Le client refuse d’être autonome dans sa réflexion et son action, mettant le coach dans une position de « conseiller » inadéquate.

C’est une situation hélas encore assez fréquente (malgré que les gens comprennent à peu près que le coaching n’est pas du conseil), et délicate pour un coach systémique ! L’essence du coaching est de favoriser l’autonomie du client, pas de lui fournir des solutions toutes faites. Face à un client qui attend d’être pris en charge, le coach doit faire preuve de fermeté bienveillante et de pédagogie.

Voici plusieurs pistes qu’un coach systémique peut explorer :

Reposer le cadre du coaching

Dès les premières séances, il est crucial de reclarifier le contrat de coaching. Le coach peut expliquer ce qu’est le coaching et ce qu’il n’est pas. Il peut insister sur le fait que son rôle est de poser des questions, de créer un espace de réflexion et de soutenir le coaché dans la recherche de SES propres solutions. Cela dit, si cette option est simple et vient spontanément à l’esprit, ce n’est pas la solution la plus élégante

Voici tout de même quelques formulations possibles :

Explorer la demande de solution

Plutôt que de rejeter directement la demande de solution, le coach peut l’utiliser comme une porte d’entrée.

Quelques questions systémiques :

Ces questions peuvent aider le client à prendre conscience de ses propres schémas de dépendance et à comprendre l’intérêt de l’autonomie.

Mettre en lumière les bénéfices de l’autonomie

Le coach peut aider le coaché à voir les avantages à long terme de sa propre réflexion et action, par opposition à la dépendance.

Exemples :

Utiliser des outils et des techniques systémiques

Gérer la frustration et les limites

Il est possible que le coaché exprime de la frustration. Le coach doit l’accueillir sans céder : « Je comprends que cela puisse être frustrant de ne pas recevoir de réponse directe. C’est justement dans cette frustration que réside souvent le potentiel de trouver des solutions plus profondes et durables. »

Si, malgré tous les efforts, le coaché persiste à refuser toute autonomie et que le coaching ne peut plus avancer dans le cadre défini, le coach doit être prêt à revoir les objectifs du coaching, voire à proposer une orientation vers d’autres formes d’accompagnement (conseil, mentorat, thérapie) si cela semble plus adapté aux besoins réels du coaché. C’est une question d’intégrité professionnelle.

En résumé, le coach systémique navigue entre empathie et clarté, visant toujours à responsabiliser le coaché pour qu’il devienne l’acteur principal de son changement.

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Etude de cas pratique de coaching

Voici le récit d’une séance de supervision illustrant un cas classique de dynamique d’écho systémique entre un coach et son client. Cette mise en situation est fictive, mais inspirée de cas réels rencontrés en supervision (et largement décrits dans la littérature en coaching professionnel – cf. François Delivré, Le métier de coach, ou Vincent Lenhardt, Coaching pour un changement).

Contexte

Coach supervisé : Camille, coach en entreprise depuis 5 ans
Client : Manager intermédiaire dans une grande entreprise industrielle
Thème du coaching : Développer l’autonomie et la posture de leadership
Cadre : 4e séance de coaching sur un total prévu de 8
Problème exposé en supervision : « Mon client ne s’engage pas. Il arrive les mains dans les poches, il attend que je trouve les solutions. J’ai l’impression de faire tout le boulot à sa place. »

Déroulement de la séance de supervision

Superviseur : « Camille, tu dis que ton client ‘attend que tu fasses le boulot’. Qu’est-ce que ça te fait ressentir, toi ? »

Camille : « Une sorte de lassitude, presque un agacement. Je me prépare, je réfléchis, je propose des pistes… Et lui, il subit. J’ai l’impression que s’il progresse, c’est parce que je le pousse. »

Superviseur : « Et si tu arrêtais de pousser ? »

Silence. Camille fronce les sourcils. On sent qu’une pièce vient de bouger dans le puzzle.

Superviseur : « Quel serait le risque pour toi, à cesser de porter le coaching sur tes épaules ? »

Camille : « J’aurais l’impression de ne pas faire mon travail. Ou pire, de l’abandonner. Et puis, il pourrait dire que le coaching ne sert à rien. »

Superviseur : « Donc… tu as internalisé l’idée que ‘un bon coach = un coach qui porte’. Tu reconnais cette croyance ? Elle t’appartient ? »

Camille : « Oui… Je crois que je rejoue des trucs de mon passé. Dans ma famille, il fallait que je prenne en charge les autres. Je croyais avoir dépassé ça… »

Superviseur : « Tu vois le lien systémique ? Ton client attend qu’on fasse pour lui, et toi, tu accours pour combler ce vide. Tu valides son évitement par ta surimplication. Résultat : il ne développe pas son autonomie, et toi, tu t’épuises. »

Camille (soupire) : « C’est exactement ça. »

Travail réflexif et pistes concrètes

Le superviseur invite Camille à explorer les bénéfices secondaires pour elle de rester dans cette posture de « sauveuse » : contrôle de la situation, valorisation personnelle, éviter l’inconfort du vide…

Puis il propose un exercice simple :

« À la prochaine séance, dis-lui en ouverture : « J’ai décidé de moins faire à votre place. Je vais vous laisser un espace pour initier, formuler, prendre en main. Comment souhaitez-vous commencer ? » Et observe. »

Camille note cela, un peu nerveuse mais curieuse.

