Vous êtes-vous déjà senti submergé au point de ne plus pouvoir agir ? Cette sensation d’être débordé, inondé émotionnellement par une vague d’anxiété ou de stress qui vous laisse littéralement paralysé ? Si c’est le cas, vous avez probablement expérimenté ce que les professionnels de l’accompagnement appellent la paralysie émotionnelle.

Quand les Émotions Prennent le Contrôle

La paralysie émotionnelle se manifeste par une anxiété paralysante qui nous plonge dans un état de panique intérieure. C’est comme si notre système émotionnel se retrouvait en surcharge affective, créant un véritable blocage émotionnel qui nous empêche d’avancer.

Imaginez-vous étouffé par le stress, avec cette tension intérieure qui monte progressivement jusqu’à déclencher une véritable crise émotionnelle. Dans ces moments-là, même les décisions les plus simples deviennent insurmontables.

Selon l’American Psychological Association (APA), 60 % des adultes déclarent que le stress émotionnel a un impact direct sur leur capacité à prendre des décisions importantes. Vous n’êtes donc pas seul dans cette expérience.

Les Réactions qui Nous Trahissent

Face à cette submersion émotionnelle, notre comportement change radicalement. La procrastination émotionnelledevient notre mécanisme de défense principal : nous repoussons, nous évitons, nous fuyons les situations qui nous confrontent à nos émotions.

Cette inhibition de l’action nous pousse vers l’immobilisme. Nous nous retrouvons prisonniers de l’indécision chronique, incapables de faire des choix par peur de nous tromper. Parfois, nous allons même jusqu’à l’auto-sabotage, détruisant inconsciemment nos propres opportunités.

Le silence défensif et le repli sur soi deviennent alors nos compagnons. Ce mutisme émotionnel nous coupe des autres et de nous-mêmes, créant un cercle vicieux d’isolement.

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Ce qui Se Passe dans Notre Cerveau

Pour comprendre la paralysie émotionnelle, il faut regarder ce qui se passe dans notre cerveau. Lorsque nous sommes submergés, notre cortex préfrontal – responsable de la prise de décision et du raisonnement – se retrouve littéralement désactivé.

Notre système limbique entre en surchauffe, et c’est ce que Daniel Goleman appelle l’« amygdale hijack » : notre amygdale prend le contrôle et déclenche une réponse primitive de survie. Le système nerveux autonome active alors sa réponse « freeze » (figement), nous paralysant complètement.

Cette réaction peut également réveiller une résonance traumatique, rappelant des blessures anciennes et amplifiant notre détresse actuelle.

Une étude de l’Université de Cambridge (2021) révèle que le stress aigu réduit de 40 % notre capacité à résoudre des problèmes complexes, confirmant scientifiquement ce que nous ressentons intuitivement.

Les Mécanismes Sous-Jacents

La paralysie émotionnelle révèle souvent une régulation émotionnelle déficiente. Nous perdons notre capacité à mentaliser – c’est-à-dire à comprendre et interpréter nos propres états mentaux et ceux des autres.

Cette situation crée une dissonance cognitive : nos pensées, nos émotions et nos actions ne sont plus alignées. L’évitement émotionnel devient alors notre stratégie par défaut, mais cette fuite ne fait qu’alimenter la charge mentale et révéler les limites de notre intelligence émotionnelle.

Toute cette charge émotionnelle latente s’accumule jusqu’au point de rupture.

La paralysie émotionnelle révèle souvent une régulation émotionnelle déficiente. C’est-à-dire une difficulté à accueillir, reconnaître et canaliser les émotions lorsqu’elles surviennent. Plutôt que de les traverser, nous les subissons. Et quand les émotions deviennent trop intenses, notre système se court-circuite.

Nous perdons alors notre capacité à mentaliser. Mentaliser, ce n’est pas intellectualiser. C’est être capable de se dire : « Je me sens envahi, j’ai peur, mais ce n’est qu’une émotion. Elle ne me définit pas. Elle m’indique quelque chose. »
Quand cette capacité fait défaut, nous passons sous le seuil de la conscience. Nous sommes en réaction, plus en relation. L’autre devient menaçant ou incompréhensible, et notre propre vécu nous semble flou, confus.

Prenons un exemple concret : un manager reçoit un feedback critique de son équipe. Il se sent remis en question, envahi par un sentiment d’incompétence. Plutôt que de prendre du recul, il se ferme, se justifie, ou pire, évite toute nouvelle confrontation. Son mental est déconnecté de son émotion. Il ne pense plus, il contre-attaque ou se fige.

Cette situation crée une dissonance cognitive : nous pensons une chose, ressentons une autre, et agissons en contradiction avec les deux. Cela crée une forme de chaos intérieur, où les tensions ne s’expriment plus, mais se déplacent ou s’internalisent.

Pour tenir debout malgré ce tiraillement, l’évitement émotionnel devient une stratégie de survie. On fuit ce qui dérange : la colère qu’on n’ose pas poser, la tristesse qu’on refuse d’exprimer, la peur qu’on ne nomme jamais. Mais cette fuite n’apaise rien. Elle alimente la charge mentale, comme un robinet qu’on laisse couler en arrière-plan. On accumule des pensées inachevées, des dialogues imaginaires, des scénarios de contrôle. Cela use, lentement mais sûrement.

À long terme, cette stratégie révèle surtout les limites de notre intelligence émotionnelle. Car être intelligent émotionnellement, ce n’est pas ne rien ressentir, c’est savoir quoi faire de ce qu’on ressent. Or, dans l’évitement, on ne fait rien. Ou plutôt si : on dissimule, on déplace, on rumine.

