : reproduction de la dynamique

Trois jours plus tard, Marie-Claire se présente chez Sylvie, sa superviseure, une coach expérimentée qu’elle consulte mensuellement depuis le début de sa pratique. Dès son arrivée, Marie-Claire semble agitée, peu disponible à l’échange habituel de courtoisie.

« Sylvie, j’ai vraiment besoin qu’on travaille sur cette séance avec Thomas. J’ai l’impression d’avoir été nulle, de ne pas avoir été à la hauteur. »

Sylvie accueille cette demande et invite Marie-Claire à s’installer. « Raconte-moi ce qui s’est passé. »

Marie-Claire relate la séance avec un débit rapide, presque fébrile. « Il a remis en question ma légitimité, mes compétences. Il voulait savoir combien d’heures de formation j’avais suivies, si j’avais déjà dirigé une équipe commerciale… »

« Et qu’as-tu ressenti à ce moment-là ? » demande Sylvie.

« J’étais en colère ! Et puis déstabilisée. J’avais l’impression d’être une apprentie face à un maître. »

Sylvie hoche la tête et pose une question : « Marie-Claire, depuis combien de temps travailles-tu comme coach ? »

« Trois ans, tu le sais bien », répond Marie-Claire avec une pointe d’irritation dans la voix.

« Et tu as suivi combien d’heures de formation ? »

Marie-Claire s’arrête net. « Mais… pourquoi tu me demandes ça ? Tu es en train de faire comme lui ! »

Sylvie sourit doucement. « C’est exactement ce que je voulais entendre. Continue, raconte-moi la suite. »

Mais Marie-Claire semble bloquée. « Non mais attends, tu es ma superviseure, tu connais mon parcours. Pourquoi tu me demandes mes références comme si tu doutais de moi ? »

« Qu’est-ce que ça te fait de vivre ça ici, maintenant, avec moi ? » demande Sylvie.

« Ça me met en colère ! J’ai l’impression que tu ne me fais pas confiance, que tu remets en question mes compétences. C’est exactement ce que j’ai vécu avec Thomas ! »

Sylvie laisse un silence s’installer. « Et là, maintenant, qu’as-tu envie de faire ? »

« J’ai envie de me justifier, de te prouver que je suis compétente. Ou alors de partir en claquant la porte. »

« Intéressant. Et avec Thomas, qu’as-tu fait ? »

Marie-Claire réfléchit. « Je me suis justifiée… et j’ai proposé qu’il aille voir ailleurs. »

Sylvie reprend : « Marie-Claire, que se passe-t-il quand je questionne ta légitimité ? »

« Je perds mes moyens, je deviens défensive, je ne suis plus dans mon rôle de coach mais dans celui de quelqu’un qui doit prouver sa valeur. »

« Exactement. Et maintenant, peux-tu me dire ce que Thomas vit peut-être dans son équipe ? »

Marie-Claire commence à percevoir le parallèle. « Tu veux dire qu’il se sent peut-être remis en question par ses collaborateurs ? »

« Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Il m’a dit que dans son équipe, il y avait des seniors expérimentés… peut-être qu’ils questionnent ses décisions, sa façon de manager ? »

Sylvie explore : « Et comment Thomas réagit-il à cette remise en question ? »

« Comme moi avec lui ! Il devient sur la défensive, il a besoin de prouver sa légitimité… »

« Et avec toi, comment a-t-il procédé ? »

Marie-Claire réalise soudain : « Il a fait exactement ce que ses collaborateurs font peut-être avec lui. Il a questionné mes références, mon expérience, ma légitimité. »

Sylvie poursuit l’exploration : « Marie-Claire, qu’est-ce que Thomas espère peut-être trouver en coaching ? »

« Un espace où il peut être lui-même sans être jugé, où sa légitimité n’est pas remise en question ? »

« Et qu’est-ce qui s’est passé dans votre séance ? »