Superviseur : « Tu peux aussi utiliser des outils comme la grille de responsabilité (Lenhardt) ou le triangle dramatique de Karpman, pour mettre en lumière les rôles en jeu. Et surtout, fais confiance au processus. »

Conclusion

Cette séance permet à Camille de prendre conscience de la co-dépendance implicite qui s’est installée. En supervision, elle fait un pas de côté pour reprendre une posture de neutralité active : ni sauveuse, ni contrôlante, mais facilitatrice de l’autonomisation.

Questionnement de coach pour responsabiliser

Voici un modèle de questionnement que le coach peut utiliser dès les premières séances pour détecter des dynamiques systémiques de déresponsabilisation – c’est-à-dire lorsque le client tend à « attendre du coach » plutôt qu’à s’engager activement.

Ce modèle est structuré en 5 phases, avec des exemples de formulations concrètes et leur fonction systémique.

1. Exploration du rapport au changement
Objectif : Détecter si le client se sent auteur ou spectateur de sa propre évolution.

Exemples de questions :

Ce que cela révèle :
Si le client parle surtout des autres ou minimise sa responsabilité, cela peut indiquer une posture de spectateur ou de victime.

2. Clarification de la posture attendue du coach
Objectif : Identifier les attentes implicites ou projections sur le coach.

Exemples de questions :

Ce que cela révèle :
Des attentes fortes en matière de solutions ou de pilotage peuvent signaler une posture de dépendance.

3. Évaluation du niveau d’autonomie actuelle
Objectif : Explorer les ressources et initiatives passées du client.

Exemples de questions :

Ce que cela révèle :
Un client qui peine à identifier ses leviers ou ses expériences réussies peut manifester une tendance à l’attente ou à la passivité.

4. Positionnement sur l’engagement personnel
Objectif : Poser les bases d’un contrat de coresponsabilité.

Exemples de questions :

Ce que cela révèle :
Permet de mettre en lumière l’engagement réel du client et sa capacité à se saisir du processus.

5. Travail sur les échos systémiques (pour le coach)
Objectif : Observer ce que le coach ressent comme symptôme du système du client.

Questions d’auto-observation pour le coach :

Ce que cela révèle :
Le coach devient un miroir actif du système du client, ce qui peut l’amener à réajuster sa posture pour éviter toute collusion.

Formulation de contrat explicite possible
Je suis là pour vous accompagner dans vos réflexions et décisions, mais l’engagement, les actions et les choix vous appartiennent. Est-ce un fonctionnement qui vous convient ?

Exemples similaires dans la littérature de coaching

La supervision : une hygiène professionnelle et une pratique de maturation intérieure

La supervision est une hygiène professionnelle, mais aussi une pratique de maturation intérieure. Elle vous aide à rester au clair, au juste, au vivant. Pas pour devenir un « meilleur coach », mais pour rester pleinement vous-même… dans l’acte de coacher.

Au-delà des bénéfices immédiats, la supervision cultive chez le coach une capacité d’auto-observation et de régulation qui enrichit progressivement sa pratique. Elle développe ce que l’on pourrait appeler « l’intelligence de la posture » : cette capacité fine à sentir ce qui se joue dans la relation et à ajuster sa présence en conséquence.

Un coach supervisé développe également une meilleure tolérance à l’incertitude et aux situations complexes. Il apprend à naviguer dans l’ambiguïté sans perdre ses repères, qualité essentielle dans un métier où les enjeux humains sont toujours multiples et nuancés.

Si vous êtes coach et que vous ressentez le besoin d’un espace pour déposer, clarifier ou approfondir, la supervision systémique est peut-être votre prochain pas.

Appelez-moi directement au 06.71.84.97.06

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Paul Devaux

Coach professionnel

Depuis 25 ans, Paul pratique le Coaching professionnel en entreprise, dans une approche systémique. Accrédité à la Société Française de Coaching en 2008, il est également formateur et superviseur de Coachs depuis 2010. Egalement fondateur d'une école de coaching (voir NRGY-trainig.fr).

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