Et ainsi s’accumule cette charge émotionnelle latente, comme une dette psychique. Une charge invisible, mais bien réelle. Elle se loge dans le corps, le sommeil, les relations. Jusqu’au jour où elle déborde : crise de larmes, épuisement, burn-out, décision impulsive ou colère explosive.

Il ne s’agit pas ici de “gérer” les émotions comme on gère un fichier Excel. Il s’agit d’apprendre à habiter ce qui nous traverse, à donner un langage à l’émotion, une place dans le système. Pour sortir de la paralysie, il faut d’abord reconnaître qu’on est figé. Et cela demande du courage. Pas un courage de façade. Le courage intérieur d’aller voir ce qui se joue vraiment.

Comment Sortir de la Paralysie

1. Reconnaître et Nommer

La première étape consiste à reconnaître ce qui vous arrive. Donnez un nom à vos émotions : « Je me sens submergé », « J’ai peur », « Je suis en colère ». Cette simple reconnaissance permet de réactiver progressivement votre cortex préfrontal.

2. Respirer et Ancrer

Utilisez des techniques de respiration profonde pour calmer votre système nerveux. Concentrez-vous sur vos sensations corporelles pour vous ancrer dans le présent et sortir du tourbillon mental.

3. Déconstruire et Prioriser

Décomposez la situation qui vous submerge en petits éléments gérables. Identifiez ce qui est urgent, important, et ce qui peut attendre. Cette approche permet de réduire la charge mentale.

4. Chercher du Soutien

N’hésitez pas à demander de l’aide. Parfois, le simple fait de verbaliser ce que nous vivons à une personne de confiance peut dénouer le blocage émotionnel.

5. Développer Votre Intelligence Émotionnelle

Travaillez sur votre capacité à identifier, comprendre et gérer vos émotions. Plus vous développerez cette compétence, moins vous serez vulnérable aux épisodes de paralysie émotionnelle.

De la Paralysie à l’Action

La paralysie émotionnelle n’est pas une fatalité. C’est un signal d’alarme de notre système émotionnel qui nous indique que nous avons atteint nos limites actuelles. En comprenant les mécanismes à l’œuvre et en développant nos compétences émotionnelles, nous pouvons transformer cette vulnérabilité en force.

Rappelez-vous que derrière chaque paralysie se cache souvent une émotion légitime qui demande à être écoutée et respectée. L’objectif n’est pas de supprimer nos émotions, mais d’apprendre à danser avec elles plutôt que d’être submergé par leur intensité.

La prochaine fois que vous vous sentirez paralysé émotionnellement, respirez profondément et rappelez-vous : c’est temporaire, c’est surmontable, et c’est une opportunité de mieux vous connaître et de grandir.

Exemple de coaching personnel

Contexte
Claire, directrice d’équipe, arrive en séance tendue. Depuis plusieurs semaines, elle repousse un entretien délicat avec un collaborateur. Elle dit être “bloquée”, elle ne “sait pas quoi dire”, “ça la rend malade d’y penser”.

Coach
Tu dis être bloquée. Si ce blocage avait une forme ou une sensation dans ton corps, ce serait quoi ?

Claire
Une boule dans le ventre, comme une pierre. Je sens que je vais me faire engloutir si je commence à parler.

Coach
Et si cette boule pouvait parler, que dirait-elle ?

Claire
Elle dirait : “Tu vas perdre le contrôle. Tu ne vas pas savoir gérer ce qui va sortir.”

Coach
Donc il y a une peur d’être débordée émotionnellement. Est-ce que tu sais ce que cette peur essaie de te protéger ?

Claire
Peut-être… de me sentir faible ? Ou de ne pas être prise au sérieux ?

Coach
C’est précieux, ce que tu viens d’identifier. Tu n’es pas bloquée par la situation en elle-même, mais par ce qu’elle réveille en toi : une crainte d’être vulnérable et exposée. Tu n’as pas perdu ta capacité à agir. Tu es simplement occupée à te défendre contre une émotion que tu n’as pas encore pu accueillir.

Claire
C’est vrai. Je pense tout le temps à ce que je devrais faire, mais je n’arrive pas à ressentir clairement ce que je vis.

Coach
C’est ça, tu es dans un mode de régulation par évitement. On va faire un pas différent. Plutôt que penser à ce que tu dois faire, je te propose d’aller voir ce que tu ressens ici et maintenant, sans chercher à l’analyser.

[Exercice de pleine présence ou respiration guidée – 2 à 3 minutes]

Coach
Qu’est-ce qui est là maintenant ?

Claire
Un peu plus de clarté. En fait, je ne suis pas en danger. J’ai juste peur d’avoir peur.

Coach
Exactement. Tu viens de mentaliser ton émotion. Tu n’es plus dans la peur, tu l’observes. Et à partir de là, on peut reconstruire. Si tu partais de cette peur, au lieu de la fuir, que dirais-tu à ton collaborateur ?

Claire
Peut-être que je pourrais lui dire que cette conversation n’est pas simple pour moi non plus, mais que je la considère importante pour la relation.

Coach
Voilà. Tu n’es plus bloquée. Tu es revenue dans le mouvement, parce que tu as écouté ce que l’émotion voulait te dire, au lieu de la faire taire.

Clé de lecture
Ce coaching repose sur plusieurs leviers :
Identifier la sensation corporelle comme porte d’entrée émotionnelle.
Faire parler la peur, pour l’amener en conscience.
Travailler la mentalisation : nommer l’émotion, la mettre à distance sans l’annuler.
Rompre le cercle de l’évitement en reconnectant avec le sens de l’action.
Faire émerger une ressource propre à la cliente, plutôt que donner une solution extérieure.

Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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