« L’inverse ! Il a reproduit avec moi ce qu’il vit au quotidien. Et moi, j’ai réagi comme lui dans son travail. »

Sylvie laisse Marie-Claire intégrer cette prise de conscience, puis demande : « Maintenant, qu’est-ce que tu comprends de sa demande réelle ? »

« Il a besoin d’apprendre à gérer cette remise en question permanente, à ne pas perdre ses moyens face à la contestation. »

« Et toi, qu’as-tu appris sur toi-même ? »

Marie-Claire sourit : « Que j’ai encore du travail à faire sur ma propre relation à la légitimité et à l’autorité. »

Analyse des échos systémiques et les bénéfices de la supervision

Cette séquence illustre parfaitement ce que l’on appelle en supervision systémique les « échos » ou « parallèles de processus ». Thomas, confronté à des remises en question de légitimité dans son environnement professionnel, a reproduit inconsciemment cette même dynamique avec sa coach. Marie-Claire, à son tour, a rejoué cette problématique avec sa superviseure.

Cette reproduction n’est pas un hasard : elle révèle l’information essentielle sur ce que vit le client dans son système. Le coach devient temporairement le « réceptacle » de l’émotion et de la dynamique que le client ne parvient pas à élaborer dans son contexte habituel.

Le génie de la supervision systémique réside dans sa capacité à utiliser ces échos comme un matériau précieux. Quand Sylvie questionne la légitimité de Marie-Claire de la même façon que Thomas l’avait fait, elle ne fait pas que reproduire la situation : elle permet à Marie-Claire d’expérimenter dans sa chair ce que vit son client. Cette expérience corporelle et émotionnelle donne accès à une compréhension bien plus profonde que n’importe quelle analyse intellectuelle.

Le superviseur guide ensuite le coach dans l’exploration de ces parallèles. Il ne s’agit pas seulement de comprendre ce qui se joue, mais de transformer cette compréhension en ressource pour l’accompagnement. Marie-Claire peut maintenant retourner voir Thomas avec une hypothèse claire sur ce qu’il vit : une fragilité narcissique face aux remises en question, et un besoin d’apprendre à maintenir sa légitimité intérieure indépendamment des validations externes.

Plus subtilement, Marie-Claire a aussi découvert ses propres zones de fragilité. Cette prise de conscience lui permettra d’être moins réactive face aux provocations futures de Thomas, et de rester dans sa posture de coach plutôt que de tomber dans la défensive. Elle pourra même utiliser son vécu pour créer de l’empathie et de la compréhension mutuelle.

La supervision systémique offre donc un double bénéfice : elle éclaire la problématique du client à travers l’expérience vécue par le coach, et elle permet au coach de travailler sur ses propres enjeux révélés par la relation. Cette approche transforme ce qui pourrait être vécu comme un échec ou une difficulté en ressource thérapeutique.

Pour Thomas, les bénéfices seront considérables. Au lieu de rester dans une relation de méfiance mutuelle, il va pouvoir travailler sur sa véritable problématique avec une coach qui comprend viscéralement ce qu’il traverse. Marie-Claire pourra l’accompagner à développer une légitimité interne solide, à accueillir les remises en question sans se déstabiliser, et à transformer son rapport à l’autorité.

Cette supervision modélise aussi pour Marie-Claire une posture qu’elle pourra adopter avec Thomas : utiliser les résistances et les provocations comme des informations sur le système plutôt que comme des attaques personnelles. Elle apprend à voir dans la « résistance » de Thomas non pas un obstacle mais une porte d’entrée vers sa problématique centrale.


Transformez votre pratique grâce à la supervision systémique

Si cette histoire résonne en vous, c’est que vous avez probablement déjà vécu des situations similaires dans votre pratique de coach. Ces moments où la relation devient difficile, où vous vous sentez déstabilisé ou remis en question par vos clients, ne sont pas des échecs : ils sont des portes d’entrée vers une compréhension plus profonde de ce qui se joue dans le système de votre client.

La supervision systémique vous permet de transformer ces défis en ressources précieuses pour votre accompagnement. Elle vous aide à décoder les messages cachés derrière les résistances, à utiliser vos propres réactions comme boussole, et à développer une posture plus solide et sereine face aux turbulences relationnelles.

Contactez-moi dès aujourd’hui pour découvrir comment la supervision systémique peut transformer votre pratique et enrichir votre accompagnement de vos clients.

Si vous ressentez le besoin d’un espace pour déposer, clarifier ou approfondir ce qui se joue dans vos séances de coaching, la supervision systémique est certainement un atout précieux pour vous.

Appelez-moi directement au 06.71.84.97.06

FAQ sur les échos systémiques et la supervision en coaching

Comprendre les transferts, la légitimité et l'apport de la supervision systémique pour coachs professionnels

  • Qu’est-ce qu’un transfert dans la relation coach-client ?

    Le transfert désigne une dynamique inconsciente où les émotions, attentes ou enjeux personnels d’une personne sont projetés sur une autre. Dans le coaching, il peut arriver qu’un client transfère sur son coach des ressentis liés à son contexte professionnel ou à d’autres figures d’autorité. Cela peut brouiller la relation et rendre le coach moins objectif s’il n’en prend pas conscience.

  • Que faire lorsqu’un client remet en question la légitimité de son coach ?

    Lorsque la légitimité du coach est questionnée, il est essentiel de garder une posture professionnelle et de ne pas tomber dans la justification ou la défensive. Cet inconfort peut révéler une problématique centrale du client, comme ce fut le cas avec Thomas dans l’article. La supervision permet alors de décoder ce qui se joue et de transformer la difficulté en opportunité d’accompagnement approfondi.

  • En quoi la supervision systémique se distingue-t-elle d’autres formes de supervision ?

    La supervision systémique met l’accent sur les échos ou parallèles de processus entre ce que vit le coach avec son client, et ce que le coach rejoue ensuite avec son superviseur. Cette approche permet de repérer des dynamiques inconscientes et d’enrichir la compréhension du système du client. Le vécu émotionnel direct du coach devient alors une ressource précieuse pour améliorer ses accompagnements.

  • Comment la supervision aide-t-elle à transformer les difficultés rencontrées en coaching ?

    La supervision offre un espace protégé pour prendre du recul sur ce qui se passe dans les séances. Sous l’éclairage de la supervision systémique, les résistances ou remises en question deviennent des indices sur les enjeux profonds du client. Cela permet au coach de développer une posture plus sereine, d’apprendre à utiliser ses propres réactions comme boussole, et d’accéder à des solutions créatives et adaptées pour accompagner le client.

  • Quels bénéfices le client peut-il retirer du travail de son coach en supervision ?

    Le client profite d’un accompagnement plus affiné, car le coach, ayant compris les mécanismes en jeu, peut proposer des interventions plus justes et empathiques. Dans l’exemple de l’article, Thomas bénéficiera d’une coach capable d’accueillir ses doutes sur la légitimité sans réagir de façon défensive, renforçant ainsi une alliance de confiance et permettant un travail de fond sur ses propres enjeux d’autorité et de légitimité.

  • Comment savoir si la supervision systémique est adaptée à ma pratique de coach ?

    Si vous vous sentez parfois déstabilisé, en difficulté, ou face à des résistances récurrentes dans vos accompagnements, la supervision systémique peut vous aider à clarifier et transformer ces situations. Elle est particulièrement utile pour les coachs désirant approfondir leur posture, décoder les messages cachés dans les interactions et gagner en sérénité professionnelle. Contactez-moi pour en discuter.

  • Comment prendre rendez-vous pour une supervision systémique ?

    Vous pouvez me contacter directement via ce formulaire en ligne ou m’appeler au 06.71.84.97.06 pour convenir d’un premier échange téléphonique sans engagement.

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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